A la recherche d’une vie meilleure, la plupart des jeunes aides ménagères n’arrivent pas à atteindre l’objectif fixé : c’est-à-dire retourner dans son village avec de quoi s’installer dans leur futur foyer ou aider leurs parents. Elles sont facilement déviées de leur chemin dû au mode de vie citadine particulièrement les prédateurs qui ne cherchent que divertissement auprès d’elles.
Des centaines de filles venues de la campagne cherchent à être des aides ménagères à Bamako. Environ 70% de ces filles sont déjà mariées, fiancées et ou promises. Nombreuses d’entre elles sont venues pour travailler afin de se payer des ustensiles de cuisine, des habits ou pour aider leurs maris à meubler leurs chambres.
Sur 10 filles, seulement 5 arrivent à rentrer au village la tête haute. Les 5 autres, soit elles ne sont plus « vierges », soit elles tombent enceinte; ce qui pose problème au moment où elles doivent retourner chez elles au village.
Pour Maishata, mère de famille, ce genre de problème survient parce que les aides ménagères oublient l’objectif de leur venue à Bamako. « Elles pensent, qu’elles peuvent devenir comme des autochtones. Il y en a qui s’habillent indécemment et se dépigmentent. Dans cette situation, c’est évident qu’elles aient des copains et il faut voir les copains là aussi. Si ce n’est pas des réparateurs, des chauffeurs, apprentis et quelques fois des soulards. C’est de leur faute si après ses hommes-là les abandonnent en cas de grossesse. » Dénonce-t-elle.
Si des changements physiques, vestimentaires seraient à la base de l’échec de certaines aides ménagères, Djénéba DIALLO, aide-ménagère et mère d’un garçon de 2 ans ne partage pas cet avis. « Quand je suis venue à Bamako pour la première fois, j’étais innocente et naïve. Ma patronne était commerçante et voyageait fréquemment. Je restais avec ses deux enfants ainsi que le patron. Cependant, un jour le patron est venu me trouver dans la chambre et m’a demandé de coucher avec lui, dans le cas contraire il allait utiliser la force. Et c’est ce qu’il a fait, il a abusé de moi et ça à plusieurs reprise jusqu’à ce que je suis tombée enceinte. Quand la patronne a su cela, elle m’a remis 200.000 FCFA pour que j’avorte. Mais j’ai quitté la maison pour aller chez une tante. En gros que les aides ménagères s’habillent bien ou pas, il y aura toujours des victimes comme moi et je ne peux même pas retourner dans mon village pour ne pas avoir honte.»
La question que beaucoup se posent : est-ce que ces aides ménagères n’occasionnent pas ce qui les arrive ?
A cela, Zakaria SACKO, chef de garage trouve que « ces filles qui tombent enceinte et n’arrivent plus à retourner chez elles sont fautives. Elles passent leur temps à courir derrière les hommes. Dans mon garage, elles passent toute la journée surtout celles qui vendent des jus, des fruits, etc…La nuit aussi, je les vois souvent. Donc on ne peut pas dire qu’elles sont innocentes ou victimes, car ce sont elles qui favorisent tout cela. »
Aussi beaucoup de patronnes se plaignent du fait que les aides ménagères aiment trop les sorties nocturnes. L’argument avancé par la majorité était qu’elles se regroupent la nuit juste pour causer et se rappeler des moments passés au village. Cette fois-ci c’est au tour de Chiaka DIARRA, apprenti sotrama faisant partie d’un groupe de jeunes de la campagne de dévoiler les véritables raisons de ces sorties. « La nuit, on a un lieu de rencontre avec nos copines qui faites le boulot d’aide-ménagère. Il suffit d’acheter 100F CFA d’haricot et 100F CFA de spaghetti pour passer la nuit avec elle. Puisque c’est entre nous, ça passe vite quoi. » Nous confie-t-il.
Pour des raisons financières, quelques jeunes préfèrent avoir des aides ménagères comme copines. « Pas besoin d’acheter des mèches brésiliennes, des pommades coûteuses, des vêtements de marque. Avec les aides ménagères, 1000 FCFA suffit pour toute la semaine. Elles ne sont pas encombrantes. » Déclare Bréhima SOGOBA.
Ces mêmes raisons poussent certaines de ces filles à la débauche. Mariam TRAORE se plaint de son salaire 10.000FCFA/mois et dit avoir des copains qui lui donnent de l’argent. Pour elle, c’est une autre façon de gagner de l’argent.
La ville de Bamako a piégé de nombreuses aides ménagères qui sont obligées d’y rester et espérer un lendemain meilleur. Quelles soient victimes ou coupables, ces aides ménagères restent en marque de la société.
AFANOU KADIA DOUMBIA Stagiaire
Malijet