Tout semble indiquer aujourd’hui qu’en Commune VI, le fonds destiné à l’appui direct à l’amélioration des rendements scolaires (ADARS) fait l’objet d’une gestion opaque de la part des autorités communales et cela, malgré l’arrêté interministériel N°2011-3846/-MEALN-MATCL—MEF-SG du 27 septembre 2011, qui fixe clairement les modalités de gestion dudit fonds.
La gestion des fonds devant servir d’appui direct à l’amélioration des rendements scolaires (ADARS) en Commune VI du district connaît une opacité pendant que dans les autres communes, tout se passe bien.
Pour ainsi dire, ni les écoles concernées, ni le comité de gestion scolaire de la Commune ne connaissent aujourd’hui la destination de cet argent. Pourtant, les textes sont clairs quant à la gestion de ces fonds. En effet, un arrêté interministériel N°2011-3846/-MEALN-MATCL-MEF-SG du 27 septembre 2011, fixant les modalités de gestion dudit fonds, stipule dans son article 2 que «l’appui direct à l’amélioration des rendements scolaires (ADARS) est destiné aux écoles fondamentales publiques et communautaires pour l’achat de petits matériels didactiques de base».
Cet arrêté interministériel, signé le 27 septembre 2011 par trois ministres, à savoir le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Pr. Salikou Sanogo, son homologue de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, et leur collègue de l’Economie et des Finances, Lassine Bouaré, indique clairement dans son article 6 que l’appui direct à l’amélioration des rendements scolaires est transféré aux collectivités territoriales, qui le mettent à la disposition des comités de gestion scolaire. L’article 7 du même arrêté déclare que cet appui est géré par les comités de gestion scolaire. Le même arrêté interministériel souligne dans son article 10 que la dotation est trimestrielle : elle est liée à la taille de l’école. Les écoles bénéficiaires sont réparties en trois catégories selon leur taille : effectif allant à 100 élèves, de 101 à 300 et de plus de 300. Le paiement s’effectue par tranche, indique le même document.
Le maire Dagnon et collaborateurs veulent-ils piétiner cet arrêté interministériel pour confisquer ce fonds ?
Pour le premier trimestre, la décision N°0167/G-DB-CAB portant mandatement de fonds au profit des mairies RGD/des Communes I, II, III, IV, V et VI du district de Bamako a été signée le 16 janvier 2015 par le directeur de cabinet du gouverneur, Fatoma Coulibaly, administrateur civil par ordonnance avec ampliations (original, ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, contrôleur financier, DRB district, Communes I, II, III, IV, V, VI, receveur G. District, archives). Dans cette décision, il est mentionné : «Est autorisée la mise à la disposition de la RGD/Communes du district la somme de seize millions deux cent cinquante cinq mille cinq cents (16 255 500 FCFA) destinée à la prise en charge des dépenses relatives à l’entretien courant des écoles au compte desdites Communes (1er trimestre 2015)». Malgré cette décision dûment signée, le comité de gestion scolaire de la Commune n’a encore reçu aucun kopeck.
Une autre décision N°0897/G-DB-CAB, portant mandatement de fonds au profit de la RGD/Communes I, II, III, IV, V et VI du district de Bamako, a été signée le 14 avril 2015 par le directeur de cabinet du gouverneur du district, Fatoma Coulibaly, par ordonnance avec les ampliations citées plus haut. Comme la première décision, cette deuxième dit clairement que : «Est autorisée la mise à la disposition de la RGD/Communes du district la somme de neuf millions sept cent cinquante trois mille trois cents (9 753 300 F CFA) destinée à la prise en charge des dépenses relatives à l’entretien courant des écoles au compte desdites Communes». Là encore, un centime n’a été perçu par le comité de gestion de la Commune VI, alors qu’il se trouve que les autres Communes du district ont reçu leur part, indiquent des sources proches du dossier. Qui veut alors détourner l’argent ? Ou qui veut distraire le CGS ?
Pour en savoir plus sur ce qui se passe, les membres du comité de gestion scolaire de la Commune VI ont décidé de rencontrer les autorités communales. Selon des sources proches du dossier, le maire de la Commune VI, Souleymane Dagnon, et ses collaborateurs avaient refusé de les rencontrer dans un premier temps. Mais suite à notre article du vendredi 14 août, le maire Dagnon et sa suite ont décidé de les rencontrer le même jour. Cependant, cette rencontre s’est avérée infructueuse d’autant que le maire et ses collaborateurs ont été incapables de donner des explications convaincantes sur l’utilisation faite de ce fonds notamment les deux premières tranches. Ce qui laisse apparaître des flous sur sa gestion. Et pour noyer le poisson dans l’eau, avant cette rencontre, le maire Dagnon et ses collaborateurs avaient déclaré avoir mis ce fonds à la disposition du CGS. Ce qui n’est pas fondé, selon nos informations, d’autant que le fonds, auquel font allusion le maire Dagnon et ses collaborateurs, provient du budget d’acquisition de kits scolaires pour les filles qui ont 80% de taux de fréquentation dans le cadre du PU-EPT. Il s’agit donc d’un autre fonds qui n’a rien à voir avec le fonds ADARS et dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration du taux d’accès et de maintien des filles à l’école. Et les principaux bénéficiaires de cet appui en Commune VI sont les CAP de Sogoniko et de Sénou.
Comme indiqué plus haut, après notre premier article sur le même sujet, paru le vendredi 14 août, le maire Dagnon et ses collaborateurs ont décidé de rencontrer le même vendredi les membres du comité de gestion scolaire de la Commune. À l’issue des échanges, Dagnon et ses acolytes ont décidé de retirer la gestion dudit fonds au 5e adjoint au maire pour le confier au 1er adjoint au maire, Ténémakan Koné. Pour question de «transparence», une rencontre avait été programmée le mercredi suivant entre les autorités communales et les membres du comité de gestion scolaire. Une fois encore, le 1er adjoint au maire et sa suite ont manqué ledit rendez-vous arguant que ce dernier (1er adjoint) était malade. Vrai ou faux, rien n’est moins sûr !
D’ailleurs, voulant à tout prix avoir la mainmise sur ce fonds, le maire et ses collaborateurs avaient proposé aux membres du CGS lors de la rencontre du vendredi 14 août de confier la gestion du fonds à l’Académie. Ce qui est contraire aux textes qui stipulent que le fonds ADARS est géré par les comités de gestion scolaire. Il n’y a donc pas d’amalgame possible là-dessus.
Manifestement, quelqu’un a «maraudé» ce fonds. Des enquêtes plus approfondies, qui seront ouvertes pour la circonstance, permettront de démasquer les responsables de ce qui semble être une malversation financière. Et donner tout sens à la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le cheval de bataille du président de la République.
En attendant, il faut espérer que le gouverneur diligente une enquête afin de situer les responsabilités. Et ainsi permettre au comité de gestion scolaire de la Commune de connaître l’utilisation faite de l’argent dont la gestion lui revenait de droit.
À suivre…
Zakariyaou Fomba
Source: Le Débat