Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, le président de la Fédération malienne de football, Boubacar Baba Diarra. Il est question, dans cet entretien, de la reprise du championnat et de nos différentes équipes engagées dans les phases finales africaines. Mais actualité oblige ! Le président de la Fédération malienne de football revient sur la tenue de l’Assemblée générale extraordinaire du 29 novembre prochain, à Sikasso.
AUJOURD’HUI : Monsieur le Président, où en êtes-vous avec les préparatifs de la saison 2016-2017 qui devra démarrer en principe en décembre ?
Boubacar Baba Diarra : Dans le programme du Comité exécutif ; il est prévu le démarrage de la nouvelle saison le 19 décembre 2016 avec le match de la super coupe qui opposera le Champion au vainqueur de la Coupe du Mali, à savoir Le Stade Malien aux Onze Créateurs.
Et quelles sont vos grandes préoccupations pour cette nouvelle saison, en tant que président de la Fédération malienne de football ?
Nos préoccupations pour réussir une bonne saison se concentrent en une atmosphère du football pacifiée, avoir la réalisation de meilleurs résultats dans toutes les catégories du football, aller le plus loin possible dans notre programme de développement du football dans tout le pays, notamment au Nord avec l’achèvement du programme de rénovation des terrains.
Cette nouvelle saison est vraiment exceptionnelle car il faudra préparer la participation de nos équipes nationales de toutes les catégories pour leur participation en phases finales des compétitions continentales. En aurez-vous les moyens ?
La préparation a déjà commencé pour toutes les catégories et certaines sont en phase de compétition comme l’Equipe nationale féminine et les Aigles B déjà en place à Lomé pour les compétitions de l’Uemoa. Mais nous devons préciser que les difficultés financières sont énormes et constituent la plus grosse difficulté que nous rencontrons pour la performance des formations nationales.
Monsieur le Président, l’environnement du football a été un peu vicié ces deux dernières années avec cette crise qui a été exporté jusqu’à Genève, notamment au Tribunal arbitral du sport et à la Fifa. Où en est-on avec cette affaire ?
Le Comité exécutif a été invité par le TAS à organiser une Assemblée générale sur la base de ses Statuts. L’exécution de cette sentence a été dénaturée par certains dont la lecture erronée fait croire que le Comité exécutif a refusé d’exécuter la sentence du TAS. Heureusement que la Fifa est intervenue, sur la demande du ministre des Sports, pour donner la bonne lecture en conformité avec les statuts de la Femafoot comme l’a préconisé le TAS. En termes simples, le Comité exécutif doit organiser une Assemblée générale extraordinaire qui est conforme à l’esprit des Statuts de la Fédération malienne de football comme demandé par le TAS. Cette décision n’est pas l’avis de l’opposition qui, semble-t-il, a décidé de ne pas assister à l’A.G. Extraordinaire au motif de forclusion du Comité exécutif ce, malgré l’intervention de la Fifa qui a réaffirmé son statut d’instance suprême du football mondial seule habilitée à prendre des sanctions en matière de football contrairement au TAS qui ne donne que des avis juridiques sur les litiges opposant les acteurs du sport.
Justement, cette Assemblée Générale Extraordinaire du 29 novembre prochain dont on parle tant. De quoi s’agit-il précisément ?
Il s’agit de redresser ce que le TAS considère comme un non respect de droits, en condamnant des individus sans les avoir entendus auparavant. Aussi, tous ceux qui ont été sanctionnés lors de l’Assemblée générale de janvier 2015 ont été invités à celle de Sikasso le 29 novembre. Ils pourront ainsi se défendre des griefs retenus contre eux et c’est seulement après que l’Assemblée générale de la Fédération malienne de football, en toute souveraineté, prendra sa décision. C’est tout simple.
En toile de fond de cette crise, il y a la question des dirigeants sportifs suspendus et dont on dit que l’Assemblée Générale du 29 novembre annule leur suspension car le Comité exécutif de la Fémafoot est tenu de les convoquer à ladite Assemblée Générale. Est-ce vrai et qu’en est-il de leurs sanctions ?
Le verdict sera prononcé par l’Assemblée générale. Nous ne pouvons pas anticiper sur des débats qui n’ont encore eu lieu. Si les concernés se présentent, et nous le souhaitons vivement, ils seront leurs propres défenseurs devant l’Assemblée générale, non pas devant le Comité exécutif. Nous ne pouvons pas anticiper sur les décisions de l’Assemblée générale à Sikasso, mais ce serait en toute responsabilité et séance tenante.
