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Lutte contre le terrorisme : Situation burkinabé toujours préoccupante

Le baromètre du terrorisme au Burkina Faso depuis le putsch du 30 septembre reste mi-figue mi-raisin. Réorganisation des régions militaires, recrutements massifs dans l’armée, acquisition des nouveaux équipements et action diplomatique… jamais les lignes n’avaient bougé autant depuis 2016. Néanmoins, le bout du tunnel est encore loin.

En prenant le pouvoir par un 2e coup d’Etat le 30 septembre 2022 après celui du lieutenant-colonel Paul Henry Damiba contre Rock Marc Christian Kaboré, le capitaine Ibrahim Traoré a posé des gestes forts et aussi avalé des couleuvres à cause de son incapacité à enrayer le cancer terroriste au pays de Thomas Sankara.

Par décret n°2022-0943 /Pres-Trans/PM/MDAC du 11 novembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a procédé à la réorganisation de l’armée faisant passer les régions militaires de 3 à 6. Idem pour les légions de gendarmerie. Quant à l’Armée de l’air, on est passé d’une région à 2. Enfin, on note la création de 6 bataillons de brigades d’intervention rapide (Bir).

A côté de ce dispositif de restructuration, il y a eu un renfort massif de ressources humaines. En octobre, le gouvernement avait déjà lancé le recrutement de 50 000 VDP qui a été conclu à 90 000 inscrits, même si dans les zones en proie au terrorisme les recrues n’étaient pas nombreuses. En plus, il y a eu le recrutement spécial de 1400 gendarmes, 6000 militaires et 1000 forestiers.

Sur le plan des équipements, de Rock Marc Christian Kaboré au capitaine Ibrahim Traoré en passant par le lieutenant-colonel Paul Henry Damiba, tous ont privilégié la piste turque. Plus de 252 milliards F CFA injectés dans l’équipement.

Des drones de combat ont été acquis avec la société turque Baykar Makina par l’entremise du puissant homme d’affaire burkinabè Bonkoungou. La société turque, pour sécuriser son business, a mis deux conditions sur la table : entériner la convention d’achat de façon légale par le Parlement et le Conseil constitutionnel et avoir comme interface financier IB Bank de l’homme d’affaires Mahamadou Bonkoungou, réputé proche du président Erdogan.

Toujours dans cette dynamique turco-burkinabé, le gouvernement du capitaine Ibrahim Traoré a concédé l’exploitation de 2 sociétés minéralières, une mine d’or (Inata) et une mine de manganèse (Tambao) à la société Afro-Turc.

Pour consolider cet axe, le PDG Haluk Bayraktar, constructeur turc des drones Baykar, s’est rendu à Ouagadougou fin avril. Après avoir été reçu par le président, il a été décoré de la médaille de “l’officier de l’Etalon”.

L’autre option d’équipement du Burkina Faso est la Russie, une option partie principalement du Mali. On se rappelle que le premier voyage du capitaine Traoré était au Mali. Après sa visite, son Premier ministre de Tambela s’est rendu à Moscou via Bamako pour l’acquisition des équipements notamment des hélicoptères d’attaque MI-24, MI-17 et MI-26 tous fabriqués par le constructeur MIL, des armes et des munitions. C’est sans doute les meilleurs alliés du moment du Burkina Faso dans la bataille terroriste.

Cette structuration a donné un souffle nouveau à la lutte contre le terrorisme. En effet, les drones de combat ont permis au Burkina Faso de lancer des offensives contre plusieurs bases terroristes et une meilleure surveillance de son territoire.

Sur le terrain, quelques victoires sont engrangées, notamment la reprise de la ville de Solenzo qui était tombés aux mains des terroristes, les opérations Kapigdou (Boucle du Mouhoun) et Laabingol 3 (Nord et Sahel), les ravitaillements terrestres de zones jadis inaccessibles comme Djibo et Barsalogho dans le Sahel et le Centre-nord du pays.

 

Villes et cités martyrs

Tout de même le bout du tunnel est encore loin. L’armée burkinabé a subi de cuisantes défaites au cours de ces huit derniers mois :

– Le 17 février sur l’axe Déou-Oursi : 51 militaires sont tombés sur le front à travers une embuscade revendiquée par l’EIGS, et son chef d’état-major, Moumini Moussa.

– Le 1er mai 2023 à Ougarou, à environ 290 km de Ouagadougou et à quelque 100 km de la frontière du Niger, 33 militaires ont perdu la vie lors de l’attaque de leur base.

A côté de ces multiples pertes militaires, on dénombre des pertes civiles : Partiaga, zone aurifère, 60 morts ; axe Dori-Ouagadougou, une dizaine de camions et 3 cars de transport en commun brûlés. Sur ce même tronçon des camions de transport de marchandises sénégalaises en provenance du Niger ont été brûlés. Les villes de Djibo et Titao continuent d’agoniser.

Sur le plan diplomatique, indéniablement l’allier stratégique dans la sous-région pour le Burkina Faso reste le Mali. Ils organisent des patrouilles et des opérations communes, des échanges d’informations et même une nouvelle impulsion des accords multifacette (culturelles et économiques).

Des liens putschistes ? Des liens de défis communs ? Il faut dire que le capitaine Ibrahim Traoré continue de communiquer avec les présidents Ouattara et Faure. Le président ghanéen Nana Akufo Ado était à Ouagadougou au cours du mois de mai. Plus loin, les lignes diplomatiques Ouagadougou-Téhéran et Ouagadougou-Pyongyang ont été réactivées.

Dans le mois de mai, le Premier ministre burkinabè s’est rendu au Venezuela, tandis que Paris-Ouagadougou, jadis anciens alliés stratégiques dans la guerre contre le terrorisme, est totalement au point mort depuis le départ en février de la force “Sabre” qui était basée à Kamboinsin dans la périphérie sud de Ouagadougou.

La fin de la bataille terroriste ne semble pas si proche comme prévu, il faudra impérativement une plus grande détermination, car le cancer semble s’être installé. Les fins observateurs sont catégoriques : le tout sécuritaire n’est pas la solution. Il faut poursuivre le dialogue entamé entre les communautés.

Alexis Kalambry

Source : Mali Tribune

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