Les pays membres de l’Union européenne se sont entendus pour placer cinq membres de la junte malienne sur liste noire après le refus des militaires au pouvoir à Bamako d’honorer un accord prévoyant la tenue d’élections ce mois-ci, ont déclaré à Reuters trois diplomates.
Cette mesure, soutenue par les 27 Etats membres, prendra effet dans le courant du mois. Elle prévoit une interdiction de voyager et le gel des avoirs des militaires maliens concernés, dont les diplomates n’ont pas précisé les noms mais indiqué qu’ils étaient déjà sous le coup de sanctions africaines.
La Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a imposé le mois dernier, pour la même raison, de sévères sanctions économiques au Mali, dont la fermeture des frontières du pays.
La situation s’est depuis envenimée entre la junte et ses voisins mais aussi ses partenaires internationaux, en premier lieu la France, dont l’engagement militaire contre les groupes djihadistes apparaît de plus en plus menacé après l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako et du contingent danois de la force européenne Takuba.
Prenant acte de cette détérioration de leurs relations et du rapprochement entre la junte et la Russie, en particulier les mercenaires du groupe Wagner, les Européens ont dit la semaine dernière se donner 14 jours pour décider de la suite de leur engagement au Mali.
“On continue à rester présent au Sahel pour lutter contre le terrorisme (…) on a aujourd’hui un dialogue, une réflexion, un travail avec nos partenaires (…) pour voir comment est-ce qu’on fait évoluer notre présence parce que ce qui est certain c’est que la situation ne peut pas rester en l’état”, a répété mardi le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, sur Franceinfo.
“D’ici à la mi-février, on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place”, a-t-il ajouté.
Les sanctions européennes ne devraient pas avoir un grand impact sur les dirigeants maliens, d’autant que selon les diplomates interrogés par Reuters, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des autorités de transition en seront préservés pour maintenir des canaux de communication ouverts.
Elles vont cependant permettre à l’UE de tenir l’engagement qu’elle avait pris auprès de la Cédéao d’accompagner ses propres mesures.
(Reportage de Robin Emmott à Bruxelles et John Irish à Paris, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)