Depuis belle lurette, l’enseignement coranique se fait au Mali dans le but de donner une éducation islamique aux enfants.
Mais hélas, cette pratique se dégrade de jour en jour. Etre talibé, c’est de devenir un mendiant voir un délinquant pour des années à venir. Face à cette problématique à qui la responsabilité ?
Depuis l’arrivée de l’islam dans nos pays, la connaissance de cette religion s’avère fondamentale pour une meilleure pratique. Les parents confient leurs enfants à un maitre coranique pour qu’ils puissent apprendre les versets coraniques, comprendre la religion, avoir l’éducation de cette religion entre autre. Pour cela, ces enfants travaillent pour le maitre en vue d’avoir sa bénédiction, et le maitre, à son tour, les nourrit, telle était la pratique d’antan. Mais aujourd’hui, les talibés sont en passe de devenir une source de richesses pour le maitre coranique. Les maitres coraniques font tout pour amener les talibés dans les villes car, c’est dans ces endroits qu’ils peuvent générer des ressources. Certains maitres vont jusqu’à fixer des quotas aux talibés par jour, de 1000 F voir 2000 F chez certains. En effet certains talibés n’arrivent même pas à étudier à cause de cette pratique. Ils sont obligés de faire face au vent, à la tempête et au soleil pour quémander. Certains s’adonnent au vol, d’autre retournent à des heures tardives la nuit, ou passent même la nuit dehors car, gare-à-toi si tu n’amènes pas l’argent exigé par le maitre. Dans les témoignages de certains talibés qui n’ont même pas l’âge de faire des études c’est-à-dire 7 ans, ils sont tabassés si le montant exigé n’est pas atteint. Les abords des voies publiques, les ronds-points, les domiciles sont des lieux pour quémander. Selon un de nos interlocuteurs, un tel comportement est souvent la cause d’accidents de circulation pour les talibés. Certains sont souvent des proies faciles pour les bandits et les terroristes comme l’on à constater en 2012. Certains talibés de Niono se sont retrouvés dans les pièges des terroristes au Nord du Mali. Une fois malades les maitres ne s’occupent pas d’eux, ils sont obligés d’aller quémander des médicaments, des personnes de bonne volonté leur donnent quelques cachets. Les parents ne cherchent même pas à savoir où sont leurs enfants ni les conditions dans lesquelles ils se trouvent. Après ces études de galère, sinon d’esclavage, ils n’ont aucune issue professionnelle. Certains deviennent des marabouts, d’autre des vagabonds ou maitres coraniques pour répéter les mêmes pratiques qu’ils ont subis. Certains maitres approchés pour la circonstance affirment que les conditions de vie ont changé. Auparavant les maitres coraniques avaient des champs de culture et les talibés pratiquaient l’agriculture pour le maitre qui, à son tour, les nourrissaient. Ainsi les élèves coraniques avaient tout le temps pour étudier. Mais aujourd’hui, les terres viennent à manquer. Les talibés deviennent une charge pour le maitre qui n’a pas d’autre source de revenu, d’où la nécessité d’envoyer les talibés dans les rues pour quémander.
Face à cette situation, tout le monde a sa part de responsabilité. L’obligation de connaissances des versets coraniques, si l’on est musulman, se pose. Mais les parents doivent prendre leur responsabilité en payant les études de leurs enfants et afin que ces derniers restent à leurs côtés. Les autorités doivent également prendre des décrets pour que cette étude, informelle, devienne formelle. Les maitres coraniques aussi doivent avoir peur de Dieu pour éviter la souffrance de ces enfants qui sont innocents.
Bissidi Simpara
Source: Le Point