Première tournée africaine et premier discours très attendu, hier, mardi 28 novembre, d’Emmanuel Macron à Ouagadougou. Le président français s’est exprimé pendant près de deux heures dans un amphithéâtre devant 800 étudiants de la capitale burkinabè. Des propos à dominante économique et sociale, mais beaucoup l’attendaient aussi sur la politique. Sur ce terrain, le chef de l’Etat français s’est montré assez prudent.
Sur la forme, ce discours a été incontestablement une rupture. Jamais avant Emmanuel Macron, un président français n’avait pris le risque de parler devant quelque 800 étudiants africains et de répondre à des questions qui n’étaient pas filtrées. La preuve, leurs mots incisifs contre les troupes françaises au Sahel ou contre le franc CFA.
Sur le fond, cela se discute. Sur le plan sécuritaire, le chef de l’Etat a rendu hommage à son prédécesseur, François Hollande, qui a envoyé des troupes au Mali. Il s’est donc placé dans la continuité. Sur le plan politique, il a salué la jeune démocratie burkinabè qui a « gagné » un combat pour la démocratie, a-t-il précisé. Il a dénoncé ceux qui pensent avoir le même pouvoir pendant des décennies, mais il n’est pas allé plus loin : « Je ne veux pas donner de leçon ».
Finalement, c’est peut-être sur les terrains économique et sociétaux qu’Emmanuel Macron a vraiment montré sa différence. Plus d’entreprenariat, plus de mobilité avec ce visa de circulation de longue durée pour les Africains diplômés en France, plus de volonté aussi de lutter contre l’impunité avec cette promesse qu’il fera tout pour faciliter l’extradition au Burkina Faso de François Compaoré. « Il n’y a plus de politique africaine de la France », a clamé Emmanuel Macron. Peut-être, répond l’opposant burkinabè Ablassé Ouédraogo, mais il reste une politique de la France pour l’Afrique.
Publié le 29-11-2017