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Le Mali sous IBK : Le temps des magouilles !

Jamais dans l’histoire de la République, un régime ne s’est autant signalé par sa propension  à s’accaparer, détourner et gaspiller les ressources de l’Etat. Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keita offre une désolante image ; celle d’un pays livré à des magouilleurs (nationaux et étrangers) sans foi, ni loi. Retour sur les gros scandales du mandat.

Ce n’est guère un secret : 5 ans de  mandat, le régime IBK  présente un tableau sombre en matière de gouvernance. Dès le départ, le rêve qui avait porté Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir en septembre 2013, s’est mué en cauchemar. Le mythe qui le (IBK) faisait passer pour « L’homme intègre » ou encore « L’homme à la probité sans reproche », n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir. Au contraire, les Maliens ont découvert dans les premiers actes de cet homme des signes évidents de rupture entre ses discours et la réalité. Le peuple découvre un régime corrompu avec des scandales à répétition.

Les Ressources allouées à l’armée ?

Dans un rapport publié  en  avril  dernier, le Parena (Parti pour la renaissance nationale) a fait des révélations accablantes sur des magouilles et des surfacturations qui ont entouré l’achat d’équipements pour l’armée malienne. Les Maliens « ont le devoir de s’interroger sur la vraie destination des centaines de milliards votés par l’Assemblée nationale pour mettre l’armée dans les conditions pour faire face à la menace djihadiste », a déclaré Tiébilé Dramé, président du Parena, en référence à la loi quinquennale de programmation militaire adoptée en 2015. Montant : 1.230 milliards de FCFA (1,875 milliard d’euros). Ainsi, dans un document étoffé, le Parena s’est en particulier interrogé sur l’exécution d’un contrat signé en juin 2015 au Salon du Bourget (France) avec l’entreprise brésilienne Embraer pour la vente de six avions de combat A-29 Super Tucano.

La société s’apprête “à livrer quatre appareils”, a révélé le Parena, ajoutant : “Où sont donc passés les deux autres avions?”. En outre, le parti de Tiebilé Dramé a dénoncé les conditions d’achat de deux hélicoptères Super Puma, dont un d’occasion, en espèces. Ce n’est pas tout, le leader du Parena exige que le président Ibrahim Boubacar Keita rende publics des rapports du Vérificateur général attestant de détournements des dépenses militaires. Alors que le rapport publié par le parti a aussi mis en exergue des disfonctionnements au niveau de la formation des pilotes. « La formation d’un pilote, selon des experts américains, se situe entre 20 et 35 millions de FCFA… Le Mali a signé un contrat de 3,78 milliards de F CFA pour la formation de 15 pilotes. Ce qui fait que la formation de chaque pilote est facturée à 250 millions FCFA… ». Ces révélations ne sont que la suite d’une longue série de scandales financiers qui ont jalonné le mandat d’IBK. En effet, dès le début de son mandat, le régime avait été ébranlé par une première affaire  d’achat d’équipements militaires aux FAMas. Ainsi, en 2014, était révélée aux Maliens la nature d’un marché de gré à gré de 69 milliards de FCFA attribué, en violation des règles des marchés publics, à un proche de la famille présidentielle, Sidi Mohamed Kagnassy, directeur général de la société Guo-Star Sarl et promu conseiller spécial du président. Avec l’avenant, le marché a finalement porté sur 108 milliards de FCFA. Le fait que le marché soit attribué de gré à gré est un piétinement flagrant des principes élémentaires de passation de marchés publics. Pire, dans le même contrat, les Maliens apprendront que  le ministre des Finances de l’époque, Mme Fily Bouaré, a couvert ce marché par  une garantie de 100 milliards de francs CFA. Des personnalités avaient profité de ces affaires pour se sucrer en se livrant à des surfacturations dont seules les Républiques bananières ont le secret. En février 2018, la Cour suprême avait condamné l’Etat à payer plus de 20 milliards de FCFA  à un fournisseur de l’armée. Cette affaire d’achat d’équipements militaires, ainsi que l’acquisition d’un avion présidentiel (40 millions de dollars), sans appel d’offres, avaient valu en 2014 au Mali des sanctions des institutions financières.

Bien d’autres marchés de ce genre existent, surfacturés et couverts par l’impunité. En avril 2016, le gouvernement a remis au MOC (Mécanisme opérationnel de coordination)  42 véhicules destinés aux patrouilles mixtes. La presse a rapporté que lesdits véhicules ont coûté à l’État 2, 300 milliards de FCFA, soit plus de 50 millions l’unité.  Le Parena (Parti pour la renaissance) a publiquement critiqué ce marché et sollicité l’intervention des pouvoirs publics pour sauver l’argent public. En vain!

