’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (FLSL) a servi de cadre samedi 24 mars 2018 à la journée d’hommage national à l’écrivain Yambo Ouologuem, lauréat du prestigieux prix littéraire Renaudot, décédé il ya bientôt une année. La cérémonie s’est déroulée à la présence de la famille du défunt, ses amis et anciens collaborateurs.
Comme on a coutume de le dire :” mieux vaut tard que jamais “, les Ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de l’Education Nationale et de la Culture en collaboration avec l’association Ginna Dogon ont enfin décidé de réhabiliter le géant de la première génération de romanciers et poètes africains modernes qui ont mis l’Afrique sur la carte du monde littéraire contemporain.
Pour la circonstance, plusieurs personnalités ont effectué le déplacement. Le Maire de la commune de Kalabancoro a, dans son intervention, évoqué la vie et les œuvres de Yambo Ouologuem. Pour lui, Yambo est et restera un grand homme dans l’histoire de la littérature en général et de la littérature africaine en particulier. Cinquante ans après la publication de son célèbre roman, « le devoir de violence» reste toujours d’actualité et continue d’enflammer les débats.
Plusieurs témoignages sur la vie, le parcours, la vision et les aspirations de l’écrivain ont donné un éclat particulier à la cérémonie. Pour les intervenants, cette cérémonie tombe à point nommé quand bien même elle arrive un peu trop tard. La réédition des œuvres de Yambo Ouologuem était un de sujet primordial pour les invités. Au fond, c’est la seule et unique manière de lui rendre justice et hommage.
Pour Hamidou Ongoïba, vice-président de Ginna dogon, aucun site public, ni au Mali, ni en Afrique encore moins en Europe ne porte le nom de cet écrivain du siècle. Ce qui montre encore une fois à quel point, les talents sont étouffés voire noyés au Mali.
« Il y a une vieille vérité qui dit que les idées ont la vie dure. C’est pourquoi, les idées de Yambo Ouologuem resteront et continueront d’éclairer. Ses talents littéraires qui continuent de fasciner, ne seront jamais démentis », a-t-il plaidé.
L’ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali, Pr Aly Nouhoum Diallo, a laissé entendre que Yambo est l’une des plus belles plumes francophones avant de lancer : « l’enfant de Bandiagra s’est trop tôt lancé dans l’écriture avec trop d’audace et sûrement trop sûr de lui. »
Prenant la parole, la ministre en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Mme Assetou Founè Samaké Migan dira que Yambo Ouologuem était trop en avance sur son temps pour avoir été le premier romancier africain à recevoir le prestigieux prix Renaudot en 1968 pour son premier roman « le devoir de violence ». Et cela, « à une époque où les Noirs étaient plus accompagnés vers les bouches d’égout que les marches de podium ».
A en croire la ministre, l’élite a dénoncé le rôle que les Noirs eux-mêmes ont joué dans l’esclavage. Il s’agit d’une sorte de tour d’horizon de l’histoire de l’Afrique, la traversée par la violence, le cannibalisme, le viol, l’esclavage, une société où règne la loi du talion.
Par ailleurs, elle a lancé un appel au monde intellectuel de tout faire pour donner à Yambo Ouologuem toute la place et l’honneur qu’il mérite afin qu’il serve de repère pour les générations futures. Une génération qui en a vraiment besoin.
Les grands ne meurent jamais, l’enfant de Bandiagara vivra dans les plumes de tous ceux qui admirent l’une des plus belles choses au monde : la littérature.
Dors en paix fierté Africaine!
Madeleine Douyon
Source : SOLONI