C’est depuis Lomé que le Mali a demandé, mardi 6 septembre, la levée des sanctions imposées par les organisations africaines après deux coups d’État militaires en deux ans. Le ministre malien des Affaires étrangères a tenu à souligner les progrès accomplis par son gouvernement sur la voie d’un retour des civils au pouvoir. « L’une des priorités majeures du gouvernement de transition reste l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles en vue du retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé dans le délai de 24 mois [à compter de mars 2022] », a déclaré Abdoulaye Diop devant un groupe ad-hoc créé par l’Union africaine en 2020, après le premier putsch des colonels maliens.
La date d’un retour des civils au pouvoir dans un Mali en proie à une grave crise sécuritaire et politique a donné lieu, depuis le premier coup d’État d’août 2020, à deux années de confrontation entre le Mali, ses voisins ouest-africains et une partie de la communauté internationale.
L’Union africaine (UA) et la Cedeao l’ont suspendu une première fois après le putsch d’août 2020 au terme duquel Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé, puis à nouveau après un second coup de force renforçant la mainmise des colonels en mai 2021. Les tensions se sont atténuées quand les militaires se sont engagés, sous la pression, à organiser des élections en février 2024. La Cedeao a alors levé les sévères sanctions financières et commerciales infligées en janvier 2022.
« Normalisation progressive »
Mais la suspension du Mali des organisations africaines est restée en vigueur, de même que des sanctions individuelles prises par la Cedeao fin 2021 contre quelque 150 membres de la junte. Pourtant, « les avancées indéniables » réalisées par le gouvernement malien plaident pour une levée de la suspension de l’UA, a estimé Abdoulaye Diop.
Concernant la Cedeao, le chef de la diplomatie malienne a salué une « normalisation progressive » tout en qualifiant les sanctions encore en vigueur d’ « entraves ». « Le gouvernement du Mali demande la levée de ces mesures afin de favoriser une pleine coopération avec tous les partenaires », a-t-il dit devant le groupe de suivi et de soutien à la transition au Mali.
Depuis 2021, les autorités maliennes se sont détournées de la France et de ses alliés, et tournées vers la Russie. Les relations se sont aussi compliquées avec la mission de l’ONU au Mali (Minusma) et, plus récemment, le voisin ivoirien après l’interpellation mi-juillet à Bamako de 49 soldats ivoiriens.
Ces derniers devaient, selon Abidjan et la Minusma, participer à la sécurité du contingent allemand de la Minusma, suivant des dispositions onusiennes permettant aux Casques bleus de faire appel à des prestataires extérieurs pour des appuis logistiques. Mais Bamako a présenté les Ivoiriens comme des mercenaires (trois d’entre eux – des femmes – ont fini par être libérés ce week-end). La junte est-elle même accusée de s’être assuré les services de mercenaires russes.
À Lomé, Abdoulaye Diop a martelé une fois de plus le discours d’une souveraineté recouvrée et assuré que le Mali n’était pas isolé. Le Mali est ouvert « à tous les partenariats », mais il « n’acceptera pas qu’on puisse nous imposer des agendas, qu’on puisse nous imposer notre propre agenda, nos priorités [et des] diktats », a-t-il dit.
Source : Jeune Afrique Avec AFP