Décidément, à chaque jour suffit sa peine dans la Venise malienne. Les drames se succèdent et ne se ressemblent guère. Si les pseudos terroristes n’attaquent pas les forces armées et de sécurité, c’est le fleuve Niger qui tue à petit feu à travers des naufrages chroniques. D’abord, la Venise a subi l’attaque terroriste contre une patrouille de l’armée vers la localité de Diafarabé, dans le cercle de Tenenkou où il y a eu un soldat mort et un autre disparu. Après, c’est une pinasse reliant Mopti à Niafunké qui chavire. Là, le bilan est lourd : 26 morts et 4 passagers restent toujours introuvables. Lesdits derniers événements ont eu lieu le mercredi 2 Septembre 2015. Pourquoi sommes-nous encore à ce point ?

A titre de rappel, en fin 2013, la pinasse Tombouctou avait chaviré dans cette même région. Et le gouvernement de l’époque avait entrepris un certain nombre de mesures susceptibles de  sécuriser les passagers et leurs biens sur le fleuve. Aujourd’hui, le constat est encore amer. Nous sommes revenus à la case départ. Car, aucune disposition ne semble être prise pour sécuriser davantage le secteur ou pour mettre tout simplement de l’ordre dans le transport fluvial à Mopti (une ville de transport fluvial par excellence). En tout état de cause, l’accident de ce 2 septembre 2015 témoigne à suffisance qu’il y a un manque crucial de dispositions nécessaires. Si les responsabilités doivent être, bien évidemment, situées, il est de même impératif de mettre en place des mesures urgentes, notamment l’équipement des pinasses de canaux de sauvetage, le contrôle du nombre de passager et du poids des bagages, etc. L’équipement de la gendarmerie fluviale, le contrôle strict des transporteurs de Pinasse et autres moyens de transport fluviaux; l’application stricte des textes régissant le secteur et enfin, la mise en œuvre des  sanctions si besoin y est, constituent les seuls moyens pouvant réduire les pertes en vie humaine et les dégâts de matériels sur le fleuve Niger.

Quant aux attaques terroristes contre les forces armées maliennes, c’est le fruit du théorème de l’attaque et de la défense qui existe dans la 5ème région. Dans la Venise malienne, si les extrémistes n’attaquent pas une localité ou l’armée, il n’y a pas d’intervention. Or, le plus souvent, tous les déplacements, les faits et gestes de ces terroristes doivent être obligatoirement suivis par les agents de renseignement. Pourquoi ne pas les démanteler avant qu’ils ne nuisent à la population ? Selon certaines indiscrétions venant de Tenenkou, des terroristes prient tous les jours dans leurs mosquées et cohabitent, le plus souvent, avec la population. Est-ce qu’on doit les laisser nous surprendre ? Je pense que non. Donc, le gouvernement, à travers l’armée malienne doit prendre ses responsabilités pour sécuriser les populations sur tous les plans.

Alfousseini Togo

Source: Le Canard de la Venise