L’accessibilité des prix sur les marchés maliens durant ce mois de ramadan a été une chose étrange pour maints citoyens inhabituels de voir cela. Alors, nous avons tendu le micro à certains vendeurs afin d’avoir des explications à ce sujet.
Les réalités du marché sont toujours un paradoxe. Ce qui donne satisfaction aux clients fait le malheur des vendeurs et vice versa. Cette loi, s’il faut le dire ainsi est celle de nos marchés à ce mois de ramadan.
Alors que les clients se réjouissent des prix bas des condiments, les vendeurs de leur côté se lamentent. À la recherche des raisons ayant empêché les prix des denrées de première nécessité durant ce mois béni comme cela se constate d’habitude, nous avons tendu notre micro à quelques-uns. C’est ainsi que Awa, vendeuse de légumes au marché de Badalabougou, nous fait savoir que la grande chaleur qui règne actuellement est devenue une grande menace pour les condiments. « Les légumes ne supportent pas une chaleur trop élevée. C’est pourquoi nous essayons d’évacuer les condiments à des prix aussi bas ».
À Kalaban-Coro, Rokia partage les idées d’Awa. « Je suis obligée de vendre mes légumes à des prix bas. Si je ne procède pas de la sorte, je finirais par perdre non seulement le peu de bénéfice que je gagne, mais aussi l’argent que j’ai investi. Car les légumes sont trop fragiles pendant la chaleur et se pourrissent vite », nous a-t-elle confié.
Pour mieux nous assurer que ce phénomène ne concerne pas que le district, nous avons joint des femmes de Sélingué, des jardinières qui, non seulement cultivent leurs propres légumes, mais aussi les vendent. Dans ce cercle, les idées ne sont pas différentes de celles des vendeuses de la capitale. Les réalités sont les mêmes. La chaleur a réellement un impact sur les légumes. Selon Tanti Doumbia, maraichère et vendeuse de légumes dans le marché de Sélingué, malgré la quantité d’eau qu’elle verse sur ces plantes chaque jour, les légumes ne parviennent plus à supporter cette chaleur.
À l’en croire, elle n’arrive plus à s’en sortir : « Je perds mes bénéfices depuis au jardin avant même de les amener au marché ». Quant à Mariam Doumbia, vendeuse de feuille de patate et d’oignons dans le marché de Selingué, elle nous fait comprendre que les feuilles commencent à perdre leur couleur naturelle depuis au jardin à cause de ce brillant soleil. Or, précise-t-elle, les acheteurs n’aiment pas les feuilles jaunâtres. Ce qui me fait perdre mes bénéfices, déplore-t-elle.
À les entendre expliquer, tout porte à croire que la chaleur n’épargne ni les légumes ni les humains. Alors, il est temps de saisir les réalités du réchauffement climatique.
Djeneba Touré, stagiaire
Le Pays