A une semaine de la tenue du sommet sur le financement des infrastructures en Afrique, sur initiative du chef de l’Etat, Macky Sall, président du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), les seize projets qui seront au cœur de cette rencontre, ont été dévoilés, hier, aux membres du Collectif des journalistes économique du Sénégal (Cojes).
Du 14 au 15 juin 2014, Dakar va abriter un sommet sur le financement des infrastructures en Afrique. En prélude à cet événement, les organisateurs ont tenu un atelier de sensibilisation et d’information sur les enjeux de ce sommet à l’endroit du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes). Une rencontre internationale durant laquelle les participants vont se pencher sur des projets d’infrastructures phares régionaux qui devront faire l’objet de discussions et d’échanges sur leur mode de financement. En effet, il s’agit de seize projets regroupés en deux grandes catégories : « Les huit premiers » – projets à fort impact – jugés relativement avancés en termes de préparation et « les huit deuxièmes » – ceux qui sont relativement à un stade précoce du cycle de développement du projet. Dans la première catégorie, figure le projet hydroélectrique de Ruzizi, une rivière qui forme la frontière entre la République démocratique du Congo (Rdc) et le Rwanda, d’un coût total de 600 millions de dollars. Il devra fournir de l’électricité durable à environ 107 millions de personnes. Le deuxième projet concerne l’extension du port de Dar-es-Salam (Tanzanie), qui est la seconde passerelle la plus importante pour le commerce régional en Afrique de l’Est après Mombasa (Kenya). La réalisation de cette infrastructure qui devra coûter 384 millions de dollars (avec un déficit de financement de 350 millions de dollars) permettra d’augmenter le débit des cargaisons, la gestion de plus grands navires dans le terminal, l’amélioration des interfaces entre les modes de transport…
Le troisième projet est relatif à la route Serenje-Nakonde (Zambie) longue de 614,71 kilomètres. Le but de ce programme évalué à 674 millions de dollars est de contribuer à la réduction du coût du transport routier sur l’axe des corridors Nord-Sud et de Dar-es-Salaam et réduire les pertes dues aux accidents pour le transport de passagers et de marchandises.
Ce chantier se terminera en fin 2017. Le quatrième projet du Nepad, c’est le gazoduc Nigéria-Algérie, qui pourra permettre à l’Afrique de contribuer au marché mondial de l’énergie à travers une alimentation soutenue et diversifiée de gaz naturel, en particulier en direction de l’Union européenne. Parmi les seize projets figure également celui des barrages de Sambangalou, un réservoir multifonctionnel qui aura une capacité de 128 Mégawatts, avec une production énergétique prévue de 402 Gigawatts/heure par an. Grâce à cette infrastructure dont le financement est estimé à 1,108 milliard de dollars, le Sénégal, la Gambie, la Guinée et la Guinée Bissau pourront bénéficier d’une énergie renouvelable à moindre coût. Un autre programme qui est envisagé par le Nepad pour les infrastructures est lié au corridor côtier Abidjan-Lagos, voie la plus traversée du réseau du transport régional africain.
Objectifs visés : réduire le temps de traversée des frontières, les tracasseries et les coûts, baisser les prix de transport et de logistique. Les autres projets que compte réaliser le Nepad concernent également la réalisation de la fibre optique terrestre Tic Lusaka-Lilongwe, la construction de la ligne de transmission Zambie-Tanzanie-Kenya (longue de 2.206 km), l’érection d’une ligne de transmission de 2.700 kilomètres dotée d’une capacité de 4.500 mégawatts, partant du Maroc en Egypte, en passant par l’Algérie, la Tunisie et la Libye. A ces programmes s’ajoutent la construction du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou et celui de Douala-Bangui-Ndjamena, la modernisation de la route Kampala-Jinja (Ouganda).
Les trois derniers projets parmi les seize sont relatifs à la réhabilitation de la route Nadapal-Juba (365 km), au Soudan, à la construction du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge (Zimbabwe, Zambie) et l’érection d’un pont de chemin de fer Brazzaville-Kinshasa et Kinshasa-Illebo.
Près de 1.500 milliards de FCfa, coût de la modernisation du rail Dakar-Bamako
D’après une note des autorités du Nepad remise hier à la presse, le projet de modernisation de la ligne ferroviaire Dakar-Bamako fait partie du corridor multimodal Dakar-Niamey, qui est lui-même un élément majeur du plus grand projet Dakar-Bamako-Niamey-Ndjamena-Djibouti du Plan d’action prioritaire du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida).
Le Nepad explique que ce programme qui coûte trois millions de dollars, soit près de 1.500 milliards de FCfa, implique un investissement dans une nouvelle infrastructure ferroviaire (suivi et matériel roulant), et dans le système de signalisation de la ligne ferroviaire entre les ports de Dakar et de Bamako. Le renouvellement de cette infrastructure devrait permettre d’améliorer la connectivité et le commerce intra-africain, de favoriser l’intégration régionale et aussi de créer de nouvelles opportunités économiques, du fait des embranchements ferroviaires prévus pour desservir les zones minières.
La nouvelle ligne sera également un moyen pour l’exploitation des mines de fer au Mali et au Sénégal, et de la bauxite (au Mali). En outre, le nouvel investissement va renforcer la coopération économique dans la production alimentaire entre la région sud du Sénégal de Casamance et la Guinée-Bissau, au moyen d’un embranchement ferroviaire sud : Tambacounda-Ziguinchor-Bissau.
Ce projet comprend la construction d’une ligne de chemin de fer principale moderne de 1.234 km entre Dakar et Bamako, avec les principaux éperons ferroviaires stratégiques desservant les zones d’exploitation de minerai de fer près de Koudékourou, et les mines de bauxite près de Faléa, au Mali.
Il existe deux options possibles de ligne principale, selon l’étude du Nepad. Il s’agit de Sendou-Tambacounda-Koudékourou-Faléa-Bamako (757 km) et Sendou-Tambacounda-Koudékourou – Kidira (614 km) avec une voie de contournement de Tambacounda à Koudékourou (311 km).
S’agissant de l’apport des partenaires internationaux, deux sociétés chinoises, China international railways et China railways corporation construction (Crcc) ont exprimé leur intérêt pour le financement de la section reliant Sendou à Bamako (Sendou- Tambacounda-Koudékourou-Faléa-Bamako). Sahara mining, une société indienne, qui exploite une mine de fer près de Tienfala, à 80 km de Bamako, est intéressé par le financement d’un alignement de rail alternatif (Sendou-Tambacounda-Koudékourou-Tienfala-Bamako).
La Rédaction