Comme les années précédentes, le 6 avril dernier, coïncidant avec le septième anniversaire de la proclamation de » l’indépendance de l’Azawad » a encore été célébré avec faste dans plusieurs localités sous le contrôle des ex-rebelles. Ainsi, sur des images et des vidéos provenant des régions de Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao, l’on voit des célébrations de cet événement se dérouler sous l’œil vigilant des combattants issus des rangs de la CMA.
Le plus étrange dans cette situation c’est que certaines célébrations se sont déroulées en présence d’éléments de la mission onusienne et même de ceux de la force Barkhane. Deux opérations censées être des gardiens d’une bonne mise en œuvre des dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Outre l’exhibition du drapeau de cette » République » imaginaire, la parade militaire des combattants de la CMA, des marches, la particularité de ces célébrations a été marquée par le défilé des adolescents, nés en 2012, lors de la proclamation de cette » République » qui avait été rejetée à l’unanimité par la Communauté internationale. Il semble que l’idée, à travers cette démarche, c’est de faire ancrer les idéaux de cette commémoration dans la tête de ces adolescents afin de les perpétuer dans la conscience commune des ressortissants de ces zones.
Ainsi, les localités où ces célébrations ont eu lieu sont, entre autres, Kidal, Ménaka, Inkhalil, Ber, Foïta, Bourem, Gao. Des représentants de la CMA à l’étranger ont également profité de ces célébrations pour organiser des cérémonies en hommage à cette journée du 6 avril.
Malgré les années qui passent et, près de quatre ans après la signature d’un accord censé mettre fin aux velléités indépendantistes, cette journée est toujours commémorée. Le seul point positif c’est que, contrairement aux autres années, aucune image de l’incinération du drapeau du Mali n’a été diffusée. Ce qui ne prouve pas que les manifestants ne l’aient pas fait.
Par ailleurs, l’autre aspect qui choque, c’est le silence absolu des autorités maliennes sur cette question. Une même attitude qui avait été observée le mois dernier lorsque la CMA a imposé unilatéralement de nouvelles règlementations pour la gestion de la ville de Kidal. Il a fallu attendre la désapprobation de la Communauté internationale, à travers le Président du CSA, le diplomate algérien Ahmed Boutache, pour voir les ex-rebelles faire marche-arrière.
En tout cas, ces célébrations, de l’avis de nombreux experts, constituent une violation fragrante de l’Accord issu du processus d’Alger, qui prône un Etat unitaire, laïc et républicain. Elles prouvent aussi que les ex-rebelles n’ont toujours pas renoncé, de manière définitive, à leur idée de création d’une » République« .
Massiré DIOP
Source: l’Indépendant