Le secrétaire général de l’Onu, a appelé l’armée malienne et ses “partenaires bilatéraux”, le groupe paramilitaire russe Wagner, à respecter lors des opérations antiterroristes leurs “obligations internationales”.
L’armée malienne a déclaré en fin de semaine dernière avoir tué “203 combattants” de groupes armés terroristes. C’était lors d’une opération dans le centre du pays. Une version contredite par certains témoignages qui parlent d’un massacre de civils dans le village de Moura.
Dans un rapport remis cette semaine au Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres a déclaré que “la situation des droits de l’homme est restée précaire, principalement en raison d’attaques délibérées et généralisées contre des civils par des groupes armés présumés extrémistes. Il explique que dans certains cas, les opérations antiterroristes ont également eu des conséquences désastreuses pour la population civile,“en particulier dans le centre du Mali”.
Le patron de l’ONU soutient “qu’entre le 26 et le 29 janvier, des éléments des Forces armées maliennes ont exécuté sommairement ou arbitrairement au moins 20 personnes, 19 hommes et un garçon et détruit délibérément de nombreuses habitations civiles et d’autres biens lors de trois événements dans la région de Bandiagara”.
“Le seul but est de noircir les victoires que sont en train de réaliser les forces armées maliennes sur le terrain. Et il y en a qui ne veulent pas que le monde sache que nos forces armées sont en train de venir à bout du terrorisme au Mali. Malgré la présence sur neuf ans de Barkhane, de Takuba et de la Minusma (la mission de l’Onu au Mali) sur le sol malien, le terrorisme gagnait du terrain chaque jour. Mais chaque jour, nous libérons des villages. Aujourd’hui, nous avons à peu près 14.000 villages qui ont été libérés. Il y a plus 750.000 réfugiés et déplacés qui sont retournés sur leur lieu d’habitation”, répond à la DW Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission défense du Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition malienne, et président du Collectif pour la refondation du Mali (Corema), qui rassemble des associations et des partis soutenant les autorités militaires.
Enquêtes
Dans son rapport, le patron de l’Onu a aussi soutenu que “le 7 février, les forces armées maliennes auraient lancé des frappes aériennes sur un hameau près du village de Bouka-were, dans la région de Ségou, tuant dix civils et faisant plusieurs autres blessés.
C’est pourquoi, une enquête doit être diligentée afin d’établir les responsabilités, suggère Kassoum Tapo, ancien ministre des Droits de l’homme et de la réforme de l’Etat du Mali, président du Mouvement pour la refondation du Mali. Il est aussi l’un des porte-parole du Cadre des partis pour une transition réussie.
“Au lieu de ces atrocités-là, on aurait dû plutôt faire des enquêtes, vérifier et apporter l’information contraire. Si c’est faux, le démentir. Si c’est vrai, engager les poursuites contre les auteurs éventuels. La guerre n’autorise pas à commettre des crimes. Elle n’autorise pas à violer les droits de l’Homme. Et s’il y a des dérives, qu’elles soient dénoncées et ça n’a rien à voir avec le fait qu’on en veuille à l’Etat du Mali ou qu’on en veuille au Mali”, affirme Kassoum Tapo.
Des officiels maliens réceptionnant un hélicoptère de fabrication russe, en septembre 2021 à l’aéroport de Bamako
Dans son rapport, le secrétaire général de l’Onu a utilisé le terme de “partenaires bilatéraux”. Antonio Guterres fait allusion aux paramilitaires russes de Wagner qui sont aussi accusés par l’Onu d’avoir commis des crimes contre les populations civiles. Même si le Mali a jusqu’ici nié leur présence sur son sol.
La France préoccupée
Dans un communiqué, “la France est gravement préoccupée par les informations faisant état d’exactions massives dans le village de Moura par des éléments des forces armées maliennes accompagnées de mercenaires russes du groupe Wagner, et qui auraient causé la mort de centaines de civils.”
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian
Après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes, Paris appelle à l’ouverture rapide d’enquêtes nationales et internationales pour établir les responsabilités de ces actes et traduire en justice leurs auteurs.
Paris s’inquiète, poursuit le communiqué, de la multiplication des exactions au centre du Mali depuis le début de l’année 2022 et de l’impunité dans laquelle celles-ci se déroulent. C’est pourquoi, elle appelle les autorités maliennes à prendre les mesures nécessaires pour enrayer ces violences.
Elle souhaite que la MINUSMA utilise l’ensemble des moyens à sa disposition pour faire la lumière sur ces événements et contribuer à protéger les civils conformément à son mandat.
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Source: DW