Le développement disproportionnel des nouvelles technologies de l’information et de la communication est un phénomène qui fait espérer sur l’avenir de l’humanité. Mais en même temps qui donnent à craindre vu ses conséquences drastiques sur le monde.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont la meilleures et la pire des choses qui soit arrivée à l’humanité, pour paraphraser Edgar Morin.
Les NTIC, la meilleure des choses
Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) sont très importantes pour le développement d’une nation. Elles nous font participer à la mondialisation en interconnectant tout le monde entier de sorte que l’information, l’éducation, deviennent internationale. Des cours s’organisent en ligne auxquels tout le monde peut prendre part tout en entrant en contact avec d’autres hommes, d’autres continents. Grâce aux NTIC, les élèves n’ont plus de problèmes avec la documentation puisqu’il existe des milliers de bibliothèques virtuelles dans lesquelles il est possible de télécharger gratuitement des livres ou d’en acheter. La vidéoconférence a, quant à elle, facilité les soutenances pour les étudiants inscrits dans les universités étrangères.
Outre cela, les réseaux sociaux apportent une part remarquable dans ce processus d’évolution et d’interconnexion du monde. Ceux-ci sont devenus aujourd’hui des lieux de rencontres bénéfiques. Les migrants les utilisent tout au long de leur trajet en vue de communiquer avec leurs proches, mais aussi en vue de se guider en cours de route. Ils facilitent la communion entre les jeunes, permettent la prise de conscience grâce au conformisme puisque chacun voit ce que font les autres dans leur pays. Ces réseaux permettent aux enseignants de s’échanger des méthodes de travail voire des documents indispensables pour la bonne organisation de tel ou tel cours.
Au-delà de tous ceux-ci, reconnaissons de même que le bon usage des NTIC peut contribuer au progrès de l’éducation. Alors, nous pouvons dire qu’elles nous connectent au monde. À travers les images télévisuelles, nous découvrons les réalités d’autres continents ; nous nous déportons sur d’autres territoires tout en étant sur place. Ces médias nous font voyager sans avoir besoin de se déplacer. Par ce biais, les NTIC participent à la conscientisation au sein de la nation. Il faut également mentionner qu’elles peuvent contribuer à l’augmentation de la productivité des entreprises dans la mesure où elles nous octroient la possibilité de booster celles-ci en ligne.
Par ailleurs, le discours de Koffi Annan, secrétaire général de l’ONU entre 1997 et 2006, lors du Sommet mondial de l’Information à Tunis en novembre 2005, résume bien tout notre propos sur ce point concernant l’importance des NTIC : « Nous vivons une époque de mutations rapides. Tout change : notre façon de vivre, d’apprendre, de travailler, de communiquer et de faire des affaires. Ces transformations, nous ne devons pas les subir passivement : nous devons être les artisans de notre destinée. La technologie a donné naissance à l’ère de l’information. À nous maintenant d’édifier la société de l’information. »
Ces Technologies peuvent même contribuer à l’exercice d’une vraie démocratie dans la mesure où les dirigeants peuvent ouvrir des sites sur lesquels ils informent le peuple par rapport à tel ou tel problème et celui-ci à son tour peut immédiatement faire ses propositions de solution. Ils favorisent une participation massive à la citoyenneté. Cet aspect est bien visible à travers le site créé pour le Dialogue national inclusif où il est possible aux citoyens, lettrés aussi bien qu’illettrés, d’apprécier les six thématiques de ce Dialogue et contribuer de la sorte à la reconstruction nationale.
En effet, c’est pourquoi Koffi Annan a fait remarquer lors du Sommet susmentionné que « Nous possédons les outils permettant d’accélérer la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement [devenus aujourd’hui Objectifs du Développement durable] ; les instruments nécessaires pour promouvoir la cause de la liberté et de la démocratie ainsi que les vecteurs de la connaissance et de la compréhension mutuelle.»
Les NTIC dévastent le monde
Les nouvelles technologies ont alors aboli les distances, mais il faut reconnaitre qu’elles ont fait d’innombrables destructions. C’est pour cette raison que Edgar Morin, sociologue et philosophe français, « l’internet est comme la langue d’Ésope ; la meilleure et la pire des choses ». (Edgar Morin fait référence à cette anecdote célèbre des langues d’Ésope, fabuliste grec. Chargé d’acheter la meilleure des choses qui soit au marché, Ésope achète la langue. Chargé d’acheter également la pire des choses, il achète aussi la langue).
