En réaction à ce qu’ils considèrent aujourd’hui comme un «acharnement», les amis du Général Sanogo ont décidé de lever le voile sur les agissements de certains membres du COPAM, de MP22, d’IBK 2012 et même du FDR censé être le front anti-putschiste par excellence. De petites révélations entre amis d’hier et ennemis jurés au jour d’aujourd’hui.
« Pourquoi s’acharnent-ils aujourd’hui contre le Général », s’interroge-t-on dans l’entourage du Général Sanogo ? « Ils étaient pourtant tous là et le soutenaient fermement dans toutes ses entreprises… Il n’y a pas d’homme politique qui ne l’ait pas fréquenté au moment des faits. Qu’il s’agisse de ceux du COPAM, du MP22, d’IBK 2012, du FDR… Tous lui disaient de garder le cap…, de résister à la pression… Aujourd’hui, ils le trouvent infréquentable ».
Afin de corroborer ses déclarations, notre confident (il est très proche du Général) évoque cette anecdote : «en novembre 2012, le capitaine d’alors a reçu une délégation du FDR représentée par Iba N’diaye, Fatoumata Siré entre autres. Contrairement à ce qui se disait, le Front pour la Démocratie et la République (FDR) n’était pas opposé à la tenue de la convention nationale. Iba a même souligné qu’il s’agissait seulement de revoir certains points à l’ordre du jour. Il a par ailleurs ajouté que le FDR était illégal puisque n’ayant pas de récépissé. Ses propos ne furent pas du goût de Fatoumata Siré qui l’a sèchement rappelé à l’ordre en lui disant qu’il n’était pas convenable de sa part de fournir les armes pouvant servir à les abattre tous… Et pour mettre tout le monde à l’aise, le capitaine a rappelé que le comité (CNRDRE) non plus, n’avait pas de récépissé».
Selon notre interlocuteur, tous (les hommes politiques) ont courtisé le capitaine. « Aucun d’entre eux, contrairement à ce que l’on pouvait croire, ne lui a craché ses prétendues vérités. Tous se montraient conciliants, voire partisans… Ils disaient tous que le peuple le soutenait, qu’il faille alors garder le cap… Après les réunions, certains insistaient pour un entretien privé avec lui souvent dans la nuit au delà de 21 heures… Ils voulaient tous des faveurs… Certains des postes au sein de l’administration, d’autres de l’argent liquide…».
Et au porte-parole de fait du Général de rappeler cette autre anecdote : « par crainte d’une éventuelle dérive à la faveur d’une réunion à Kati, le capitaine a fait appel à l’archevêque de Bamako et au prêcheur Ousmane Cherrif Haïdara pour jouer le rôle de modérateur. Mais savez-vous que l’on n’a finalement pas eu besoin de leur concours ? Et pour cause. Tous les participants à la réunion, à savoir, les membres du FDR, COPAM, IBK 2012, MP22, tous, sans exception, se sont montrés dociles, complaisants et à la limite adorateurs du capitaine… L’imam Ousmane Cherrif Haïdara et l’archevêque de Bamako peuvent témoigner».
S’adressant certainement au COPAM, au MP22 et au groupe IBK2012, notre interlocuteur précise : «ils venaient nous voir pour organiser des manifestations et occuper les rues de la capitale, en soutien au capitaine et contre la pression étrangère… C’était leur initiative et le capitaine leur fournissait les moyens».
Rappelons à raison que les deux premiers regroupements (COPAM et MP22) ont clairement pris partie pour le coup d’Etat pendant que le dernier (IBK2012) n’a jamais, de manière officielle, affiché sa tendance pro-putschiste quand bien même, ses responsables et non des moindres, aient pris part aux manifestations évoquées.
L’on est, en tout état de cause, en droit de s’interroger sur les raisons de cette autre sortie des proches du Général Sanogo. La frustration et le sentiment d’être trahi n’en sont certainement pas étrangers. Aujourd’hui poursuivi par la justice de son pays pour ses présumées responsabilités dans la disparition de militaires, le Général se sent en effet abandonné, voire enfoncé par ceux-là qu’ils le courtisaient dans un passé très récent. «Ils estiment aujourd’hui que Sanogo est infréquentable… Seulement aujourd’hui ! Le Général pour sa part, pense qu’ils sont tous des opportunistes… ».
Parlant de la «guerre des bérets» et de la récente mutinerie à Kati, notre interlocuteur soutient : «n’oublions pas dans les deux cas, que c’est le Général qui a été attaqué. C’est lui la victime, pas le bourreau… Quelque temps avant l’assaut des « Bérets-rouges », il a même envoyé des émissaires à Abdine pour l’inviter à ne pas exécuter son projet… Il l’a quand même fait ! ».
A propos des disparitions, voire des morts, le Général ne sent pas concerné, du moins, à en croire ses proches :«Il n’a ordonné aucun enlèvement, aucune tuerie ! Il s’est contenté de se défendre… ».
Rappelons qu’une procédure judiciaire est en ce moment en cours pour élucider l’affaire. Le juge d’instruction en charge du dossier a délivré un mandat d’amener contre le Général Sanogo ainsi que 16 autres militaires et policiers présumés impliqués dans la disparition d’une vingtaine de militaires («bérets-rouges»). Mais au motif que le juge instructeur est partial, l’accusé entend le récuser. Signalons à stade, qu’un accusé n’est pas en droit de récuser un juge d’instruction. Il peut cependant soumettre des suspicions légitimes à la chambre d’accusation qui appréciera.
B.S. Diarra
PRÉCISION :
Dans notre livraison du lundi 11 novembre 2013, sous le titre « Le camp Sanogo menace », nous attribuons les confidences au «Colonel Soumaré» non sans avoir précisé que «le nom et le grade sont fictifs ». La coïncidence voudrait qu’il existe un «Commandant Soumaré» ayant justement servi à Kati. Il ne s’agit nullement de cet officier que nous ne connaissons ni d’Adam ni d’Eve. C’est seulement le souci de préserver l’anonymat de notre interlocuteur conformément à son vœu que nous avions attribué un nom et un grade fictifs. Il ne s’agit donc pas du «Commandant Soumaré».
La Rédaction