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Les athées sont-ils moins arrogants que les croyants?

Au cours des années soixante, la situation philosophique des Québécois était simple. Nous étions tous croyants et notre pensée était structurée par une seule religion. Cette uniformité était telle que si un parent, un ami ou un voisin omettait d’assister à la messe du dimanche, il était facile de l’identifier. Ces quelques cas particuliers dérangeaient l’ordre établi.

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Puis, au début des années soixante-dix, les citoyens ont rapidement abandonné la pratique religieuse. Quelques années plus tard, les fidèles qui se rendaient encore à l’église le dimanche étaient devenus les étranges qui dérangeaient le nouvel ordre établi.

Malgré l’abandon généralisé de la pratique religieuse, les Québécois sont demeurés très majoritairement croyants. Mais puisque l’Église était dorénavant considérée comme une institution rétrograde, la perception de Dieu s’est modulée. La contre-culture du « flower power », influencée par les philosophies orientales millénaires, a entraîné la société occidentale dans une mouvance où Dieu est devenu une force cosmique multiforme permettant à chacun d’y mettre sa spiritualité. Au passage, ces modifications permettaient tout de même de conserver l’essentiel, c’est-à-dire quelques espoirs d’éternité.

Au cours de cette période, les premiers citoyens à se définir ouvertement comme athées ont été les militants communistes. En affirmant que la religion était un opium qui conduisait à l’asservissement des peuples, ils distribuaient le journal En Lutte en abordant les passants avec une ferveur et un prosélytisme déconcertant. De ce point de vue, ils ressemblaient étrangement aux Témoins de Jéhovah ou aux disciples de Krishna. Ces communistes athées étaient des croyants qui avaient changé de dieu.

La plupart des études nous disent que l’athéisme est actuellement en progression importante à travers le monde, même si cette forme de pensée demeure toujours minoritaire. Il est également démontré que plus un pays est pauvre, plus il compte de croyants. À part les États-Unis, qui échappent à cette logique, il faut sans doute comprendre que la foi en un monde meilleur dans l’au-delà aide à supporter les malheurs sur terre. En ce qui a trait au Québec, un sondage CROP-La Presse, datant de 2013, nous dit qu’il y aurait environ 40% de non-croyants, athées et agnostiques confondus.

Depuis l’avènement des réseaux sociaux, certains athées prennent part aux débats qui traversent nos sociétés en adoptant un ton péremptoire qui ressemble encore à l’arrogance autoritaire que l’on reprochait aux croyants de jadis.

Alors que certains esprits rationnels s’investissent dans le dossier des changements climatiques en prenant un ton apocalyptique qui fait craindre la fin de monde à brève échéance, d’autres incroyants montent au créneau pour condamner le moindre signe religieux musulman, comme si les sociétés occidentales étaient menacées par les mêmes intégristes qui ont détruit la ville d’Alep en Syrie. D’autres encore, moins angoissés au plan identitaire, s’activent fébrilement pour fustiger sans relâche Donald Trump, comme s’il personnifiait l’Antéchrist et que la suite du monde dépendait de la somme de nos condamnations.

Chaque citoyen a tout à fait le droit de s’exprimer selon ses convictions, mais il est étonnant de constater que certains athées prennent position avec la même raideur intellectuelle qui caractérisait le tribunal de la Sainte Inquisition.

Chaque citoyen a tout à fait le droit de s’exprimer selon ses convictions, mais il est étonnant de constater que certains athées prennent position avec la même raideur intellectuelle qui caractérisait le tribunal de la Sainte Inquisition.

Il y a quelques années, une étude de l’UCLA a démontré que les croyants et les athées utilisent les mêmes zones de leur cerveau pour affirmer ou infirmer des phénomènes réels ou imaginaires. Lors de sessions de résonances magnétiques, les mêmes zones cérébrales sont activées lorsque les croyants et les athées sont soumis à des affirmations comme « les chats existent » ou « les dragons existent ».

Il va de soi que tout le monde est facilement d’accord pour affirmer l’existence des chats et reconnaître le caractère mythologique des dragons, mais la situation se complique lorsque les sujets sont confrontés à des affirmations surnaturelles de nature religieuse. Chez les athées, c’est la « zone des dragons mythiques » qui s’active, alors que les mêmes affirmations activent la « zone des chats » chez les croyants. Cette dissonance explique l’inconfort que les croyants et les athées peuvent ressentir lorsqu’ils prennent le risque de communiquer.

Quant à savoir s’il est possible d’avoir des convictions sans nécessairement considérer tous ceux qui ne pensent pas comme nous comme des imbéciles, l’étude ne le dit pas.

Que l’on soit croyant ou athée, il s’agit sans doute d’une qualité démocratique à développer.

 

Par Michel Pruneau

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