Dans les tiroirs de l’ONU depuis 2012, le nouvel envoyé des Nations unies sur la question du « Sahara occidental », Horst Kohler, s’est décidé de remettre sur table, ce mercredi 5 décembre 2018, les négociations sur ce dossier vieux de plus de quarante ans, avec toutes les parties prenantes, au palais des Droits de l’Homme des Nations unies à Genève.
Depuis le retrait de l’Espagne en 1976 sur cette partie du territoire magrébin, elle n’a pas cessé d’être l’objet de vives tensions entre le Maroc qui la contrôle à 80% et le Front Polisario, un mouvement politique et militaire sahraoui qui n’a cessé de clamer l’indépendance de la zone.
Si les négociations avaient été suspendues depuis 6 ans à cause de la position farouche qu’avait chacune des parties, cette nouvelle rencontre risquera peut-être de faire bouger un peu les choses. Car, en plus de la présence de l’Algérie et de la Mauritanie, en tant que parties prenantes à la rencontre, le temps de la suspension a donné également lieu à un brassage de la population qui renforce mieux la position du Royaume marocain d’écarter l’option du referendum proposé par les Sahraouis depuis 1991, comme le confirme le président d’une institution marocaine, centre Sahara pour les études sur le développement : « On ne peut pas identifier qui est Sahraoui pour voter. Le Polisario a toujours présenté des chiffres faux, il n’y a jamais eu de recensement de la population des camps de Tindouf et ces gens-là n’ont même pas de réfugiés. Donc la question du referendum est dépassée. L’ONU était très claire avec la résolution 24-40 de saluer l’initiative marocaine de solutionner ce problème, ça veut dire l’autonomie élargie pour la région du Sahara ».
Mais certains estiment qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de cette rencontre dans la mesure où les Nations unies elles-mêmes n’ont pas mis la barre très haut, avec un ordre du jour vague et la forte pression de la communauté internationale, plus précisément, celle des États- unis qui craignent que tout blocage sur le Sahara occidental puisse avoir de lourdes conséquences sur toute la région. L’Algérie estime, quant à elle, que le blocage des négociations depuis 2012 est dû au Maroc.
Aujourd’hui, le contexte pourrait être favorable à une solution : au mois de février, la Cour européenne de justice a dénoncé l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc car l’accord prenait en compte les eaux des territoires revendiqués par les Sahraouis. Même si, la semaine dernière, le Conseil de l’Union européenne a adopté malgré tout cet accord de pêche, les autorités algériennes ont déclaré leur soutien aux responsables du Front Polisario et espèrent que l’ONU sera en mesure d’organiser une série de négociations.
Issa Djiguiba
Source: Le Pays