La patronne du FMI se dit confiante dans les perspectives du Mali qui a le potentiel pour édifier une économie solide et résiliente où les dividendes de la croissance seront plus largement partagés
L’un des temps forts de la visite de la directrice du FMI dans notre pays a été l’étape du Conseil économique, social et culturel, une institution où tous les segments de la société civile malienne sont représentés. Cette rencontre historique dans la vie de cette institution, a enregistré hier la présence massive des représentants différentes institutions, associations et groupements professionnels et du monde des affaires. La société civile malienne dans son ensemble était là.
Le gouvernement était représenté par le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, celui l’Emploi et de la Formation professionnelle, Mahamane Baby, ses collègues délégués chargé du Budget, Madani Touré, de la Promotion des investissements et de l’Initiative privée, Moustapha Ben Barka. Des représentants des corps diplomatiques et consulaires et d’institutions financières ont assisté à l’événement.
Dans ses mots de bienvenue, le président du CESC, Jeamille Bittar, a rendu hommage au FMI pour son soutien constant au développement économique et social de notre pays surtout pendant cette période difficile de son histoire. Il a relevé que les défis qui se posent à notre pays au sortir de cette crise sont aussi nombreux que variés. « Il va du vivre ensemble (plus de solidarité, plus d’équité et de justice), à la promotion de la bonne gouvernance (une meilleure organisation de notre administration publique, la bonne collecte des ressources financières, la bonne gestion rationnelle et efficiente des deniers publics) jusqu’à l’amélioration du climat des affaires, en passant par le développements des infrastructures, de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, le renforcement de l’armée. C’est pour relever tous ces défis que le Mali a sollicité tous ses partenaires dont le FMI en premier lieu », a indiqué Jeamille Bittar.
La patronne du Fonds monétaire international a commencé son adresse au Conseil par un proverbe bambara qui selon elle résume bien le Mali et les Maliens : « Dònsòya la basi ye timinandya ye » qui veut dire « le talisman du chasseur, c’est sa persévérance ».
DES AVANCEES IMPRESSIONNANTES. « La persévérance est en effet ce qui caractérise le mieux l’état d’esprit du peuple malien. Aujourd’hui, le Mali fait preuve de courage et de persévérance au moment de sortir d’une période très difficile de son histoire récente. Le bon déroulement des élections présidentielles et législatives, avec un taux de participation record, témoigne de la ferme volonté du peuple malien de laisser la crise politique et sécuritaire de 2012 derrière lui et de rétablir sa tradition démocratique. L’impératif majeur, vous ne l’ignorez pas, est de mener l’économie de la crise à la reprise. J’aimerais aujourd’hui évoquer les moyens qui permettront de bâtir sur les progrès de la dernière décennie pour édifier une économie solide et résiliente où les dividendes de la croissance soient plus largement partagés », a fait valoir Mme Lagarde, se disant très confiante dans les perspectives d’avenir du pays.
Elle a rappelé à ce propos qu’en effet, les dix années qui ont précédé la crise ont été marquées par des avancées impressionnantes dans notre pays. « Le Mali peut s’enorgueillir d’un robuste taux de croissance moyen d’environ 5,5 % entre 2001 et 2011, bien supérieur à la moyenne de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (3,9 %). Le Mali est aussi parmi les pays d’Afrique subsaharienne qui ont progressé le plus sur la voie des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Pour ne citer que quelques exemples, entre 2001 et 2011 avec le taux de scolarisation primaire est passé de 4 à 7 enfants sur 10, le taux d’alphabétisation des jeunes a doublé, le taux de mortalité infantile a été réduit presque de moitié et enfin, des progrès importants ont été accomplis sur le front de la pauvreté, qui, certes, reste encore élevée. La tâche est loin d’être achevée. Mais le Mali a une forte croissance démographique et un potentiel économique et humain largement inexploité. L’enjeu consiste aujourd’hui à renforcer les fondamentaux économiques pour accélérer la croissance et la création d’emploi, et à faire reculer de manière encore plus sensible la pauvreté en veillant à ce que les bénéfices de la croissance soient partagés par tous », a poursuivi l’illustre hôte.
La mise en valeur du potentiel du Mali nécessitera de gros investissements, non seulement dans les infrastructures, mais aussi dans l’éducation et la santé de la population, la principale richesse du pays. Pour mettre à profit le potentiel de croissance, il sera essentiel de donner aux jeunes Maliens la formation et les outils dont ils ont besoin, estime Mme Lagarde.
Parlant des relations entre notre pays et l’institution qu’elle dirige, elle a indiqué que « tout au long des épreuves de ces dernières années, le FMI a toujours été un proche partenaire du Mali » et qu’elle « a été parmi les premiers à lui fournir une aide d’urgence après les événements de l’année dernière et le mois dernier nous avons approuvé un concours au titre de la Facilité élargie de crédit ». « Et nous sommes prêts à continuer à aider le Mali à atteindre ses objectifs de développement », assure-t-elle.
LIBERER LE POTENTIEL DE CROISSANCE. Mme Lagarde n’a pas manqué d’aborder la situation économique mondiale, africaine et malienne. « Je souhaiterais partager avec vous mes réflexions sur trois questions qui vont vraisemblablement influer sur le devenir économique du Mali à court terme. Il s’agit notamment de la conjoncture économique mondiale, les perspectives de l’Afrique subsaharienne et enfin les politiques qui permettront au Mali de saisir l’occasion de promouvoir une croissance vigoureuse, durable et partagée. Bien que la conjoncture extérieure offre des perspectives plutôt favorables au Mali, votre pays doit relever des défis redoutables au sortir d’une période tumultueuse », a-t-elle développé tout en préconisant que la consolidation de la paix, la réconciliation nationale et l’impératif de la stabilité politique sont des objectifs primordiaux. Car, la stabilité politique est essentielle pour que l’économie tourne bien, et réciproquement une activité économique vigoureuse et florissante favorise la stabilité politique et la paix sociale. La promotion d’une croissance partagée, qui étend ses bienfaits à l’ensemble de l’économie et de la population, est une dimension importante de ce processus. « Le Mali doit relever des défis majeurs, mais les opportunités existent. Le pays dispose d’un potentiel économique considérable inexploité, y compris de vastes richesses naturelles », a t-elle apprécié.
En concluant son discours, la directrice générale du FMI s’est à nouveau inspirée d’un proverbe bambara : «Bolokoni kélé tè bèlè ta » qui veut dire « on ne peut pas prendre un caillou avec un seul doigt de la main». « Les parties prenantes au développement du Mali sont multiples, ainsi que l’illustre la composition de votre Conseil, qui rassemble toutes les forces vives de la nation.
Comme les doigts d’une seule main, elles travaillent toutes à un objectif commun, à savoir libérer le potentiel de croissance du Mali. Les partenaires au développement, dont le FMI, sont, eux-aussi, prêts à aider le Mali à libérer son potentiel de croissance. Ensemble, ramassons les cailloux qui jonchent le chemin du développement du Mali ».
D. DJIRE
Source: L’Essor