« …Les gens qui nous enseignent la démocratie ne veulent pas l’apprendre eux-mêmes. »
Vladmir poutine
Monsieur le chef de file l’opposition,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant espoir qu’avez fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus ineffaçable des tâches.
Monsieur,
Citoyen de la République du Mali «indivisible, laïque, démocratique» je suis choqué et inquiet après avoir pris connaissance de votre discours du dernier meeting devant le peuple malien et très inquiet de l’avenir politique, économique de notre pays.
Si l’ancien ministre de l’économie et des finances, chef de file de l’opposition et candidat à l’élection présidentielle évoque une «situation terrifiante», c’est que notre démocratie est indéniablement passée d’un avis de tempête à un avis d’ouragan.
Monsieur le chef de file de l’opposition,
Loin de moi de mettre en doute votre patriotisme, conviendrez-vous avec moi, que la construction de l’Etat de droit est la somme des efforts des citoyens, de l’Etat, des associations et partis politiques, de l’opinion publique dont la presse plurielle constitue le baromètre. La protection des libertés est l’un des principes organisateurs de l’Etat de droit.
Le respect de l’opposition et le respect de l’individu signifie le respect de la diversité des opinions concernant la conduite des affaires publiques. La démocratie repose sur un certain nombre de valeurs, d’attitudes et de pratiques qui peuvent prendre différentes formes et expressions selon les cultures et les sociétés du monde : la tolérance, la solidarité, le compromis, l’égalité et l’équité, le respect…
La démocratie implique des discussions, des confrontations, des conflits d’opinion. Le conflit est un processus normal et n’est pas négatif s’il est géré autrement que par la violence. Dans une démocratie des convictions divergentes, voire opposées, peuvent coexister du moment que chacun puisse mettre en avant le respect des institutions de la République et de la liberté d’opinion d’autrui.
Monsieur le chef de file de l’opposition,
C’est la non-observation de ces principes élémentaires de la démocratie qui explique l’apparition d’une opposition atypique, démocratique dans leurs inspirations, autoritaires dans leurs aspirations. Une telle opposition se détache progressivement du jeu des institutions, devenant ainsi un danger pour la République. Mais notons que les partis politiques d’opposition constituent la garantie de l’exigence républicaine ; en tant que tels, ils méritent le respect de la part du pouvoir.
Monsieur,
Les principes que vous avez longtemps défendus, disparaitront et le rythme des faillites des petits commerces, des entreprises ne cesseront de s’accélérer. Depuis les élections présidentielles, ce sont des commerces qui s’ouvrent deux sur trois par peur d’agressions.
Il est encore temps d’éviter le décrochage définitif du Mali, de lancer des débats sociétaux qui unissent les Maliens, comme ceux que vous avez proposés. L’heure des vrais choix a sonné, le peuple malien est béni par la providence de l’histoire et attend des décisions courageuses de votre part.
Monsieur,
Certains des conseils prodigués, que je me permets de vous rappeler, pourraient vous être fort utiles : «Vous ne pouvez pas créer la prospérité prônée, la justice équitable, combattre le terrorisme en décourageant une frange partie du peuple». Vous avez décidé de conserver, malgré de nombreuses concertations, votre décision de ne pas reconnaître le président de la République. Cette mesure, unique en son genre, fait du Mali la terre la plus hostile à la démocratie en Afrique, aux partenaires technique et financiers». Elle décourage nos chefs d’entreprises, démotive nos jeunes et fait fuir nos talents.
Monsieur le chef de file de l’opposition,
Ecoutez le cri d’alarme de vos concitoyens, chaque jour, ces derniers doivent surmonter des obstacles qui nuisent à leur sécurité, santé, éducation. Ne cherchez plus à plaire à l’aile la plus extrémiste de votre groupe en montant les Maliens les uns contre les autres, pourquoi s’obstiner à ne pas reconnaître un président élu à 67% ?
Le Mali suffoque sous le poids d’une guerre terroriste abyssale et l’abandon de votre décision d’accepter la main tendue d’un autre Malien qui fût la première institution.
Monsieur,
Vous pouvez encore corriger le tir mais il faut agir et agir vite, car on n’échappe pas aux responsabilités de demain en cherchant à les éviter aujourd’hui. Dans votre programme pour l’élection présidentielle, vous déclariez entre les lignes «Un responsable doit avoir le souci de la promptitude, de la rapidité, de l’urgence», l’urgence est là monsieur, sauriez-vous y faire face ?
Je n’ai qu’une passion, celle de la paix retrouvée entre les Maliens dans un Mali en paix qui a tant souffert et qu’a droit à la stabilité. Tel est le cri de cœur d’un citoyen malien.
Veuillez agréer, monsieur le chef de file de l’opposition, l’assurance de mon profond respect.
Bamako le, 07 septembre 2018
Oumar TTRAORE
Source: le Reporter