Il a fait tomber le général Moussa Traoré. Il a fait tomber le Général ATT. Or, selon l’adage, jamais deux sans trois.
Oumar Mariko
Rompant avec le silence stratégiquement assourdissant depuis l’avènement de IBK à la magistrature suprême, l’enfant terrible du landerneau politique malien Oumar Mariko, fait à nouveau parler de lui. Sa nouvelle politique est de se poser en justicier, en homme intègre, en patriote irréductible et, surtout, en dernier gardien du temple démocratique. A vrai dire, l’élu de Kolondiéba joue toujours sur le même registre. Jamais satisfait. Pourfendeur du régime en place, même s’il n’en dédaigne point les oripeaux et avantages, il surfe en permanence sur les bruissements de mécontentement qu’il récupère avec maestria en démultipliant leur impact négatif par une utilisation abusive de son arme maitresse, le réseau dense radio Kayira. La méthode également n’a pas varié d’un pouce : la violence verbale, physique allant si nécessaire à l’irréparable. L’intimidation érigée au principe de praxis politique, Mariko réussit toujours à se positionner en défenseur des faibles, des pauvres, des laissés pour comptes, des victimes de trahison politiques, des travailleurs compressés ou partants volontaires à la retraite. Bref ! De tous ceux qui, à tort ou à raison, s’estiment laissés par le système. De tout ce monde, Mariko pensent avoir l’intelligence d’en faire un bouclier humain, le Malien ordinaire, cadre supérieur ou citoyen lambda ayant généralement une peur bleue de la violence.
Le nouveau jeu
Rentrée politique tourmente, utilisation judicieuse des medias logorrhée acide et singulièrement osée, le Mariko cure 2014, place la barre assez haut. Pour crédibiliser ses positions politiques de l’après 22 mars 2012, il s’annonce disposé à reverser au trésor public, les quelques 28 millions perçus depuis la fin du mandat des députés de l’ancienne Assemblée nationale. Il prend bien soin de ne point préciser quand il va restituer ce montant, ni pour quoi il ne s’était pas abstenu de le percevoir à l’époque, ce qui manifestement, était plus facile. Allié officiel de IBK depuis le second tour des élections présidentielles, il n’hésitera plus à chercher à le déstabiliser, en menant une campagne bruyante contre des membres influents du gouvernement, des ministres de souveraineté parmi lesquels Soumeylou Boubèye Maïga de la Défense et des Anciens Combattants et Mohamed Bathily de la Justice. Les axes majeurs de la politique de IBK, ceux dont les résultats favorables sont indiscutables, notamment le renouveau de la justice et la réorganisation de l’armée font l’objet des vives critiques. Autant dire qu’il ne croit nullement en IBK lui-même. Pour corser le tout, le député fait allègrement le tour de certaines radios internationales pour défendre bec et ongles le général Amadou Haya Sanogo dont il revendique haut et fort le leadership et son soutien indéfectible. A l’hémicycle, il n’hésitera pas non plus à constituer un groupe parlementaire avec les FARE, parti créé par/ou Modibo Sidibé qui, doux euphémisme, n’a jamais compté parmi ses amis, bien au contraire. Au regard de tout ce qui précède, le moins qu’on puisse dire est que le nouveau jeu de Oumar Mariko semble brouillon ; de lecture peu aisée car basé sur des contradictions, des incongruités. Erreur ! En fait, le calcul politicien de Oumar Mariko est d’une évidence niaise : il pense pouvoir capitaliser toutes les poches de mécontentement, les déceptions perceptibles chez nombre de Maliens qui peinent à comprendre le timing de IBK, cependant que leurs préoccupations réelles deviennent chaque jour plus cuisantes, plus immédiates. A quelle fin ? Nullement besoin d’être prophète pour deviner que Mariko a quelques idées derrière la tête. Chasser le naturel, il revient au galop ! Mariko sait très bien apprécier la nouvelle danse politique et essaie d’assurer ses arrières, au cas où.
La nouvelle donne
Mariko sait que les choses ont changé, dangereusement. Ses alliés objectifs de la junte dont il voulait être l premier ministre, tombent un à un, inexorablement. S’enfonçant irrépressiblement dans les abimes de l’infamie et de la prison. La justice fonctionne à un rythme lancinant, avec une indécence renforcée par un suivi permanent de la communauté internationale. Les dénis de justice de la dernière transition, peuvent à tout moment, être rappelés et corrigés. Lui, à une époque récente, sait pourquoi l’unanimité parlementaire, et des frémissements, laissent présager une reprise d’une telle procédure. Cependant que ses protecteurs se réduisent comme peau de chagrin. Il sait aussi que les Maliens ont encore au travers de la gorge ses rencontres surprenantes, au temps fort de l’occupation des deux tiers du territoire, avec l’ennemi public numéro un du Mali, le traitre et assassin Iyad Ag Agaly.Il sait aussi que, face à une levée de boucliers de la justice ou de la communauté internationale, IBK ne lèvera le moindre pouce à son secours. Il sait enfin que Soumeilou Boubeye est loin d’être un enfant de cœur et que Bathily non plus n’est un ange. Alors, sentant l’étau se resserrer autour de lui, Oumar Mariko n’entend pas être une victime expiatoire. D’où son anticipation par cette nouvelle verve revendicatrice. Ses adversaires commettront une erreur suprême en le sous-estimant. Mariko n’est pas n’importe qui et n’a jamais froid aux yeux. Apres avoir fait tomber Moussa Traoré en 1991, Amadou Toumani Touré en 2012, Mariko sait exactement comment influer sur le cours de l’histoire au Mali. Un tigre blessé est plus dangereux. En définitive, IBK doit garder permanemment un œil sur lui.
La Rédaction