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Le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé hier sur RFI : « IBK est très absent. Nous ne l’entendons pas et ne voyons pas les actions qu’il pose »

Fraîchement désigné à l’unanimité par le Bureau exécutif national de son parti, l’Union pour la République et la Démocratie (URD), l’honorable  Soumaïla Cissé, lors d’un passage à Paris, s’est prêté aux questions de RFI. L’insécurité à Bamako, l’accord paraphé le 1er mars dernier à Alger pour la paix et la réconciliation au Mali, la gouvernance IBK. Le leader de l’opposition parlementaire estime que sur les grands sujets de la nation, IBK brille par un silence assourdissant.  » Il est très absent. Nous ne l’entendons pas, nous ne voyons pas les actions qu’il pose « , a-t-il déclaré. Avant de souligner que la notion de l’Azawad pose problème et que la mise en œuvre de l’accord pourrait entrainer la division du pays.

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A la question de savoir ce que va changer le nouveau statut de l’opposition dans la vie démocratique du Mali, le challenger d’IBK à la présidentielle 2013 dira que ce qui est important pour une démocratie, c’est de bien asseoir les contre-pouvoirs. « Aujourd’hui chacun se dit qu’il faudrait pouvoir expliquer les dérives qui peuvent exister dans notre pays. Bien avant ce statut, nous avons eu à prendre notre courage à deux mains, à dénoncer les programmes de mauvaise gouvernance, à dénoncer les mauvaises décisions prises parfois par le gouvernement, et la population a été bien éclairée et a bien apprécié cela. Un pays, pour que sa démocratie soit vivace, a besoin d’une opposition forte, une opposition responsable. Et on doit montrer qu’on est républicain, qu’on accepte la démocratie et le fait majoritaire « , a-t-il déclaré.

« La notion d’Azawad pose problème »

Abordant les questions relatives au bourbier de la crise sécuritaire au Nord du pays, Soumaïla Cissé a rappelé que  l’opposition a analysé froidement ce qui est sorti des discussions d’Alger. Ce que nous avions souhaité, a-t-il expliqué, c’est de pouvoir participer à cette discussion bien avant les négociations dans la capitale algérienne. « Malheureusement, nous n’avons pas été écoutés. Aujourd’hui, je pense que si cela avait été fait, les explications auraient été meilleures. Négocier en tenant compte des aspirations des Maliens, en tout cas à travers ses représentants, je crois qu’on aurait avancé », a-t-il relevé. Et d’ajouter que les partis d’opposition avaient noté  des dérives et des choses difficiles à accepter par rapport à la gestion du nord sous le magistère du président Ibrahim Boubacar Kéita. « Nous avons dit que le calendrier est très serré, qu’il y a beaucoup d’engagements sur les dates et que si les dates ne sont pas tenues, il est évident que l’une ou l’autre partie pourrait dire « écoutez, vous n’avez pas respecté vos engagements « , et la confiance qui est déjà très faible va s’étioler. Nous avons dit que la notion de l’Azawad pose problème. Considérer que l’Azawad est une entité mémorielle, historique, pour nous, ça cache quelque chose. Et les dernières revendications de la coordination le prouvent. Ça, ce sont des risques énormes de division du pays « , a-t-il expliqué.

Concernant la nécessité pour le gouvernement de faire des concessions lors des négociations, M. Cissé dira qu’il faut certes faire des concessions ; mais qu’elles ne doivent pas devenir  des compromissions. Sinon, a-t-il indiqué, il est évident que «demain le Mali va le payer très cher».

« Le chef de l’Etat  interpellé »

Quid de l’impasse dans laquelle le pays se trouve maintenant par rapport à la situation au nord ? La réouverture des négociations est-elle à exclure, comme le souligne le gouvernement ? Soumaïla Cissé dira que c’est le chef de l’Etat qui est interpellé ; et qu’il est le garant de la Constitution, de l’unité nationale, de l’intégrité du pays, de la laïcité du pays.  » Il doit prendre une initiative. Bien sûr, si on arrive à faire signer les mouvements, il y a déjà une base de départ sur laquelle on peut commencer à travailler « , a-t-il ajouté.

L’ancien président de la Commission de l’UEMOA s’est montré favorable à des discussions directes entre Maliens, car avec la médiation, dira-t-il, c’est bien, mais la mise en œuvre dépend des deux parties. « Et ces deux parties doivent se mettre d’accord sur les lignes qui sont écrites. Est-ce que nous interprétons les choses de la même façon ? On peut arriver à un moment donné à ce que les textes soient presque lus ensemble pour être sûrs que les interprétations ne vont pas nous créer d’autres problèmes ».

Répondant à une question relative à l’insécurité à Bamako et en particulier le récent attentat dans la capitale malienne, le chef de file de l’opposition malienne dira que ce drame était plus ou moins prévisible. Avant même l’attentat, a-t-il expliqué, l’opposition avait écrit au chef de l’Etat pour dire « attention il y a des cellules dormantes! ». L’attentat du restaurant « La Terrasse » n’a fait que révéler ces craintes prémonitoires. « Les mesures sécuritaires idoines ont été largement insuffisantes pour faire face à la situation. Et même après l’attentat de La Terrasse, on n’a pas senti une grande mobilisation à ce niveau […]. Et il appartient au président d’affirmer un leadership et ce leadership passe par une adresse à la nation, par un travail avec les forces vives de la nation « , a-t-il précisé.

IBK inaudible ?

A la question de savoir s’il trouve que le président de la République est trop absent, le président de l’URD a donné une réponse affirmative. « Je pense qu’il est très absent. Nous ne l’entendons pas, nous ne voyons pas les actions qu’il mène. Et le résultat est loin d’être là ». Cette absence ou cet effacement du chef de l’Etat, à en croire Soumaïla Cissé, s’étend à d’autres domaines de la gouvernance comme la lutte contre la corruption. « Nous avons eu à parler de la mauvaise gouvernance, nous avons déposé des motions de censure, il a fini lui-même par nous donner raison en limogeant des membres du gouvernement qui sont concernés. Mais ça s’est arrêté là. Les Maliens ont besoin d’être rassurés sur ce dossier aussi et ça tarde à venir « , a-t-il dénoncé.

Pour l’ancien candidat malheureux à la présidentielle 2013,  la démocratie malienne manque de dialogue  et le président de la République « n’affirme pas un leadership qui permet de donner le sentiment d’avancer réellement. Aujourd’hui c’est le stade de la construction, c’est le stade de la réaffirmation d’un Etat qui s’est beaucoup affaibli ces dernières années. Et ça nécessite que le contre-pouvoir fonctionne, que le gouvernement et la majorité soient à l’écoute de ce qu’on dit. Quand on dit qu’il y a corruption et que les faits sont avérés, il faut prendre les décisions. Il ne faut pas que l’impunité s’installe », a-t-il plaidé.

A le croire, la vie démocratique malienne manque encore de force. Elle mérite d’être mieux suivie, mieux appréciée et que chacun se sente concerné. « Le fait de s’exprimer dans un pays, par des gens responsables, ne peut que faire avancer les choses « , a-t-il conclu.
Bruno Djito   SEGBEDJI

SOURCE : L’Indépendant

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