Aussi longtemps que les services étatiques et les ONG chargés de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) feront assez de bruit et peu d’action en faveur des survivantes, le pari ne sera pas gagné.
Le Mali est signataire de nombreuses conventions contre la violence sexiste, à l’égard des femmes et des filles en particulier. Chaque année, des organisations de la société civile, des institutions et partenaires du gouvernement plaident pour mettre fin aux violences basées sur le genre (VBG), dans le cadre des seize jours d’activisme contre la VBG, du 25 novembre au 10 décembre.
Cependant, il est déplorable de constater qu’en dépit de cette mobilisation, cet engouement national contre les VBG, l’accès des victimes aux services est très limité. Les services ne correspondent pas toujours à leurs besoins, et peuvent souvent être à l’origine de troubles.
J’en veux pour preuve une expérience récemment vécue. J’ai travaillé sur un cas de harcèlement, de traque et de menaces de la part d’un ex-paranoïaque. Nous avons saisi un service de lutte contre les VBG, qui nous ont dirigés vers une autre structure intervenant dans la lutte. Nous avons été rassurés que l’affaire allait être traitée jusqu’au bout, et que l’auteur sera arrêté. Nous étions pleins d’espoir. Ce qui ne les avait pourtant pas empêchés de nous soutirer de l’argent au motif que cette affaire n’était pas prise en charge par le gouvernement.
Aider sans juger
Puis, des semaines plus tard, le responsable de la structure qui nous avait envoyé vers le service de prise en charge judiciaire, a cessé de prendre nos appels tandis que le harcèlement continuait.
Nous nous sommes rendus dans une autre structure publique. Là, nous avons fait une déposition et l’interlocuteur nous a écoutés si attentivement que nous avions commencé à reprendre espoir. Malheureusement, quand nous avons terminé, il s’est mis à prêcher et à juger : « Vous-le méritez ! Pourquoi sortir avec quelqu’un ? Il ne t’a même pas épousée ! Tu n’es pas une bonne musulmane. Pourquoi as-tu fait ça ? »
Imaginez le traumatisme d’une survivante et l’impact que cela peut avoir. Surtout quand ces propos viennent d’un agent de l’administration, chargé de veiller au respect et à la protection des droits des citoyens, et leur apporter du soutien lorsqu’ils sont victimes d’abus, de violences.
Comment se sentira la personne demandant de services et traumatisée par des abus ? Comment cela l’affectera-t-elle émotionnellement et psychologiquement ?
Changement
Ici, mon objectif vise à interpeller les organismes publics et les organisations non gouvernementales intervenant dans la lutte contre les VBG à prendre leurs responsabilités. Surtout à bien former les agents qui traitent les cas d’abus pour qu’ils taisent leurs jugements et leurs croyances dans la gestion des cas de VBG. Ils sont payés pour aider et non pour juger.
En outre, il est bon de faire 16 jours d’activisme, de s’habiller en orange et faire des célébrations coûteuses. Mais il est grand temps de mettre à la disposition des survivantes des services qui correspondent à leurs besoins. Sinon, nous pouvons faire du maquillage, porter des costumes, être des #HeForShe et prétendre être féministes, aucun changement n’aura lieu. Car le but, c’est d’aider les survivantes et non de faire la concurrence dans la lutte contre les VBG sur les réseaux sociaux.
Source : Benbere