Alors que les Maliens ont le regard résolument tourné vers l’avenir, j’apprends qu’à l’initiative d’un de mes anciens collègues contestés, un groupe des élus de la défunte législature organise une manuvre bancale pour essayer de rétablir l’ancienne Assemblée Nationale. Cest un coup d’épée dans l’eau !
Je comprends ceux des ex-députés, et cest limmense majorité, qui estime avoir été bien élus. Ils trouvent injuste d’avoir été privés de leur siège régulièrement obtenu dans les urnes. Mais au regard des événements, cette posture est intenable. Les Maliens se diront simplement que tous ces députés sortants ne pensent qu’à leurs postes et à leurs privilèges.
A un moment où nos compatriotes marquent clairement leur désir de conjuguer au passé l’épisode des élections législatives, il nest ni utile ni productif de chercher encore à proposer ce genre de petits arrangements. Daucuns voudraient faire croire que nous sommes tous solidaires de la démarche. Ce n’est pas le cas!
Pour ma part, jestime quaprès la crise politique et les évènements du 18 Août, nous ne devons penser quà l’avenir du Mali et non au nôtre. Nous devons être au chevet des populations et soutenir la dynamique de stabilisation en cours conduite par le CNSP.
Cest pourquoi, à loccasion des Concertations nationales des 5 et 6 septembre prochains, chacun doit proposer des solutions dynamiques qui nous permettront daller de lavant, afin de revenir, dans des délais raisonnables, à lOrdre constitutionnel.
Au niveau de lADP-Maliba, nous proposerons un schéma de transition simple :
– Une Transition qui ne devra pas excéder 18 mois
– Un Président de Transition choisi par les membres du CNSP
– Un Premier Ministre consensuel et sans coloration politique
– Un organe législatif comprenant lensemble des Forces vives
– Une feuille de route sinspirant du Dialogue National Inclusif
Le nouvel organe législatif doit être une Assemblée Constituante à part entière et pourrait prendre en charge une partie des attentes de ceux qui pensent perdre injustement leur siège. En effet, chacun sait que, même sil est évident que ses membres seront désignés et non élus, pour effectuer le travail de fond quon en attend, la Constituante devra reposer sur une forte légitimité.
A ce titre, les organisations qui proposeront des noms devront non seulement tenir compte de la légitimité nouvelle du M5-RFP, qui a poussé le vent de contestation contre le régime du président sortant, mais aussi de celle de certains des ex-députés régulièrement élus dans leurs circonscriptions, et qui disposent dune véritable base électorale et sociale.
Le mouvement de contestation contre lancien régime a été un cri du cur du peuple malien pour la Justice. Dans ce contexte, il faut également réparer linjustice qui a été faite aux 31 députés spoliés de leurs sièges par la défunte Cour constitutionnelle et les intégrer à cette Constituante.
Voilà pour moi une solution bien plus équilibrée que celle consistant à vouloir coûter que coûte rétablir lancienne législature, avec la trentaine de députés les plus contestés de l’histoire politique nationale.
Aliou Boubacar Diallo