« Je suis venu à Dakar le 28 novembre 68, après le coup d’Etat du 19 novembre au Mali (contre le régime de Modibo Keita). On n’était que six Maliens parce qu’avec les évènements de mai 68, le gouvernement malien a réorienté tout le monde ailleurs. Et à l’époque, les gens allaient plus sur l’Union soviétique qu’ailleurs. On est venu après mai 68. Ce qui fait que l’Université, au lieu d’ouvrir normalement en octobre-septembre, n’a été ouverte que fin novembre (…)
Alors malheureusement très vite, on s’est retrouvé encore dans un mouvement de grève. Je crois que l’université a été fermée, si ma mémoire est bonne, dès mars 69. On nous a déménagés du lycée Delafosse où, on est expulsés, disons rapatrié chez nous. Au Mali à l’époque, il y avait un régime militaire et dès qu’on débarquait, évidemment on nous arrêtait. On faisait un ou deux jours de prison avant d’être libérés.
On a vécu ça, pour ma part, pendant près de 5 ans. Chaque année quand je rentrais, je me faisais arrêter parce que j’étais membre du bureau des Maliens ici à Dakar. Et puis, les responsables de bureau étaient arrêtés régulièrement. Donc mai 68, ça constitue une sorte de politisation des étudiants. On était très encadrés par nos aînés. Nous avons tous pris fait et cause pour la révolution. Tout le monde était de gauche (…) Pour ma part, on a fait une deuxième grève en mai 71. On a été expulsés. On est arrivés à Bamako en pleine chaleur. Ils (les responsables de l’Etat) nous ont fait courir et il y a un camarade qui est mort. Il est mort sur mes jambes. Il s’appelait Cheikh Oumar Tangara. Il était cardiaque. Ils nous ont gardés donc au camp des parachutistes pendant trois, quatre jours avant de nous libérer (…) »
Le Quotidien
Source: leral