Même après les évènements de mars 2012 qui ont conduit à la suspension de la coopération avec les PTF, celle avec le Fonds n’a pas été véritablement interrompue
Au second jour de son séjour dans notre pays, la directrice générale du FMI a eu hier une séance de travail avec le Comité technique ministériel dans la salle de réunion de la Primature. La réunion était présidée par le Premier ministre, Oumar Tatam Ly qui a remercié le fonds pour son appui constant à notre pays. Le chef du gouvernement a relevé que l’arrivée de Christine Lagarde survenait à un moment où notre pays parachève le processus de retour à un ordre constitutionnel normal après les évènements de 2012. «Depuis, le chemin parcouru pour le redressement est impressionnant. Cela est imputable essentiellement à l’accompagnement de la Communauté internationale au sein de laquelle le Fonds monétaire international joue un rôle de premier plan », a souligné Oumar Tatam Ly. Il a attiré l’attention sur le fait que même après les évènements de mars 2012 qui ont conduit à la rupture avec les PTF, la coopération avec le FMI n’a pas été véritablement interrompue. Puisque trois mois seulement après, les deux parties se sont rapprochées en vue d’une évaluation de la situation macroéconomique du pays. Et les contacts continus ont débouché en novembre 2012 sur la conclusion d’un accord au titre de la Facilité rapide de crédit.
L’engagement du FMI aux côtés d’un pays ayant un effet catalyseur, cette collaboration a favorisé le retour progressif des autres partenaires multilatéraux et bilatéraux au Mali, a constaté le Premier ministre. A la faveur de ces soutiens et des efforts au plan interne, notre pays a renoué avec la croissance économique en 2013, avec un taux estimé à 5,1%, après une récession en 2012, a-t-il noté.
Observant les perspectives de 2014, Oumar Tatam Ly a indiqué qu’elles paraissent meilleures, avec un taux de croissance projeté à 6,6%. Le chef du gouvernement a réaffirmé l’engagement du Mali à assurer une utilisation efficace et transparente des ressources annoncées à la Conférence des bailleurs de fonds qui s’est tenue à Bruxelles en mai 2013. Cette utilisation se fera conformément aux orientations stratégiques qui découlent du projet de société du président de la République autour des priorités suivantes : la restauration de l’intégrité du territoire et la sécurisation des personnes et des biens ; la réconciliation des Maliens et la consolidation de la cohésion sociale ; la refondation des institutions publiques et l’approfondissement de la démocratie ainsi que la promotion des femmes et des jeunes et la construction d’une économie émergente.
Pour traduire ces priorités en actions concrètes, le gouvernement a élaboré un programme 2013-2018 reposant sur six axes majeurs : la mise en place d’institutions fortes et crédibles, la restauration de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national, la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale, la reconstruction de l’école malienne, la construction d’une économie émergente et la mise en œuvre d’une politique active de développement social.
Oumar Tatam Ly a réitéré les remerciements du Mali au FMI pour le rôle prépondérant joué dans le succès enregistré à Bruxelles avant de solliciter l’implication personnelle de la directrice générale pour appuyer notre pays dans la mobilisation des aides promises dans la capitale belge. Le gouvernement s’est réjoui, entre autres, de l’accord récent conclu avec le Fonds dans le cadre d’un nouveau programme appuyé par la Facilité élargie de crédit et s’engage à mettre en œuvre les mesures convenues au titre de ce programme.
L’épineuse question du financement a également été évoquée. Le PM a souligné à ce propos que le premier effort en termes de financement du développement nous incombait à travers une politique hardie d’amélioration de la qualité de la dépense. Mais, a-t-il ajouté, aucun effort de mobilisation des ressources domestique ne suffira à lui seul pour faire face aux multiples besoins de financement et de lutte contre la pauvreté. D’où la nécessité, de son point de vue, d’aller au delà des seuls financements concessionnels et de parvenir à des solutions viables permettant d’accroître le volant d’emprunt pour les investissements en capital surtout lorsqu’il s’agit de projets structurants dans des secteurs vitaux comme l’énergie et la sécurité alimentaire sans oublier les infrastructures.
Autre point important : Oumar Tatam Ly a réaffirmé la volonté du gouvernement de faire de l’appui budgétaire, un instrument privilégié de sa coopération financière conformément à la Déclaration de Paris de 2005 et du Programme d’action d’Accra de septembre 2008 sur l’efficacité de l’aide.
Mme Christine Lagarde a, elle, promis de faire de son institution l’avocat du Mali afin de booster les programmes pour une sortie de crise plus heureuse. La directrice générale du FMI a toutefois exhorté le gouvernement à poursuivre la mise en œuvre des mesures de redressement, de lutte contre la corruption tout en veillant à la réduction continue des subventions de l’Etat à certains secteurs.
F. MAÏGA
Source: L’Essor