Le Syndicat National des Chauffeurs et Conducteurs Routiers du Mali (SYNACOR-Mali) a tenu, le jeudi 30 janvier, à la Maison de la Presse, une assemblée générale. Ce, pour se pencher sur les défis qui minent le secteur des chauffeurs. L’occasion mise à profit par Moctar Dabo, secrétaire général du SYNACOR-Mali, et Seydou Bocoum, porte-parole du syndicat, pour annoncer 72 heures de grève.
Ainsi, c’est parti pour « Yelema 2020 » du Syndicat national des chauffeurs du Mali (SYNAOCR Mali). Pour la cause des chauffeurs, hommes comme femmes, tous étaient vêtus en t-shirts blancs, sur lesquels étaient lisibles « Le droit à l’INPS, à l’Assurance maladie obligatoire (AMO), au contrat de travail ». Sur la banderole, les syndicalistes avaient brandi le slogan « ‘’Yelen 2020’’ », exprimant le droit aux logements sociaux pour les chauffeurs, voire l’application « stricte » des conventions collectives pour les intéressés.
Ouvrant la séquence d’interventions, Moussa Keita, secrétaire administratif du SYNACOR-Mali, dira que le but de l’assemblée générale est d’évoquer les problèmes auxquels les chauffeurs du Mali sont confrontés. Ces défis concernent, entre autres : la facilitation d’accès aux logements sociaux pour les chauffeurs, l’inscription de ceux-ci à l’AMO et à l’INPS, la réclamation des arrêtés interministériels signés pour la cause des chauffeurs, mais tombés malheureusement en désuétude. « Le Mali est un pays qui n’a aucun point débouché sur la mer, donc manque de port. Ce sont des chauffeurs qui représentent le port par le transport des marchandises », souligne Moussa Keita.
Pour sa part, le porte-parole du syndicat, Seydou Bocoum, a exposé huit (8) points de revendication : l’application de la convention collective dans le pays à travers la signature de contrats de travail à durée déterminée (CDD) ou à durée indéterminée (CDI) entre les chauffeurs et leurs employeurs ; le respect strict de l’arrêté N°006/M6 DB, portant sur la régularisation de la circulation et le stationnement des gros porteurs dans le district de Bamako ; la protection des personnes et de leurs biens à travers l’aménagement des parkings de stationnement des gros porteurs dans les frontières du Mali.
En outre, les syndicalistes ont insisté sur le respect strict des arrêtés interministériels N°2492/MET-MET-MJ-MSIPC du 14 novembre 2002, fixant les taux des amendes forfaitaires en matière de circulation routière, et mettant fin à toute forme de tracasseries et de rackets. Ils recommandent la création des conditions d’accessibilité des chauffeurs aux logements sociaux ; la prise en compte du taux de « freinte » découlant de la charge, du transport, et de la décharge des produits pétroliers.
Aux dires du porte-parole, la responsabilité de ces pertes de volumes enregistrées lors du transport des carburants a toujours été imputée aux chauffeurs. Il a expliqué que les employeurs enlèvent sur les salaires et primes des chauffeurs, toute perte de volume de litre de ces produits pétroliers enregistrés lors du transport. Le SYNACOR Mali exige le respect « strict » des arrêtés interministériels N°1529/MT-MSPC MEF-MC-MAT du 29 mai 2017 et N°08/MET-MSIPC-MF-MEA-MEP-MA-MEIC-MATCL-SG du 26 novembre 2008.
Seydou Bocoum trouve « insupportables » les conditions de vie et de travail des chauffeurs. Selon lui, ces derniers passent le clair de leur temps au travail, mais sans bénéficier du repos annuel, a fortiori de la retraite. Ils peuvent faire plus de 20 à 30 ans de services, et se retrouver avec « zéro franc », une fois devenus incapables de servir leurs employeurs. Et de faire comprendre au public que nombreux sont ces chauffeurs qui, après une dizaine d’années de service, se voient licenciés par leurs patrons en cas d’accident, de problème de véhicule, ou d’autres petits problèmes. « Ils sont utilisés sans aucun contrat, et licenciés sans aucun droit », regrette M. Bocoum.
Pour Mme Coulibaly Adam Coulibaly, « aucun chauffeur n’a été décoré au Mali. Il faut que les chauffeurs soient 100% mis dans leurs droits, puisqu’ils contribuent beaucoup dans l’économie du pays ». A la fin de l’assemblée, les syndicalistes ont fait part d’une grève de 72H qui commence le 19 février prochain. Cet arrêt de travail concerne les conducteurs de « sotramas, taxis, gros porteurs, camions-bennes, citernes, corbillards, les motos tricyclistes » sur l’ensemble du territoire.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays