Des soldats Français et Malien, en février 2013 à Bourem. © AFP
L’entraînement a commencé au camp militaire de Koulikoro où se déroule la première session de formation dispensée par la mission européenne de reconstruction de l’armée malienne (EUTM Mali). Fin juin, les hommes de la nouvelle armée malienne prendront la route pour le nord du pays. Reportage.
Il est un peu plus de 9 heures et les militaires maliens transpirent déjà sous le soleil ardent de Koulikoro. Il y a une semaine, un premier bataillon de 700 soldats maliens a quitté Bamako pour rejoindre ce camp militaire situé à une soixantaine de kilomètres au nord-est de la capitale où ces hommes seront formés pendant deux mois et demi par la centaine d’instructeurs français, anglais, suédois, finlandais, lituaniens, luxembourgeois et irlandais de la mission européenne de reconstruction de l’armée malienne, baptisée EUTM Mali. À terme, cette mission de « reconstruction » de l’armée du Mali comprendra 550 militaires européens, de 22 nationalités différentes. Le but de l’EUTM est d’entraîner près de 3 000 soldats qui se succéderont en quatre vagues sur quinze mois à Koulikoro. Le coût de l’opération est estimé à 12,3 millions d’euros.
Si le centre est encore en chantier – les deux hangars où seront donnés les cours magistraux et le bâtiment où seront logés les instructeurs sont en construction –, les choses sérieuses ont commencé. Au programme : un entraînement intensif au maniement des armes, aux tirs et au respect des ordres. Avant une spécialisation en télécommunication, génie et artillerie. « Cette formation complète celle que j’ai déjà reçu. Les exercices sont parfois difficiles, mais pas insurmontables. Cela nous aidera une fois de retour sur le terrain », affirme le sergent-chef Soumaila Fomba.
Réorganiser l’armée
L’objectif est de professionnaliser l’armée, mais surtout de la restructurer et de la réorganiser. Le commandant Clero, chargé de la formation de l’état-major, explique : « Ce sont des soldats, pas des nouvelles recrues. Nous voulons créer une cohésion au sein du groupe, instaurer une relation de confiance entre le chef et ses subordonnés, nécessaire quand le bataillon sera opérationnel et déployé dans le Nord fin juin. » Pour preuve, les 700 soldats retenus pour participer à cette première session de l’EUTM Mali sont issus des différents corps de l’armée. Bérets verts, rouges, marron s’entraînent ensemble. Sans distinction. « L’objectif, c’est que les hommes soient unis et soudés pour, qu’à la fin de la formation, ils restent ensemble sans retourner dans leur corps d’origine et pour qu’ils partent ensemble dans le nord du pays », insiste le lieutenant-colonel Laurent Vieillefosse, le responsable de la formation du bataillon.
Pour les personnes chargées de l’encadrement, la formation est à la fois technique, pratique et théorique. La théorie est enseignée dans des salles climatisées, les cours projetés sur écran. Les adjudants chefs, les lieutenants et les capitaines y apprennent notamment à élaborer une mission et comment la mener à bien. Tous les samedis, des cours de droit international humanitaire leur sont dispensés, notamment par le Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha) des Nations unies, précise le lieutenant-colonel Laurent Vieillefosse. Avant de reconnaître que l’apprentissage ne sera complet qu’après un passage sur le terrain. Celui-ci se déroulera en présence de leurs instructeurs européens qui les assisteront dans la mise en application de ce qu’ils ont appris.
Mais, au-delà de la formation, l’armée malienne, traumatisée par le coup d’État de mars 2012, les dissensions et la lourde défaite face aux groupes jihadistes, et qui se remet tout doucement sur pied, a un autre besoin de taille : l’équipement.
12/04/2013 à 09h:17 Par Baba Ahmed, à Koulikoro
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