C’est une question qui divise profondément les Européens et qui sera au menu d’une réunion de crise des ambassadeurs des Etats membres organisée lundi 26 septembre à Bruxelles par la présidence tchèque. Faut-il accepter et accueillir dans l’Union européenne les citoyens russes en âge d’être mobilisé en Russie ? Le débat est vif dans les chancelleries depuis l’annonce de la « mobilisation partielle » décrétée par la Russie mercredi 21 septembre. Alors que près de 6 500 Russes se pressaient encore vendredi à la frontière russo-finnoise, les avis divergent.

L’Allemagne a offert, dès jeudi 22 septembre, d’accueillir les déserteurs de l’armée russe, « menacés de grave répression », selon la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser. Mais Prague et les pays baltes sont bien moins enthousiastes. Le ministre des affaires étrangères tchèque, Jan Lipavsky, a refusé, jeudi, de leur accorder tout visa humanitaire.

« Importants risques de sécurité »

Dans un tweet, son homologue letton, Edgars Rinkevics, considérait pour sa part que « de nombreux Russes qui fuient la Russie à cause de la mobilisation étaient d’accord pour tuer des Ukrainiens, ils n’ont pas protesté à l’époque. Ce n’est pas juste de considérer qu’ils sont des objecteurs de conscience. Il y a d’importants risques de sécurité à les admettre et il existe de nombreux autres pays hors de l’UE où ils peuvent aller ».

Cette analyse est partagée dans les pays baltes et en Finlande, qui souhaitent encore réduire les passages à leurs frontières. Début septembre, après avoir bataillé pour cesser de leur accorder des visas touristiques, les Etats baltes, la Pologne et la Finlande n’avaient obtenu, après d’âpres discussions au niveau européen, que de compliquer la procédure d’obtention de ces visas pour les Russes.

Depuis, ces Etats ont tout de même décidé de fermer, le 19 septembre, leurs frontières à ces touristes. Vendredi, la Finlande a annoncé son intention de réduire « significativement » leur venue. Cependant, « il y a des exceptions, précise un diplomate finnois. Les Russes disposant d’un visa permanent, de relations familiales ou de propriétés en Finlande peuvent toujours passer. De même, ils peuvent toujours venir pour des raisons humanitaires. »

A ce jour, le nombre de Russes demandant l’asile reste cependant infinitésimal dans le pays. « Depuis le début de l’année, on compte 417 demandes, contre habituellement de 200 à 500 demandes par an. Sur les deux derniers jours, on en a compté quatre », complète-t-il. Dans les faits, si le nombre de Russes tentant de passer la frontière a bien doublé cette semaine, les frontières ne sont pas prises d’assaut, contrairement à celles d’autres pays comme la Géorgie, la Serbie ou la Turquie.

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Source: Le Monde