Après l’esclavage, la colonisation, le néo-colonialisme, voici la nouvelle stratégie des puissances occidentales pour perpétuer leur domination des pays moins développés : la stratégie du chaos.
Cette stratégie, malgré qu’elle n’ait donné jusqu’ici que des résultats mitigés, reste toujours d’actualité et se développe sous forme de manipulations et autres basses manœuvres pour plonger un pays cible dans l’enlisement et le pourrissement de sa situation interne.
Cette stratégie consiste, dans un premier temps, à susciter, créer, entretenir et soutenir le désordre, l’anarchie, les troubles, la confusion à un niveau si élevé que les institutions et la forme républicaine de l’Etat soient paralysées.
Dans un second temps, il s’agira pour ces mêmes puissances à l’origine du chaos, de s’inviter dans la crise en jouant l’admirable rôle de pacificateur afin de tirer d’énormes avantages de la situation de crise.
Tout permet de penser aujourd’hui que le Mali est au centre d’une telle machination destructrice qui, graduellement a affecté négativement le nord puis le centre du pays.
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POURQUOI LA STRATEGIE DU CHAOS NE FONCTIONNERA PAS AU MALI
La raison n’est point liée aux notions creuses et abstraites telles : le Mali est un pays béni, un grand pays avec une histoire de bravoure et de puissance ou un pays sous la protection divine.
Nous retiendrons, pour notre part, les raisons suivantes dont la conjonction contribuera à faire échouer ceux qui ont ourdi, organisé et orchestré la stratégie du chaos au Mali.
- En premier lieu, parce que nous Maliens n’avons rien fait à qui que ce soit pour mériter que l’on plonge délibérément et sciemment notre pays dans le chaos. Notre pays, lentement, difficilement mais avec constance était engagé sur le chemin du développement et du progrès après avoir arraché la Démocratie de haute lutte. Notre pays n’était peut-être pas le meilleur modèle en Afrique, mais il avançait, à son rythme, avec ses certitudes et ses faiblesses dans le concert des autres nations. Le Mali ne méritait pas que d’autres manœuvrent de façon perfide et déloyale pour le plonger dans la désunion, la chienlit et la confusion pour leurs intérêts dits stratégiques.
- Toute idéologie, toute conception du monde qui conduit une nation donnée à se fonder sur sa puissance militaire et/ou économique pour s’attribuer le droit d’envahir, de déstabiliser une autre nation pour s’accaparer de ses ressources est arbitraire, illégitime, inique. La logique de prédation quelle que soit la justification qu’on avancerait, (devoir de civiliser, volonté d’apporter la modernité, etc.), reste une violation des droits naturels des autres peuples. Aucun argumentaire ou développement philosophique n’y changera jamais rien. Du reste, une simple rétrospective de certains évènements des dernières décennies, permet de constater que toutes les guerres, tous les troubles et les crises majeures trouvent leur origine dans cette volonté de certaines nations de profiter des ressources d’autres nations moins puissantes. Les deux guerres mondiales et les multiples conflits armés récents ou actuels en sont les preuves empiriques
- La stratégie pour le Mali a été bâtie fondamentalement sur trois gros mensonges :
Premier mensonge : Dans le nord du Mali vit une minorité Touareg, opprimée et abandonnée par la majorité noire du Sud du Mali et qui, devant l’impossibilité de vivre avec les populations du sud, se battent en conséquence pour leur indépendance ou à tout le moins, leur autonomie.
Second mensonge : Historiquement, le nord du Mali appartient aux Touaregs qui ont régné sur le nord dans une superficie qui couvre les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, zone autrefois connue comme étant l’AZAWAD.
Troisième mensonge : Dans le nord du Mali, les populations sont majoritairement Touaregs et toutes sont pro- indépendantistes et engagées à l’unisson dans ce combat.