Pour en revenir à cette crise, Monsieur le Président, la Fifa s’est prononcée devant vous et le ministre des sports. Depuis lors, il y a beaucoup de spéculations. Mais quelle est exactement la position exprimée par la Fifa lors de cette rencontre ?
A Zurich, la première attitude de la Fifa a été de rapprocher les positions du Comité exécutif de la Femafoot et du ministre des Sports quant à la lecture à faire de la sentence du TAS. Ce point résolu, il a été décidé de commun accord la date de l’Assemblée Générale. Pour la compréhension de la sentence du TAS, la Fifa a convaincu le Ministre, à mon avis, le Comité exécutif de la Femafoot, pour la sentence du TAS, responsabilise à convoquer une nouvelle Assemblée générale selon ses propres statuts. Pour la date, il a été retenu le 29 novembre 2016 avec encore l’accord du ministre des Sports. Enfin, il a été demandé au Comité exécutif de la Femafoot de communiquer en toute urgence à la Fifa et au ministre des Sports, la liste du collège conformément à la liste des participants à l’Assemblée générale ordinaire de Janvier 2015. La Fifa a invité le Ministre, s’il le jugeait utile, de chercher à rapprocher les deux parties. En effet, une fois en possession du document, le Ministre a regroupé les deux parties opposées. Au cours de la rencontre, l’opposition a dit ne pas être concernée par Assemblée générale extraordinaire. Elle est restée sur une Assemblée générale ordinaire et sur l’idée que pour la sentence du TAS le Comité exécutif est frappé de forclusion. Le Comité exécutif se fonde sur les termes réels du TAS qui lui demande, à lui Comité Exécutif, d’organiser en respect de ses statuts une Assemblée générale. Et selon ses Statuts, le Comité exécutif ne peut organiser qu’une seule Assemblée générale ordinaire statutaire annuelle pour rendre compte au Conseil. Hormis cette Assemblée, toute autre Assemblée imposée ne saurait être qu’extraordinaire. Tels sont les textes et il est indéniable que la sentence du TAS ne concerne que l’extraordinaire pour respecter les textes. Les invitations ont été envoyées conformément à la réglementation et cette fois par voie d’huissier afin que preuve soit faite de l’invitation de chacun et de tous. Le droit de chacun est respecté. A Zurich, la position de la Fifa a été claire et précise : il faut organiser une Assemblée générale extraordinaire le 29 Novembre. Il faut inviter, selon les statuts, tous les acteurs de 2015 afin que chacun puisse s’expliquer et laisser le Conseil prendre ses responsabilités en conformité avec les textes. La Fifa a toutefois insisté sur la légitimité du Comité exécutif actuel jusqu’au terme de son mandat en octobre 2017.
Concernant le retrait de la délégation de pouvoir au Comité exécutif actuel, la secrétaire générale de la Fifa a clairement dit que le mandat du président du Comité exécutif est intouchable sur le dossier actuel, ne voyant pas une faute commise par lui. En agissant comme tel, le Ministre provoquerait une suspension automatique du Mali de toutes les compétitions de football du monde.
Monsieur le Président, ne craignez-vous pas que l’implication du ministre des Sports qui tentait de retirer la délégation de pouvoir à la Fémafoot pour installer un comité de gestion ne va pas assombrir l’environnement du football à l’avenir, notamment au niveau de vos relations avec le Département des sports ?
Je ne pense pas. Malgré l’atmosphère peu enviable, nos deux structures continuent à collaborer et à traiter ensemble les dossiers du football malien. C’est dire que l’Administration et l’Etat sont au-dessus des individus. Les hommes qui travaillent sur la même chaîne professionnelle ne sont pas obligés d’avoir des relations amicales ; mais tout juste des relations conviviales afin de prétendre à l’optimisation des résultats de leurs actions communes, de leur labeur.
Au vu de tout ce qui s’est passé, quel message lancez-vous en direction du monde du football malien ?
Notre message est une invitation à la retenue, au calme et surtout un appel au respect des textes pour le grand bien de notre football. Nos textes en vigueur et leur application doivent être au-dessus de tous. Nous restons positifs et faisons appel à toutes les volontés pour qu’ensemble notre contribution soit de qualité au développement de notre football. Notre credo est et demeure le développement du football malien. La force est dans l’union et les portes restent grandement ouvertes à toutes les bonnes volontés sans exclusive aucune.
Et quel est votre dernier mot ?
Nous souhaitons réussir une très belle saison en faisant porter très loin nos clubs et sélections nationales engagées dans les compétitions internationales. J’invite pour ce faire, tous les acteurs du football malien, à une communion des cœurs et des esprits.
Réalisé par A.B. HAÏDARA