L’intervention du Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, à l’occasion de l’examen par le Conseil de Sécurité du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali, a été délivrée le 7 avril 2022, à New York par l’Ambassadeur, Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, SE Issa Konfourou.
Le diplomate malien a entamé son intervention par la nécessité du retour à l’ordre constitutionnel au Mali. Pour l’Ambassadeur, Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, cette question figure parmi les priorités du Gouvernement de Transition, car les Maliens tiennent à la démocratie. « Cependant, il ne faut surtout pas perdre de vue que l’instabilité politique et institutionnelle devenue chronique au Mali prend son origine dans les élections mal organisées et dans la mauvaise gouvernance. C’est pourquoi, le Gouvernement de la Transition tient à faire quelques réformes majeures visant notamment à assurer une stabilité des institutions et un avenir meilleur aux populations maliennes. Il y a lieu également de créer les conditions minimales de sécurisation pour permettre la tenue des élections. Le Gouvernement reste engagé dans le dialogue avec la CEDEAO dans ce sens, y compris sur la durée de la Transition ».
Par ailleurs, le Gouvernement du Mali demande la levée immédiate des sanctions injustes, illégales, illégitimes et inhumaines prises par la CEDEAO et l’UEMOA. A cet égard, a-t-il rappelé, la Cour de justice de l’UEMOA a ordonné le sursis à exécution des sanctions prononcées par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA le 24 mars 2022. « Le Gouvernement du Mali constate avec regret, qu’en dépit de la double notification qui leur a été faite, par le Mali et par la Cour, malgré l’impact humain et social sur les populations, la Commission et la Conférence des Chefs d’Etat n’ont daigné exécuter cette ordonnance pourtant d’exécution immédiate et insusceptible de recours ».
Selon le messager du ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, sur le plan sécuritaire, le Gouvernement continue d’intensifier les efforts pour le recrutement, la formation et l’équipement des Forces de défense et de sécurité maliennes, en vue de renforcer leurs capacités opérationnelles. Ces actions donnent des résultats très encourageants sur le terrain. « Depuis décembre 2021, les Forces de défense et de sécurité maliennes poursuivent leurs vastes offensives à travers le pays, infligeant de lourdes pertes aux groupes extrémistes, y compris la neutralisation des chefs terroristes. Ces opérations ont permis de détruire plusieurs bases terroristes ; plusieurs interpellations ont eu lieu et une quantité importante de matériels de guerre a été récupérée. Elles ont enfin renforcé le sentiment de sécurité des populations entrainant ainsi le retour aujourd’hui dans leur localité d’origine de plus de 80 000 personnes déplacées internes », a-t-il expliqué.
Il a profité de l’occasion pour revenir sur les rumeurs relatives au recours à une société de sécurité privée par le gouvernement. A cet effet, il a affirmé que le Mali n’a pris aucun engagement de cette nature. « Le Mali entretient une relation de coopération fructueuse d’Etat à Etat avec la Russie et ce, depuis 1960. Et c’est à la faveur de cette coopération avec la Russie que le Mali continue de se procurer du matériel militaire pour sa sécurité et c’est aussi à la faveur de cette coopération que des formateurs et instructeurs russes se trouvent actuellement au Mali pour conseiller et former les militaires maliens à l’utilisation de ce matériel acquis par le Mali auprès de la Fédération de Russie».
Concernant les évènements de Mourah et suite aux allégations d’exactions présumées commises sur des civils dans la période du 23 au 31 mars 2022 dans ladite zone, le diplomate a fait savoir à l’assistance que le Procureur militaire a décidé de l’ouverture d’enquêtes par la Gendarmerie nationale pour mener des investigations approfondies afin de faire la lumière sur ces allégations, malgré les opérations militaires en cours. « Un transport judiciaire sera effectué très prochainement sur le site à Mourah par le Procureur militaire exerçant ses prérogatives de police judiciaire. Il sera accompagné d’un médecin légiste, d’une équipe de police technique et scientifique (PTS) et d’enquêteurs. L’opinion sera tenue régulièrement informée de l’évolution de ces enquêtes, dont les résultats seront rendus publics. En attendant les conclusions de cette enquête, nous appelons toutes les parties prenantes à la retenue, à éviter les qualificatifs de massacres, les allégations et autres accusations sans fondement proférées à l’encontre des FAMa, dans un dessein inavoué ». Par ailleurs, le Gouvernement reste préoccupé par la détérioration continue de la situation humanitaire au Mali. Cette situation humanitaire s’est davantage aggravée avec la mauvaise saison de pluie enregistrée l’année dernière, l’impact négatif des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA sur les populations, ainsi que l’insécurité dans les régions du centre du pays, zones de production par excellence. Pour alléger leurs souffrances, le Gouvernement travaille, avec l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux, à apporter l’assistance nécessaire à nos compatriotes en situation de vulnérabilité, a-t-il conclu.
Bintou Diarra
Source : Le Challenger