Plus d’une centaine de travailleurs ont été mis à la porte au laboratoire du groupe ALS. Tout est parti de l’organisation des travailleurs autour d’un Comité syndical pour défendre leurs droits. C’était en 2008. Le groupe ALS étant un laboratoire d’analyse de minerais, les travailleurs sont exposés à des produits dangereux et toxiques comme les acides nitriques et chlorhydriques, le borax et autres températures trop élevées. Toutes choses qui provoquent une élévation du taux de plomb dans le sang.
Les travailleurs affirment que le fait d’être exposés à ces produits a rendu malade beaucoup d’entre eux. Or, les textes en la matière exigent un contrôle médical tous les six mois. Les premiers résultats, en son temps, ont détecté deux cas de travailleurs chez qui le taux de plomb était élevé. Le Directeur Joseph Gyamera décide alors de prendre en otage les résultats. Ce britannique, d’origine ghanéenne, refuse tout mouvement syndical dans son entreprise et devient allergique à la presse. Certains travailleurs vont être licenciés parce que tout simplement ils auraient fourni des informations à des journalistes. D’autres vont être intelligemment mis à la porte à cause de leurs activités syndicales par des méthodes au-dessus de tout soupçon. De surcroît, ALS casse son contrat avec la société de sous-traitance qui a recruté ces travailleurs et procède à un nouveau recrutement avec une nouvelle structure de sous-traitance qui sera instruite de recruter tous les anciens travailleurs, à l’exception de ceux qui ont dérangé la Direction dans sa quiétude. Les réclamations se poursuivant, un grand nombre de travailleurs peuvent être mis à la porte le même jour pour des motifs différents. Certains pour motif économique, et immédiatement remplacés d’autres pour autres motifs. Gare au travailleur qui ose apporter une ordonnance pour réclamer sa prise en charge telle que prévue par les textes en la matière !
Et le directeur du groupe ALS, pour museler les travailleurs, n’a d’autre recours que ces licenciements. Ainsi, de 2008 à nos jours, cent trente-cinq travailleurs sont licenciés, soit un renouvellement total du personnel. Le Directeur Gyamera se refuse à tout commentaire. Son argument : il faut aller au siège d’ALS en Australie pour toute information. Parfois, il soutient que ces travailleurs licenciés ne sont pas des travailleurs d’ALS, parce que leur contrat a été convenu avec le bureau de placement ou la société de sous-traitance dont le contrat a été résilié.
Ces travailleurs licenciés luttent de nos jours, chacun à son niveau et chacun à sa manière, contre la maladie qui les a atteint en service. Pendant ce temps, de nouvelles recrues sont en train de s’infecter au laboratoire ALS situé en bas de la colline de Koulouba ; donc, à deux pas de la Présidence de la République du Mali. Et puisqu’ils travaillent dans les mêmes conditions que leurs prédécesseurs, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, ils vont sûrement tomber malades. De fait, ils seront licenciés sans droits et pataugeront dans les méandres de la justice, accompagnés par les mêmes mépris du «tout-puissant». Cela, avec la complicité de certaines autorités en place.
Sinaly KEÏTA