En effet, la baisse du niveau des élèves aujourd’hui incombe en grande partie à ces Technologies de l’Information et de la Communication. Les enfants prennent plus de temps sur les réseaux sociaux à travers des téléphones androïd connectés. Ils regardent toute sorte d’images ou de vidéos sur les antennes télévisées et dans les téléphones. Celles-ci créent en eux l’envie à la tentation et c’est d’ailleurs ce qui explique le nombre de grossesses prématurées chez maintes jeunes filles. Les pédagogues nous ont toujours enseigné que les enfants apprennent par imitation ; tout ce qu’ils voient. Ils sont tentés à l’imiter. Alors, les images et les vidéos qu’ils voient, ils les prennent pour de l’argent comptant et brusquement, sans aucun discernement pour savoir si ce sont des vérités et si elles sont adaptées à nos réalités, ils les mettent en pratique. C’est ce qui engendre des dégâts énormes dans la société malienne et nous prenons tout cela comme étant de la civilisation.
Par ailleurs, de nos jours les enfants marchent quasi nus dans la rue et pour cause, l’aperçu des stars avec ces tenus dans les salles de concert ou dans les clips. Ils ne se demandent jamais si ces tenus constituent la vie quotidienne de ceux-ci. Tous les enfants, même de sept ans, ne parlent que du sexe, alors c’est la dérive ; le monde est à l’envers. La nuit, les rues du Mali se transforment en chambres closes ; si on se cachait pour faire ces trucs, de nos jours ils sont devenus une affaire de compétence. Les jeunes garçons et les jeunes filles prennent les rues en otage, on dirait des animaux.
Toutes les manières de vivre du Malien ont changé à cause de ces NTIC. Nous avons perdu nos valeurs et sommes devenus des acculturés. À force de vouloir devenir l’autre, nous avons oublié ce que nous sommes, mais pire ce que l’autre est également. Toutes les valeurs nous échappent. Ainsi, nous devenons des êtres étranges dans le monde ne connaissant même pas leur place au sein de ce monde. Par conséquent, nous détruisons ce monde inconsciemment ou consciemment à travers nos activités.
Outre ces aspects, reconnaissons aussi que ces technologies contribuent beaucoup à la croissance de la violence et surtout du terrorisme dans le monde dans la mesure où des recrutements terroristes se font en grande partie via les réseaux sociaux. La plupart pour ne pas dire que tous les maux de ce monde sont les conséquences néfastes de l’usage de ces technologies.
Par ailleurs, beaucoup d’enfants sèchent les cours en espérant sur le contenu du net. Ils se disent que tout ce que le professeur dira se trouve déjà sur le net, alors à quoi bon d’aller suivre les cours, alors qu’on doit comprendre que l’internet ne peut jamais remplacer l’intersubjectivité. Nos connaissances vont s’endormir lorsqu’on ne les confronte pas à celles des autres ; il faut frotter sa cervelle à celle des autres, et l’école en est le lieu propice.
Le but de ces outils
Ainsi, tous ceux-ci s’expliquent par le fait que ces technologies travaillent sur la sensibilité des enfants à travers des programmes sur la sexualité, la violence, le sensationnel. Quant aux concepteurs de ces programmes ou médias, Gilbert SIMONDON nous livre leurs intentions cachées en ces termes : « Le désir de puissance consacre la machine comme moyen de suprématie, et fait d’elle le philtre moderne. L’homme qui veut dominer ses semblables suscite la machine anéroïde. Il abdique alors devant elle et lui délègue son humanité. Il cherche à construire la machine à penser, rêvant de pouvoir construire la machine à vouloir, la machine à vivre, pour rester derrière elle sans angoisse, libérée de tout danger, exempt de tout sentiment de faiblesse, et triomphant médiatement par ce qu’il a inventé. »
Avec la masturbation intellectuelle qu’elles nous font, elles nous détournent le plus souvent de l’essentiel. Le temps qu’il convenait de prendre pour se cultiver est occupé à la manipulation de ces outils. L’épanouissement prend du coup de plus en plus le pas sur le travail à l’école, à la maison aussi bien que dans nos bureaux. On a tendance à comprendre finalement que les NTIC sont venues pour nous détourner de la réalité.
F. TOGOLA
Source : Le Pays