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Le ministre Bathily et les syndicats de la Justice : Œil pour œil ; dent pour dent

C’est désormais la guerre de tranchées qui est ouverte entre le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mohamed Ali Bathily et les Syndicats de la justice regroupés au sein d’une grosse fronde. Ces derniers accusent le chef du Département de tenir des discours populistes et va-t-en guerre qui ternissent l’image de la famille judiciaire.

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C’est en substance ce que l’on peut retenir de la conférence de presse animée le 1er mars à la Maison de la presse par le Cadre de concertation de la famille judiciaire. Un cadre de concertation composé des trois différents Syndicats de la justice, à savoir le Syndicat autonome de la Magistrature (Sam) du président Issa Traoré ; le Syndicat autonome des greffiers, secrétaires de greffes et parquets de Hadia Djoumassy ; et du Syndicat libre de la Magistrature (Sylima) d’Adama Yoro Sidibé. Les trois responsables de ces Syndicats ont décidé de se donner la main dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de leurs militants, et surtout dans la dénonciation de ce qu’ils appellent les méthodes incongrues du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mohamed Ali Bathily.

 

 

Dans leurs propos liminaires, les conférenciers ont campé le décor en dévoilant les conditions «misérables» dans lesquelles ils mènent leur profession. C’est ce qui les avait d’ailleurs amenés à déposer un cahier de doléances sur la table du gouvernement. Celles-ci portent, entre autres, sur l’application de la loi N°02-054 du 16 décembre 2002 portant statut de la Magistrature, la relecture des textes, l’attribution des parcelles à usage d’habitation aux membres de la famille judiciaire, la réouverture de la passerelle entre le corps des magistrats et le corps de greffiers, la formation des agents, l’allocation d’une indemnité spéciale aux greffiers en chef, l’allocation d’une indemnité de participation aux judicatures…

 

 

 

Par ailleurs, les conférenciers s’indignent en ces termes : «Le monde judiciaire connaît depuis l’arrivée aux affaires du nouveau Garde des Sceaux (Mohamed Ali Bathily), une brusque montée de fièvre. On ne cesse de clamer qu’il s’agit là d’une politique hardie de lutte contre l’impunité, la corruption et la mal gouvernance. Vivement si c’est vraiment de cela qu’il s’agit…Mais, certaines méthodes peu orthodoxes que nous observons malheureusement dans le traitement de certains dossiers impliquant des magistrats et cette espèce d’avalanche de mots assez durs dans les médias, nous laissent perplexes».

 

 

 

En outre, ils disent ne pas être d’accord avec le ministre Bathily par rapport aux mandats décernés. Selon eux, ces mandats concernant quatre magistrats, un greffier et un clerc d’huissier, ne s’imposaient pas.

 

 

 

Il est également reproché au ministre son non-respect de la présomption d’innocence dont bénéficient leurs camarades. Aussi, les Syndicats de la justice regrettent la non-tenue à date de la première Session de la Cour d’assises. Cette session devrait s’ouvrir normalement le 24 février 2014 et s’étaler sur 21 jours au cours desquels 120 affaires devraient être jugées. «Nous ne comprenons pas les raisons de ce report. Au temps de Malick Coulibaly, le Mali s’était inscrit dans la tradition des bonnes pratiques en matière criminelle…», fulmine le président du Sylima, Adama Yoro Sidibé.

 

 

 

A noter aussi que les présidents des trois Syndicats déplorent le ton va-t-en guerre du Garde des Sceaux, chaque fois qu’il fait une sortie dans les médias. A titre illustratif, il aurait tenu ces propos dans un journal de la place, en dénonçant le laxisme dans l’affaire du maire du District de Bamako : «Le mardi, je ne voudrais pas que le Procureur qui est en charge de son dossier me dise qu’il n’est pas en prison. S’il n’est pas en prison, c’est le Procureur qui y irait pour recel de délinquants. C’est moi qui le ferai poursuivre pour recel de délinquant et lui, ira. C’est clair !». Plus loin, dans le même journal, le ministre aurait déclaré : «…J’ai demandé que la Sécurité d’Etat surveille tout magistrat en charge des dossiers».

 

 

Pire, selon eux le ministre de la Justice qui est un membre de l’Exécutif, s’immisce dans les affaires judiciaires. Surtout en allant dire à Bruxelles, devant les partenaires étrangers, qu’il a fait mettre des magistrats en prison, il crée le trouble chez ses interlocuteurs et dessert le Mali. Car, on se dit : «Ah bon, au Mali un ministre peut faire mettre quelqu’un en prison ! La Justice n’est donc pas indépendante ! Méfiance, méfiance, méfiance…».

 

 

Enfin, les Syndicats de la justice déplorent que le ministre Bathily ait tenu publiquement des propos inexacts quand il affirme : «A chaque fois qu’on touche à un magistrat, c’est des menaces de grèves. Qu’ils aillent en grève !».

 

 

Tout en se disant ouverts au dialogue, les Syndicats de la justice invitent le ministre Bathily à plus d’écoute et à mettre un peu d’eau dans son vin. «Nous aurions bien voulu, comme on le dit, laver le linge sale en famille. Mais, puisque le ministre Bathily adore la propagande et les propos populistes, désormais, nous nous ferons entendre, même s’il faut passer par les grèves. Qu’il sache qu’à partir d’aujourd’hui, nous sommes prêts à lui répondre coup pour coup. Nous ne nous laisserons plus faire», conclu Issa Traoré, président du Sam.

 

 

Bruno LOMA

SOURCE: Le Flambeau

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