Guillem Balague : Racontez-nous le jour de la naissance de votre second enfant Mateo ? Dans quel état émotionnel étiez-vous ?

Lionel Messi : Je suis passé par toutes sortes d’émotions mais ça a surtout été un grand moment de joie pour toute la famille.

GB : Qu’est-ce-qu’un jour typique dans la vie de Leo Messi ?

LM : Je pense que c’est le même que la plupart des sportifs professionnels. Je m’entraîne puis je passe le reste de mon temps avec mes amis et ma famille.

GB : Est-ce-que votre perception du football a changé depuis que vous êtes père de Thiago et maintenant de Mateo ?

LM : Dans mon approche du football rien n’a changé mais dans ma vie de tous les jours j’ai davantage de responsabilités comme tous les pères qui élèvent leurs enfants.

GB : Pour les compétiteurs comme vous, chaque défaite est vécue comme une petite mort. Vous pleurez souvent quand vous perdez ? Comment appréhendez-vous la défaite maintenant que vous êtes père ?

LM : Exactement de la même manière, une chose n’a rien à voir avec l’autre. Je déteste toujours perdre un match, mais quand je rentre chez moi j’ai la consolation de passer du temps avec mes fils.

GB : Le monde du football semble parfois tourner sur une autre planète. Des débats stériles, des mensonges, une grande importance accordée aux choses qui comptent très peu… Vous sentez-vous parfois comme quelqu’un d’un autre monde, une personne vivant dans un monde de fous ?

LM : Oui, malheureusement, nous vivons dans une société qui tourne à mille à l’heure et c’est d’autant plus vrai dans un sport aussi populaire que le football, qui est une bouffée d’oxygène pour de nombreuses personnes.

GB : Vous réfléchissez souvent à votre rôle sur le terrain, à plus organiser davantage le jeu qu’à marquer ou est-ce une évolution naturelle ?

LM : Non absolument pas et je vais continuer à évoluer sur le terrain de la même façon. Il y a des moments où il est nécessaire de descendre d’un cran et d’aider à la bonne circulation du ballon et puis d’autres fois il faut rester aux avant-postes pour pouvoir marquer.

GB : Est-ce-que ça vous a aidé de jouer à la même époque que Cristiano Ronaldo ?

LM : Ce sont des choses que les gens disent. Je ne suis pas en compétition avec Cristiano et je suppose qu’il ne l’est pas non plus avec moi. Ce que je veux c’est être le meilleur pour mes équipes et je travaille tous les jours pour ça.

GB : Acceptez-vous que votre relation avec l’Argentine soit toujours celle de l’amour-haine ?

LM : La vérité est que je ne l’accepte pas. Si la majorité des Argentins sont très passionnés, nous devons aussi traiter avec décence les stars qui nous représentent. Il y a ceux qui nous insultent et donc ne valorisent pas ceux qui jouent pour leur pays, mais même dans ce cas, je ne leur reproche pas, chacun a droit à sa propre opinion.

GB : Si vous le pouviez quel ancien joueur recruteriez-vous pour jouer avec l’Argentine ?

LM : Il y a beaucoup et n’en nommer qu’un seul serait irrespectueux envers le reste. Le monde entier sait très bien qui ont été les grands joueurs de ce sport et ce sont ces joueurs qui seraient dans mon équipe.

GB : Vous avez changé votre alimentation, votre régime d’entraînement ? Pouvez-vous nous dire en quoi il consiste maintenant et pourquoi en avoir changé ?

LM : Beaucoup de choses fausses ont été racontées sur le sujet. Mon régime m’interdit de manger certains aliments mauvais pour mon corps, mais cela ne signifie pas que j’ai changé toute ma diététique. Il ya eu quelques changements ou remplacements qui ont bien fonctionné mais mon régime alimentaire ne sort de l’ordinaire.

GB : Est-ce-que vous vous voyez évoluer autre part qu’en Liga ?

LM : Je ne veux pas regarder trop loin dans le futur. Je vis l’instant présent et en ce moment je joue avec le FC Barcelone dans un championnat espagnol où j’ai passé toute ma carrière et où je me sens bien.

GB : Vous visionnez beaucoup de football. Aimez-vous le regarder à la télévision ?

LM : Oui, j’aime beaucoup regarder des matchs à la télé.

GB : Vous m’avez dit une fois que vous essayez de lire au moins le début du livre ‘Messi’. Mais pourquoi puisque vous connaissez déjà l’histoire ? Aimez-vous egarder en arrière ou lire des choses sur vous-même ?

LM : Très sincèrement, non. Comme je le disais plus tôt, je préfère vivre l’instant et ne pas regarder en arrière ni trop loin devant.

GB : A quoi rêvez-vous lorsque vous êtes éveillé ?

LM : Je ne rêve pas éveillé. Je veux vivre en harmonie avec ma famille au jour le jour sans rêver. Bien sûr j’ai des espoirs et des ambitions mais c’est très personnel.

GB : Qui essayez-vous d’impressionner lorsque vous entrez sur le terrain. Les supporters, votre père, votre fils, votre femme ?

LM : Je ne dois impressionner personne parce que ce n’est pas la raison pour laquelle je joue. Je joue parce que j’aime ça et parce que c’est mon métier, même si pour vous dire la vérité, j’aimerais que mes fils comprennent ce que je fais sur un terrain.

GB : Qu’avez-vous ressenti quand vous avez été blessé ? Que s’est-il passé dans votre tête ?

LM : Un sentiment étrange, différent des autres fois. Je savais qu’il y avait quelque chose de plus grave qu’un simple coup.

GB : Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

LM : Optimiste, je pense avant tout à mon rétablissement. Être blessé est le pire sentiment au monde pour un sportif, mais dès le début j’ai accepté que la seule chose à faire était de tout mettre en oeuvre pour revenir au meilleur de ma forme. La chose la plus importante pour moi est d’être en forme à 100%.

GB : Comment vous comportez-vous avec votre environnement et vos amis lorsque vous êtes blessé ? Etes-vous facile à supporter ?

LM : Comme je vous le disais, la vérité est que j’ai su tout de suite que j’étais blessé sérieusement et, même si au début vous êtes inquiet évidemment, après le diagnostic vous comprenez que vous devez être patient. Il n’a pas été difficile pour moi de l’accepter et de vivre à mes côtés à ce moment-là

GB : Quand pensez-vous pouvoir retoucher à nouveau un ballon ?

LM : Lorsque je me sentirai bien et que les médecins me diront que c’est possible. Ca va de mieux en mieux mais, je ll’ai toujours dit, je ne me fixe pas de date. Si je voulais rejouer demain, les médecins ne me laisseraient pas faire. Quand ils me diront que j’ai totalement récupéré, alors il sera temps de faire mon retour sur le terrain.