Le lien entre terrorisme et la criminalité transnationale organisée, longtemps nié par certains, semble de plus en plus étroit. Depuis 2001, un document du Conseil de sécurité reconnaît l’interdépendance entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée. Un lien qui avait déjà été consacré l’année précédente à Madrid, lors de l’adoption de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée.
Les criminels et les terroristes opèrent «dans l’ombre» et «exploitent les lacunes» des systèmes juridiques et sécuritaires nationaux et régionaux. Les groupes criminels usent de plus en plus des stratégies terroristes. Ceux-ci tirent une portion croissante de leurs revenus des activités criminelles : traite des personnes, exploitation sexuelle, recrutement d’enfants, travail forcé, enlèvements des personnes contre rançon, trafic illégal de pétrole, d’or, de drogue et de biens culturels.
Biens illicites qu’ils injectent dans les circuits financiers licites pour pouvoir financier et entretenir leurs activités criminelles. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le blanchiment de capitaux est un processus par lequel la source illicite d’actifs obtenus ou produits par une activité délictuelle est dissimulée pour masquer le lien entre les fonds obtenus et le délit initial.
Délits financiers et reconnus comme tel, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ont des effets économiques. Ils peuvent mettre en mal la stabilité du secteur financier d’un pays ou son équilibre extérieure. D’où la nécessité de prendre des dispositifs et des mesures efficaces contre ces phénomènes pour protéger l’intégrité des marchés et la structure financière mondiale.
Au Mali, ce phénomène constitue une forme de criminalité moins connue du grand public, mais dont les implications à travers des réseaux internationaux jouent un rôle capital dans le financement des bandes criminelles, des mafias et des groupes terroristes, confirme le directeur général de la Police nationale, le contrôleur général Soulaïmane Traoré.
«Tarir l’approvisionnement des sources financières occultes, leur couper les vivres doit être un de nos objectifs principaux, car sans ressource financière, aucune entreprise criminelle ne peut prospérer. Il nous faut les asphyxier», insiste celui qui est également le co-président du Groupe d’évaluation et de conformité du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et de lutte contre le terrorisme.
C’est dans doute dans cette perspective que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le colonel-major Daoud Aly Mohammedine a présidé, le lundi dernier, la cérémonie d’ouverture de l’atelier de formation des enquêteurs de la Police nationale sur la «lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive».
Initiée par la Cellule nationale de traitement des informations financières en tandem avec Think-Peace, la rencontre de cinq jours devra permettre de renforcer les capacités opérationnelles des enquêteurs de la Police nationale dans la lutte contre le terrorisme transfrontalier et la prolifération des armes de guerre.
Il s’agira de les outiller afin de freiner les effets dévastateurs de ces fléaux pour notre pays. «La nécessité pour les États à l’échelle mondiale, de mettre en place des structures chargées de la prévention et de la répression du recyclage des produits du crime résultant de la prolifération de l’argent sale, dont les conséquences sont, entre autres, la dérégulation des économies et des institutions, de même que le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive», a déclaré le président de la Centif, dans son discours de bienvenue.
Pour y arriver, la Centif entend mettre l’accent sur la formation des agents chargés de conduire les enquêtes. Mise à niveau qu’elle considère comme «un pas important vers le succès de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme (LBC/FT) et la stabilité nationale et internationale».
Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a assuré de la disponibilité de son département à œuvrer sans relâche pour l’atteinte de ces objectifs.
Le colonel-major Daoud Aly Mohammedine a demandé l’implication de tous les acteurs pour arriver à bout de ces fléaux. Il s’est dit convaincu que les différents modules qui seront présentés au cours de ces jours de formation permettront aux participants, d’acquérir les connaissances nécessaires pour détecter et conduire des enquêtes dans le cadre de la lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive.
Une guerre asymétrique qui, pour l’emporter, les forces de sécurité auront nécessairement besoin de l’accompagnement et de la collaboration des populations et des institutions financières.
Cheick M. TRAORÉ