A l’exception du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta et du ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationales, Abdoulaye Diop, tous les membres du gouvernement et ceux du Conseil national de transition ont été sanctionnés par la CEDEAO. Au-delà des principes, ce qui pourrait se cacher derrière ces sanctions de l’organisation sous régionale, c’est la renonciation aux ANR et au partenariat entre le Mali et Wagner.
Ça y est. La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient de mettre en application les sanctions individuelles annoncées contre les autorités de la transition au Mali. Le mercredi dernier, elle a publié une liste de 149 personnalités du gouvernement et du Conseil National de Transition (CNT) dont le premier ministre Choguel Kokalla Maïga et le président de l’organe législatif, le colonel Malick Diaw. Parmi les autorités de la transition, seuls le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, et le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, sont épargnés des sanctions.
Selon la CEDEAO, « l’imposition de sanctions ciblées est susceptible de créer une atmosphère favorable au retour de l’ordre constitutionnel et à l’État de droit, ainsi que qu’au maintien de la paix et de l’intégrité territoriale du Mali ». Les membres de famille de ces personnalités sont aussi concernés par les sanctions. « Des sanctions sont imposées contre les individus et les groupes qui ont été identifiés, y compris les membres des autorités de Transition et des autres institutions de la Transition. Ces sanctions seront étendues aux membres de leur famille », a-t-on indiqué.
Les deux facteurs qui ont motivé la sanction
Deux décisions du gouvernement malien : la tenue des Assises nationales de la refondation et un possible partenariat entre le Mali et la société paramilitaire russe Wagner, dérangent la communauté internationale, notamment la France et la CEDEAO.
Si au Mali, les Assises nationales de la refondation sont considérées comme une rencontre au cours de laquelle le destin du Mali sera décidé par les Maliens, eux-mêmes, elles sont vues par la communauté internationale et les opposants politiques comme une mise en scène pour prolonger la transition. Donc à travers cette sanction, l’organisation sous régionale souhaite que le gouvernement qui a déjà avoué son incapacité à organiser les élections à temps, à renoncer aux assises et aux différentes reformes pour respecter la durée de la transition en organisation la présidentielle. Ces sanctions, dans un premier temps, est un appel à l’abandon des ANR dont les autorités tiennent à la tenue comme les prunelles de leurs yeux.
Le second facteur, selon notre analyse, pourrait être lié à la question d’un possible partenariat entre le Mali et la société paramilitaire russe, Wagner. La France s’est opposée à une collaboration entre le Mali et cette société russe. Cette question est d’ailleurs à la base de la tension diplomatique entre Bamako et Paris. Cette sanction de la CEDEAO pourrait être un blocage à ce processus. Et si les élections sont organisées suite à la pression de la CEDEAO et qu’un président est élu démocratiquement, l’intervention de Wagner aurait difficilement lieu.
B. Guindo
Source: LE PAYS