On a alors organisé une grande propagande autour de ces mensonges pour les inculquer dans l’opinion internationale à travers des campagnes de désinformation médiatiques multiformes, persistantes et surtout pernicieuses.
Ces trois mensonges ont été vendus à satiété à coups de discours politiques et de campagnes médiatiques frénétiques, distillées de façon continue pour légitimer la prise des armes par un groupe ethnique contre un état démocratique : dès lors, on ne dira plus la rébellion Touareg, (Oops ! le vilain mot !), mais plutôt « la Question » Touareg au Mali.
Ainsi vendu, le second concept choque et dérange moins que lorsque l’on parlerait d’une rébellion. Tout est dans le Label.
Alors on cherche, (et trouve) des arguments, des faits supposés historiques des comparaisons inopportunes pour faire de la rébellion UNE CAUSE NOBLE. Tiens, pourquoi ne serait-ce pas une question des droits de l’Homme ? Celui d’une minorité en danger de disparition ?
- La stratégie actuelle n’a pas pris en compte un facteur important : la mentalité et l’état d’esprit des Maliens. L’erreur a été de confondre l’ignorance et le manque d’intelligence chez les Maliens : ils sont intelligents tandis que les populations sont majoritairement ignorantes. Et elles sont ignorantes simplement parce qu’elles ne sont pas généralement bien informés sur les questions qui les concernent. Dans la crise du nord qui paralyse actuellement le pays, il se trouve que, de nos jours, de l’intellectuel au dernier paysan aux confins de la brousse, tous ont compris les dessous, les tenants et les aboutissants. Cette prise de conscience renforce leur détermination à résister par tous les moyens. Et c’est ce qui explique la création du grand mouvement Ir Ganda, (notre terre), par toutes les autres communautés vivant dans le nord du Mali. Les Maliens ont été, sont et resteront des populations indomptables et difficilement manipulables. Le Malien est réfractaire à la domination d’où qu’elle vienne.
- La stratégie actuelle de ceux qui ont des agendas cachés pour le Mali consiste, dans un premier temps, à obtenir par les Accords dits d’Alger des dispositions qui entrainent ipso facto une autonomie pour les indépendantistes, (dont la seule concession aura été l’abandon du mot AUTONOMIE), mais qui sont en contradiction avec la Constitution Malienne du 25 Février 1992. Dans un second temps, pour donner force de droit à ces dispositions et faciliter l’exploitation des ressources minières en négociant directement avec les ex-rebelles plus accommodants qu’un gouvernement légal, il fallait amener les Maliens, (à la faveur des pressions, chantages et menaces à peine voilées contre les tenants du pouvoir Malien), à changer leur Constitution pour prendre en compte et légitimer ces nouvelles dispositions qui octroient une autonomie déguisée aux indépendantistes.
Problème : les Maliens, au nom desquels le gouvernement a signé l’accord, ont finalement tous compris et s’opposent à cette manœuvre qu’ils considèrent comme une première étape certaine vers la partition de leur pays.
- La réalité du terrain dans le cas Malien finira forcément par prévaloir car dans le fond, il n’y aucune HAINE, aucune animosité viscérale entre les Touaregs Maliens et les autres communautés vivant dans le nord du pays. Et les griefs des quelques rares Touaregs indépendantistes, utilisés comme thèmes de propagande par le MLNA et alliés sont beaucoup plus exprimés contre les autorités Maliennes que contre les autres groupes ethniques du nord du Mali. Partir de ces griefs pour conclure à une impossibilité de vivre ensemble est un raccourci pris par certains pour soutenir leurs agendas cachés.
- La communauté internationale sera toujours rattrapée par ses propres incohérences et contradictions dans sa gestion des conflits et crises : comment comprendre que cette communauté internationale prenne acte et accepte de mettre sur le même pied d’égalité l’Etat Malien et une rébellion armée indépendantiste d’un côté, puis, de l’autre, s’oppose fermement ensuite à l’indépendance des Catalans pour soutenir vivement le gouvernement central Espagnol ?
