Il ne s’agit plus de chercher à connaître qui aiment Ibrahim Boubacar Keïta ou qui ne l’aiment pas. Il ne s’agit pas non plus de se concerter pour décider s’il est possible de lui accorder un répit pour qu’il puisse rectifier la trajectoire malsaine et dangereuse qu’il a imprimée à la marche de l’État, ni de perdre du temps à chercher à savoir ce qui adviendra s’il rendait le tablier. Ce qui urge, c’est de le contraindre au plus vite à la démission pour que le peuple puisse procèder rapidement au nettoyage des écuries…d’IBK; Augias, roi d’Élide, à part la référence, n’a pas une immense écurie ici. Le peuple malien suffit d’ailleurs pour être son propre Héraclès.
S’il est vrai que la République, pas plus que ses institutions, ne peut se passer de vertu chez ses serviteurs, force est de reconnaître que le Mali, troisième république au compteur depuis 1960, connaît dramatiquement, depuis 2013, une gouvernance chaotique marquée par des prédations d’une ampleur génocidaire. En effet, l’écrasante majorité du peuple malien a la certitude que dès que IBK s’est emparé des rênes de leur pays, la saison désastreuse du délitement de l’État a été ouverte, marquée par une gestion littéralement calamiteuse à laquelle n’échappe aucun segment vital étatique. Cette situation de chaos et de désespérance est arrivée à un point si culminant que ce sont les cadres mêmes au cœur du système pourri qui révèlent désormais des secrets d’Alcove insoupçonnés. Récemment, l’un d’eux à qui nous exprimions notre étonnement quant à sa lassitude, nous répondit sur Telegam par le mot du grand Léon Bloy : “Que diriez-vous de celui qui laisserait empoisonner ses frères de peur de ruiner, en les avertissant, la considération de l’empoisonneur ?”Assurément, aujourd’hui comme hier, si tant est que les Maliens sont des frères et des soeurs, le Mansa IBK ne peut être que l’empoisonneur national. Voilà pourquoi les citoyens changent radicalement d’attitude face au régime dont les ravages dépassent l’entendement, comme s’ils se passaient régulièrement le mot de la bonne et combattante religieuse Sainte Catherine de Sienne : “《Assez de silence! Déliez des milliers de langues! Je vois qu’à force de silence, le monde est pourri…. Les Maliens, eux, réagissent selon l’injonction du curé d’Ars : “Il faut parler, il faut crier”. Deux étapes indispensables pour arriver à sonner le tocsin.
L’exigence citoyenne est à ce niveau. Partout le peuple quitte la réserve pour monter résolument au front. Attitude historique : chaque fois que les pillages, les vols, les dérèglements multiples deviennent irrémédiablement la trame de la conduite d’un autocrate, les peuples se lancent à son assaut et ne manquent pas de procéder à un nettoyage à grande eau. Or, les Maliens sont aujourd’hui pris à la gorge. Indéniablement, tel Dereck Chauvin, le policier blanc américain mettant durant huit minutes son genou mortel sur le cou de son compatriote noir Georges Floyd, depuis sept ans le régime en place serré la gorge de ses conciroyens avec une pression asphyxiante. Exagération ? La lumière et le bruit sont les pires ennemis des malfaiteurs, jetons un peu de lumière sur les méfaits du fossoyeur de la nation. Pour guérir la plaie, il faut l’exposer à la lumière, dit-on.
La déception est grande
Rappelant les énergiques philippiques qu’Ibrahim Boubacar Keïta a régulièrement décochées contre ATT lors de la campagne présidentielle de 2007, un communicateur traditionnel a remercié Dieu en disant sur les réseaux sociaux que si les Maliens ne l’avaient pas porté aux commandes de l’État pour constater à leur grand désappointement qu’il est en fait le plus grand traître à la patrie malienne, ils seraient sans doute aller sur la tombe de l’homme, par vénération et pour maudire les dieux qui ont refusé de lui accorder la chance de son vivant d’être le Président du Mali dont il aurait fait le paradis terrestre, pour écrire l’épitaphe : “Ici repose IBK, le grand homme qui a manqué au Mali”. …
Il y a de quoi aller à de tels excès, tant la déception est grande, au delà du descriptif. Quelles missions régaliennes d’un État IBK a-t-il réussi en sept ans? Pas une seule. L’école, de qui dépend l’avenir des enfants et de la nation, est une écœurante dégringolade. Les chances de la redresser de si tôt sont moindres. L’insécurité est partout. Les populations sans défense sont régulièrement attaquées, endeuillées, voire décimées. Par intrigues, mensonges et vaudevilles constamment répétés par le Président, le nord est en passe d’échapper pour de bon à l’unité nationale. Kidal est même une république en attente d’être proclamée. Quant à la corruption par ses différents véhicules, elle porte sur l’évasion des milliards, avec la fâcheuse conséquence pour les emplois qui, même à portée de main, ne se créent pas, au grand dam de la jeunesse qualifiée.
L’armée nationale a été transformée en un gigantesque trou noir financier, non pas que les militaires sont des crapules, mais parce que les proches cercles du régime font des programmations militaires un bonneteau digne des cartels de la drogue. D’ailleurs, le gouvernement du Mali a autorisé des groupes mafiosis à venir cultiver de la drogue sur nos terres. Pour en revenir à l’armée nationale, la grande institution souffre énormément. Quelques 1330 milliards de nos francs ont été utilisés en son nom, mais elle n’a eu, pour ses missions, que des blindés en carton, des avions Tucano ramassés dans les épaves du Brésil. Même l’eau potable demeure problématique dans les casernes militaires. Il n’y a qu’à voir la corvée pour l’eau à laquelle sont astreintes les populations maliennes singulièrement celles de Presque tous les quartiers de la capitale ainsi que les épouses de militaires au camp de Kati, la plus grande garnison militaire du pays . . L’énumération n’est pas exhaustive. Complétez, Maliens!
Amadou N’Fa Diallo
Source: L’Aube