 Un Régime abonné aux scandales

L’une  des  affaires qui aura le plus marqué  l’opinion publique reste celle liée à l’achat de l’avion présidentiel, acquis à la suite d’un montage financier opaque de type mafieux mêlant sociétés-écrans et hommes d’affaires douteux. Hors de toute inscription budgétaire, 20 milliards de francs CFA ont été sortis des caisses de l’Etat pour acquérir un Boeing 737 (non encore immatriculé au nom du Mali), alors même que le pays dispose d’un avion présidentiel (Boeing 727) en bon état et dont l’assurance contractée auprès de l’assureur londonien, Allianz, avait été renouvelée jusqu’en 2015.  Le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale étaient sortis de leur réserve pour exprimer leur mécontentement. Le Bureau du Vérificateur général a été commis par le FMI pour auditer cette affaire, ainsi que la section des comptes de la Cour suprême. Les rapports de ces deux structures de contrôle sont accablants : des surfacturations comprises entre 29 milliards et 38 milliards sont décelées. Pis, aujourd’hui encore, nul ne sait si l’avion « acheté » appartient au Mali.

Comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle affaire dite « des 1000 tracteurs » a été révélée à l’opinion malienne toujours par le Parti pour la renaissance nationale (Parena) qui, après investigations, est parvenu à cette conclusion : « la passation dudit marché n’a pas respecté les règles régissant le code des marchés publics ». Selon le Parena, il y a eu  une procédure irrégulière et frauduleuse de gré à gré déguisé, un délit d’initié et des surfacturations qui ont fait perdre à l’État  plusieurs milliards de francs CFA.

Un autre scandale qui a éclaboussé le mandat d’IBK : l’attribution des 1552 logements sociaux de Tabacoro, dans laquelle il a été orchestré une véritable magouille à ciel ouvert. En plus des ministres de la République et des cadres de l’administration, le ministre de l’Habitat de l’époque Dramane Dembélé a distribué des villas « sociales » à la famille de l’ancien  Premier ministre Modibo Kéïta. Ainsi, sous IBK, le Mali est entré dans une nouvelle ère des logements sociaux. Désormais, tous les bénéficiaires doivent avoir un caractère particulier : être militant ou sympathisant d’un parti de la mouvance présidentielle, ou avoir un lien avec un président ou un membre des institutions de la République.

L’impunité érigée en règle

L’impunité comme moyen de gouvernance. Voilà une des caractéristiques du mandat du président, Ibrahim Boubacar Keita. Sinon comment comprendre le sort réservé  aux différents rapports du Vérificateur général. Son dernier rapport ne fait  que confirmer, une fois de plus, une tendance accablante à savoir , l’ampleur du phénomène de la corruption et de la délinquance économique et financière, dans notre pays. Comme dans les rapports précédents, les vérifications financières au titre de l’année 2017 font également état de graves faits de gestion… Ainsi, ont-elles mis en exergue des irrégularités financières d’un montant total de 23,28 milliards de FCFA dont 6,96 milliards de FCFA au titre de la fraude et 16,32 milliards de FCFA au titre de la mauvaise gestion.

En somme, il ressort des rapports du Bureau du Vérificateur général, une déperdition financière d’un montant total cumulé de 75,75 milliards FCFA, dont 11,55 milliards au titre de la fraude et 64,19 milliards au titre de la mauvaise gestion.  Cependant, en 2013-2014, dans son rapport, le vérificateur général  était très précis. En deux ans, 153 milliards de francs CFA ont manqué dans les caisses de l’Etat malien à cause de la corruption et de la mauvaise gestion. Par exemple, afin de détourner des centaines de millions de francs CFA, des travailleurs ont fabriqué des faux documents pour justifier des dépenses.

Le vérificateur et son équipe ont découvert également de nouvelles formes de fraudes. Plusieurs services de l’Etat sont concernés. Leur astuce ? Commander par exemple officiellement, sur papier, une machine dernière cri, et à l’arrivée, avec le fournisseur, s’arranger pour réceptionner une machine d’occasion. Cela permet de détourner la différence. Autre procédé pour s’enrichir, plus simple celui-ci : le non reversement au Trésor public des ressources collectées.

Le rapport donne beaucoup d’autres exemples et l’on se rend compte que les délinquants à col blanc sont plus nombreux que jamais au sein de l’administration malienne et au sommet de l’Etat.

En 2015, lors  de son rapport, le Bureau du Vérificateur général (BVG) a effectué des vérifications financières dans des services de différents ministères et autres, relativement à certaines opérations d’exécution budgétaire. Ces vérifications ont mis en lumière plus de 70, 13 milliards de FCFA dont 32,78 milliards de Fcfa  par  fraude et  35,5 milliards pour mauvaise gestion.

Face à cette situation, IBK et ses  gouvernements se sont plutôt illustré par des propos d’estrade ou le déni. Il n’est que de regarder notre télévision nationale, pour se demander sous quels cieux nous nous trouvons.  Comme quoi, les Maliens ne sont pas au bout de leurs souffrances. D’ailleurs, comment espérer au changement quand le président IBK ne semble avoir aucune considération pour les maigres ressources de l’Etat? Comment espérer encore au changement quand des pratiques frauduleuses (marchés de gré à gré) deviennent normales et courantes ?

Mémé Sanogo

 

Source: L’ Aube

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