Pourtant, la lutte des Catalans est historiquement plus ancienne que celle des indépendantistes Touaregs.
- Nulle part dans le monde, aucune stratégie, même la plus intelligente, n’a jamais réussi à imposer la soumission d’une majorité d’individus à la volonté et l’autorité d’une minorité dans le long terme, quel que soit la puissance militaire mise à profit. Le cas de l’Afrique du Sud en est un exemple concret parmi tant d’autres.
- Les forces du mal portent en elles-mêmes les germes qui conduiront inévitablement à leur propre destruction. Le mensonge n’est jamais parvenu à supplanter la vérité dans le long terme quel que soit les artifices utilisés pour le soutenir. L’ennemi du mensonge étant le temps et le temps échappant au contrôle des humains, le temps jouera toujours contre le mensonge, ceci est une loi de la nature.
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PROPOSITION DE SOLUTIONS
L’erreur que commet généralement le plus grand nombre face à un problème à résoudre, c’est de s’attaquer directement au « COMMENT », alors qu’il est indispensable, voire essentiel de s’intéresser avant tout sur le « POURQUOI ».
La bonne compréhension du POURQUOI permet plus facilement d’identifier la solution, c’est-à-dire le « COMMENT ».
Par ailleurs, la crise du nord du Mali est définitivement un problème complexe. Comme tel, il ne peut donc être résolu que par la conjonction de plusieurs actions toutes ayant un impact certain sur le problème à résoudre.
Partant de ces deux méthodologies, les actions et initiatives suivantes contribueront à la résolution de cette crise :
- Identifier et nommer avec courage la contradiction principale, ceux qui ont ourdi et soutenu la crise, sans la confondre avec la contradiction secondaire, (les Touaregs, qui demeurent nos frères et concitoyens quoi qu’on en dise).
- Faire preuve de réalisme et de bon sens en encouragent et supportant l’entente et la fraternité avec les Touaregs que l’on voudrait présenter comme nos irréductibles ennemis.
- Avoir le courage et la responsabilité de nous exprimer et prendre position, (sans calcul politicien), pour l’intérêt général supérieur de notre peuple dans la perspective d’avenir pour nous et les générations futures.
- Comprendre que l’union des forces des états du Sahel est une nécessité impérieuse compte tenu du caractère transversal de l’insécurité dans la sous -région.
D-CONCLUSIONS
La dégradation de la situation interne du Mali et la gestion qui en est faite par la communauté internationale tendent à conduire le pays vers le chaos et le désordre total.
La communauté internationale a développé et continue de mettre en œuvre au Mali une stratégie étrange à la limite du stupide: déployer une force de maintien de paix dans une zone où justement il n’ y a pas la paix, continuer à s’accrocher à un accord dit de paix censé définir la répartition du pouvoir entre rebelles et état au moment où les forces négatives rendent impossible toute administration de territoire. Quelle logique sous-tend le fait de désigner des autorités intérimaires dans des zones où les détenteurs de cette autorité ne peuvent exercer aucune… …autorité ? Ou alors, devons- nous croire que ces autorités intérimaires n’auront rien à craindre des forces négatives ? Si oui, pourquoi ? Pourquoi la priorité de tous, (état Malien, MINUSMA, CMA, Plateforme, Barkhane), ne serait pas prioritairement et exclusivement l’éradication de s’insécurité avant tout partage du pouvoir ?
En tout état de cause, la situation interne est critique actuellement au Mali. Cette situation a été planifiée et mise en œuvre par d’autres qui visent leurs intérêts dits stratégiques.
Mais le plus difficile est fait : le peuple a tout compris. Et c’est pourquoi le Mali ne sombrera pas.
Cabinet Eureka-Mali, un « Think- tank » qui produit des études , des analyses , des stratégies de prévention et gestion de crise et la gestion des problèmes complexes.
La rédaction