Contre la décision des services de renseignements français de convoquer trois journalistes ayant enquêté sur la présence d’armes de fabrication française sur le front au Yémen, 17 ONG humanitaires et de défense des droits humains ont dénoncé ce 13 mai cette interpellation qu’elles qualifient de violation à la liberté de la presse.
Dans le cadre de l’enquête préliminaire pour « compromission du secret de la défense nationale » ouverte par le parquet de Paris, Geoffrey Livolsi et Mathias Destal du média d’investigation Disclose, et Benoît Collombat de la cellule d’investigation de Radio France étaient convoqués ce mardi 14 et mercredi 15 mai à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) suite à une plainte déposée par le ministère des armées. Ils avaient publié le 15 avril dernier que les équipements militaires français achetés par l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis sont engagés dans la guerre au Yémen avec un risque majeur d’utilisation dans des attaques illégales contre des populations civiles. Des notes classées « confidentielle défense » par la direction du renseignement militaire (DRM). Une information dont la confirmation sous pression par la ministre des armées, Florence Parly, pendant qu’un cargo saoudien venu au Havre pour charger du matériel français provoquera une vague mobilisation de la part des ONG et partenaires, dont l’ACAT, Amnesty International, la FIDH et l’observatoire des armements. Cela a obligé le navire à quitter finalement la France sans la cargaison prévue. Selon la RF…, les ONG signataires de cet appel estiment que les informations révélées par Disclose et ses partenaires sont d’un intérêt public essentiel, car, elles confirment le risque majeur que les armes de fabrication française soient utilisées dans des crimes de guerre au Yémen en contradiction avec les obligations internationales au regard du traité sur le commerce des armes, dont la France est par ailleurs, l’un des principaux défenseurs et de la proposition commune 2008/944/PESC de l’Union européenne. C’est pourquoi les ONG et leurs partenaires estiment que la menace de poursuite contre les trois journalistes constitue une atteinte inacceptable de la liberté de la presse et de la protection des sources journalistiques sans rappeler qu’elles sont aussi contraires aux assurances encore affichées ces derniers jours par le président de la République, la ministre des armées et le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, pourtant destinataires des notes de la DRM.
ISSA DJIGUIBA
Le Pays