De l’avènement d’IBK en 2013 à aujourd’hui, il y a eu quatre élections législatives partielles à travers le pays. D’abord à Yorosso dans la troisième région, puis en commune V du District de Bamako, ensuite à Ansongo et enfin celle qui vient d’avoir lieu dans la circonscription de Baroueli. Si elles ont été toutes remportées par la majorité au second tour, la dernière a suscité beaucoup d’intérêts et d’interrogations, tant pour la majorité que pour l’Opposition à cause de ses enjeux surtout à quelques encablures des élections présidentielles de 2018. Selon les résultats provisoires du ministère de l’administration territoriale, le candidat de l’ADEMA est en tête avec 54,34 % contre 45,66 % pour celui de l’URD. A l’analyse, 3 raisons semblent être à la base de l’échec du candidat Modibo Niaré de l’URD pourtant arrivé en tête au premier tour avec 28,74 %.
S’il est incontestable que l’URD est la première force montante du pays au regard des résultats obtenus dans les différents scrutins depuis 2013, il est tout aussi évident qu’elle a besoin d’une alliance forte pouvant défier la majorité dont jouit encore le Président IBK et qui a sans nul doute pesé de tout son poids dans la balance pour la victoire du candidat de la Majorité présidentielle, l’ADEMA. Cette défaite du candidat de l’URD semble s’expliquer par les 3 raisons que voici :
1ère Raison : La forte mobilisation des partis politiques de la majorité qui ont fait de cette partielle un défi de légitimité, d’où la descente sur le terrain de 5 ministres et des députés pour soutenir le candidat des abeilles. Pour atteindre à tout prix leur objectif, ils n’ont guère lésiné sur les moyens tant matériels que financiers. L’enjeu étant les élections de 2018, une victoire de l’URD la propulserait désormais comme la favorite, c’est pourquoi le président de la République lui-même aurait donné des consignes pour appuyer le candidat de l’ADEMA.
Zème Raison : Le manque de personnalité, d’ancrage et d’assise politique du candidat de l’URD qui s’est fait battre au 1er comme au 2ème tour par le candidat de l’ADEMA dans la commune où il est pourtant le Maire, à savoir à Konobougou. La défaite d’un maire dans sa propre commune est le signe évident d’un désaveu des électeurs de sa commune et un rejet de sa politique municipale rattrapée semble-t-il par sa très mauvaise gestion du foncier.
3ème Raison : La faiblesse, mais aussi le manque de représentativité et de visibilité des autres partis politiques de l’Opposition sur le terrain. Tout comme la Majorité a pu se tenir en blocs derrière son candidat, les partis politiques de l’Opposition auraient dû dans le même élan, voler à l’unisson au secours du candidat de l’URD pour tenter de contrebalancer la majorité. Mais ni le PDES, ni les FARE ANKA WULI, ni le PARENA, n’auront été capables d’être des soutiens de taille pour influer sur le cours des élections.
4ème Raison : La victoire de la Majorité présidentielle s’expliquerait aussi par sa stratégie bien pensée d’avoir choisi dans la même circonscription que le maire sortant à Konobougou leur candidat, dont le résultat a été le partage des électeurs entre deux fils du même terroir. L’autre clé de la victoire semble être le vote communautaire qui aurait poussé les peuls majoritaires à Konobougou à voter pour le candidat de l’ADEMA, Bourama Dicko, un peul bon teint.
En définitive, cette quatrième élection législative partielle perdue par l’URD toujours au 2ème tour après celle de Yorosso, de la Commune V et d’Ansongo, devrait lui permettre de faire une analyse approfondie et changer de stratégie en cherchant de nouveaux alliés si elle veut gagner les élections de 2018.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept