«Ces singes des pays africains», qualifiait l’ancien président des Etats Unis Ronald Reagan, les diplomates africains à l’ONU. Ces propos ont été tenus lors d’une conversation jusque-là secrète, entre lui et son prédécesseur Richard Nixon.
Un 26 octobre 1971, la République populaire de Chine prend la place de Taïwan au Conseil de sécurité de l’ONU. La résolution fait forcément réagir les diplomates aux plus hauts rangs. Mais loin des déclarations officielles, une conversation secrète entre les deux hommes tous deux anciens présidents du pays de l’oncle Sam vient à peine d’être révélée et suscite la polémique pratiquement 50 ans après.
A l’époque, il est gouverneur républicain de Californie et il sera élu 40e président des Etats-Unis. Il s’agit de Ronald Reagan qui suite à cette annonce appelle son grand ami Richard Nixon, qui dirigeait le pays. Il lui explique le rôle crucial qu’ont eu les pays africains lors de ce vote. « Hier soir, je vous le dis, regarder ce truc à la télé comme je l’ai fait… », explique Reagan. Avant d’ajouter, «voir ces singes des pays africains… Maudits soient-ils, ils ne sont toujours pas à l’aise dans des chaussures ! », peut-on entendre dans l’enregistrement révélé par The Atlantic.
Mais ce n’est pas tout, dans cet enregistrement longtemps censuré, on entend aussi celui qui est président rire à ces propos racistes. Pire encore, ces mêmes termes seront réitérés à plusieurs reprises par Nixon, comme lors d’une conversation avec son ministre des affaires étrangères, William Rogers à qui il affirme : «J’ai juste reçu un appel de Reagan, de Californie… comme il l’a dit, il a vu ces cannibales à la télévision la nuit dernière et il a déclaré: ‘Bon Dieu, ils ne portaient même pas de chaussures, et ici les États-Unis vont soumettre leur destin à ça ?’, et ainsi de suite… », note la radio RFI.
La Chine grandement aidée par l’Afrique
Des propos qui ne devraient pas choquer étant donné la réputation des deux hommes. En effet, si Ronald Reagan défendait ouvertement l’apartheid en Afrique du Sud, son concitoyen Richard Nixon affirmait que «les noirs ne peuvent gouverner (…) et ils seront incapables de le faire pour au moins des centaines, des milliers d’années…».
Loin de ces propos, il serait intéressant de rappeler l’opération charme opérée par la Chine pour obtenir ces votes en Afrique. L’opération prend réellement forme à partir de 1964, lorsque l’ancien premier ministre de la République populaire de Chine, Zhou Enlai entame «un grand périple africain». «Il se rend au Ghana, au Mali, en Guinée, au Soudan, en Éthiopie et en Somalie. En 1963, il avait brièvement séjourné au Maroc et en République arabe unie. Son objectif est d’agrandir le périmètre de sympathie de la Chine et d’établir des relations commerciales», explique Michel Hammer dans «L’entrée de la Chine aux Nations Unies».
Après cela, la Chine ne pouvait qu’intégrer pleinement le Conseil de sécurité et ce grâce à l’Afrique. Le continent sera celui qui émettra le plus de voix favorables, 26 au total suivi de l’Europe avec 24 voix. Seuls quatorze pays africains voteront contre la résolution proposée à l’époque par l’Albanie.
Source: lesinfos