En effet, cette conférence-débat a marqué également la présence de Bassidiki Touré, président de l’ASSEP (Association des Editeurs de Presse Privée du Mali) et devant plusieurs Patrons de presse. Ainsi, le sujet étant délicat, le conférencier Koné a d’abord touché l’historique de l’aide à la presse commençant par l’aide directe. Il souligna que le principe de l’aide à la presse (Subvention publique versée aux organes de presse) a été adopté lors de la Conférence nationale et inscrit dans les lois portant délit de presse et régime de presse, notamment la dernière 00-046 du 7 juillet 2000 qui dit en son article 32 que ‘’l’Etat apporte une aide aux organes médiatiques qui contribuent à la mise en œuvre du droit à l’information et dans le cadre de leur mission de service public’’.
D’après lui, c’est en 1996 que l’Etat a commencé à l’exécuter dans le cadre d’un appui aux organes après la dévaluation du FCFA par un montant de 200 millions logé dans le budget de la présidence de la République. Elle était ainsi repartie initialement comme suit : 75 millions pour la presse écrite privée ; 75 millions pour les radios libres ; 10 millions pour l’ORTM, la même somme pour l’Essor, 30 millions pour la MP.
Selon lui, en 2012, le montant alloué aux médias a été de 91 millions soit moins de 50% de l’enveloppe de 200 millions. Toutefois, qu’il a été porté à 300 millions de FCFA entre 2017-2019. Mais, depuis deux ans, qu’aucune aide n’a été apportée malgré les démarches entreprises par les organisations faitières avec la MP en première ligne. « A partir de 2008, la clé de répartition a changé. Ainsi, les 200 millions sont partagés comme suit : 80 millions pour la presse écrite ; 80 millions pour les radios libres ; 34 millions à la Maison de la Presse ; 3 millions à l’ORTM et 3 millions à l’AMAP. Il faut mentionner que ces deux organes publics reçoivent déjà une subvention de l’Etat à hauteur de 70% de leur budget »a édifié le président sortant de la MP.
Dramane Aliou Koné fera savoir que le montant cumulé de 1996 à 2019 s’élevait à 3,2 milliards et que cette somme est partagée entre les rédactions. L’ancien président de la MP a précisé que jusqu’en 2003, c’est l’ASSEP et l’URTEL qui déterminaient chacune les critères du partage de leur enveloppe respective entre les différents organes. A cet effet, à partir de 2003, le Ministère de la Communication et des Nouvelles Technologies a mis sur pied une commission chargée de partager l’aide à la presse. Cette commission était composée des représentants de : Ministère de la Communication, Ministère de l’Administration Territoriale, Ministère des Finances, du Conseil Supérieur de la Communication qui a laissé la place à la HAC qui refuse de siéger, de l’ASSEP et de l’URTEL.
Ils fixent, dit-il, les montants en fonction d’un certain nombre de critères par un décret et un arrêté ministériel. Il s’agit donc entre autres : existence sous forme d’entreprise, de contrats de travail, d’immatriculation à l’INPS, du quitus fiscal, du bilan certifié, de la justification des fonds alloués de l’année précédente. Néanmoins, que ces critères n’ont presque jamais été rigoureusement appliqués.
En outre, M. Koné a fait quelques mises au point sur ce sujet. Il a dit que contrairement à certaines déclarations, que tous les directeurs ne se servent pas de l’aide pour s’enrichir ou pour acheter des voitures ou pour se marier. Cependant, que les organes de presse qui sont souvent très endettés sont obligés de s’acquitter de leurs dettes auprès des imprimeurs, de payer les arriérés de loyer, de payer les salaires des journalistes etc.
« Depuis 1996, c’est le même montant qui est toujours accordé aux journaux qui sont quand même passés de 23 à plus de 200 organes, suivant les années si l’on s’en tient aux rapports de la commission nationale d’attribution de l’aide publique, car, à chaque partage de l’aide, on enregistre de nouveaux organes qui remplissent les critères. Présentement, l’aide publique accordée aux médias privés couvre moins de 10% de leurs charges contre 45% dans les années 1990» a synthétisé l’ex président de la MP.
En parlant des montants de l’aide dans les autres pays de l’UEMOA, DAK a affirmé que le Mali a été le premier a initié cette aide mais qu’aujourd’hui, nous sommes le dernier à cause de l’insuffisance de cette somme. Il a pris comme exemple les données de 2014 : « Mali : 200 millions de FCFA ; Sénégal : 1 milliards 200 millions de FCFA ; Côte d’Ivoire : 1 milliards 75 millions de FCFA ; Burkina Faso : 300 millions de FCFA plus des aides spéciales en négociation ; Benin-Togo : 500 millions de FCFA et Niger : 400 millions de FCFA ».
Concernant les aides indirectes, le conférencier a souligné que jusqu’ici, en dépit des inscriptions de la même loi 00-046 du 7 juillet 2000 qui stipulent dans le même article 32 que les organes peuvent recevoir une aide indirecte, cela n’a jamais été apporté aux organes de presse. Ajoutant que l’Etat peut subventionner les charges d’électricité, de téléphone et les charges sociales des organes de presse. De même qu’un abattement fiscal sur les intrants d’imprimerie, notamment papier, encre, plaques et calques.
Les perspectives
En terme de perspectives, DAK a assuré que depuis quelques années, le monde de la presse se bat à deux niveaux précisément : l’aide à la presse pour que le montant soit sensiblement revu à la hausse et l’aide indirecte qui pourra se manifester sous la forme d’exonération, de facilités en termes de voyages professionnels, d’hébergement etc.
Pour conclure, il a parlé des actions en cours qui sont la relecture de la Loi portant régime de presse avec l’inscription d’une aide publique obligatoire aux organes de presse ; l’engagement d’une procédure d’indexation de l’aide à la presse au budget de l’Etat etc.
Par Mariam SISSOKO