La rentrée judicaire solennelle 2021-2022 des cours et tribaux du Mali a eu lieu ce jeudi, 18 novembre, au cœur de la cour Suprême du pays. L’évènement était placé sous la présidence du colonel Assimi Goita, président de la transition, en compagnie de Moustapha Cissé, Bâtonnier de l’ordre des avocats, du procureur général de la cour Suprême, Mamoudou Timbo.
De prime abord, le président de la transition a rappelé aux magistrats que le Mali fait face à une dégradation continue des institutions sécuritaires. Laquelle est due à la métastase du terrorisme partout dans le pays. Dans son discours, le colonel au pouvoir expose que l’éradication des menaces asymétriques qu’imposent les forces du mal « exige la combinaison d’une multitude de solutions ». L’expansion du terrorisme au Mali crée de fait, dit-il : un sentiment d’instabilité systématique avec son lot de pertes en vies humains ; des déplacés internes ; et des risques de famines au sein des populations, reconnait le président de la transition. Malgré les divergences de vues des uns et d’autres, surtout en matière de gestion du pays, le surnommé « Asso » admet que chaque malien doit tout à cette patrie, un patrimoine commun de tous. « Nous devons tout à ce grand Mali qui nous a tout donné. Nous devons donc, à l’unisson, nous précipiter à son chevet », a-t-il lancé. Aux magistrats des tribunaux et cours, le président intérimaire a révélé que certaines des localités occupées par des terroristes ont été récupérées par les forces de défense et de sécurité maliennes. « Suite à l’intervention des forces armées maliennes, certaines zones, occupées par des terroristes, ont été, en grande partie, libérées », a-t-il annoncé, déplorant que les militaires maliens et les citoyens lambda continuent d’être victimes d’attaques venant des ennemis de la paix, les semeurs de terreur. La guerre, même asymétrique, coûte très chère, indique Assimi Goita qui rappelle que le terrorisme est toujours financé. Certes la lutte contre le terrorisme par l’armée est une nécessité, mais au-delà de cette option, ajoute-t-il, il y a lieu de comprendre que le terrorisme est une activité lucrative qu’il convient de combattre autrement. Cela, clarifie le président, en s’attaquant aux sources de financement. Pour le colonel, l’une des méthodes pour vaincre ce mal à la racine est de renforcer l’arsenal juridique dans le but d’étouffer le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux. Pour mener à bien ce combat, il estime que la mise en place et le renforcement d’un cadre juridique approprié doivent se faire. Profitant de l’occasion, il a mis sur la création de la CENTIF, l’OCLEI, l’Office central des stupéfiants. Des structures qui, dans le cadre de la lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux, ont vu le jour au Mali. Se focalisant sur le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, Assimi Goita a fait part aux magistrats que le Mali dispose des textes luttant contre les phénomènes. Evoquant l’existence d’une criminalité transnationale, il précisera qu’« au regard du rôle incontournable de la justice dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux, la formation des acteurs de la chaine judiciaire demeure une exigence, car, dit-il, il serait illusoire de se limiter à l’application des textes et autre instrument juridique, pour prétendre lutter efficacement contre les fléaux que sont : le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux ».Pour finir, il invite les uns et les autres à dénoncer les pratiques de corruption, martelant que le financement du terrorisme et le blanchiment de capitaux freinent le développement du pays, voire minent la bonne gouvernance. La lutte contre ces fléaux sera vaine sans une justice engagée, a-t-il dit, transmettant ceci aux magistrats : « L’heure n’est plus au discours, mais aux actes. Agissons donc pour la survie du Mali, j’ai foi en vous ».
Quant au procureur général de la cour suprême, Mamoudou Timbo le thème de cette rentrée porte sur « le rôle de la justice dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ». D’après lui, des pratiques consistant à faire trainer des affaires au niveau de la justice doivent cesser. S’agissant du système faisant en sorte que les délinquants économiques et financiers criminels jouissent de leurs avoirs, après s’être retirés d’affaire à la justice. La rentrée des cours et tribunaux marque la reprise officielle du travail des activités de la justice, après une période de vacances, ajoute le Bâtonnier Moustapha Cissé. « Le Barreau du Mali a toujours été un barreau citoyen. Ce même barreau est déterminé à rester garant des libertés et droits des citoyens », a-t-il promis.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS