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La MINUSMA face à la situation sécuritaire au nord: incapacité ou négligence ?

Les Forces de défense et de sécurité maliennes, l’armée française et la MINUSMA continuent toujours d’être les cibles principales d’attentats perpétrés par des groupes terroristes.

Mahamat Saleh Annadif Representant Special Secrétaire General onu minusma soldat armee malien
Une MINUSMA qui peine toujours à mobiliser suffisamment de moyens pour accomplir les tâches qui lui ont été confiées ; des groupes terroristes, déterminés à saper le processus de paix ; le déploiement des 40 observateurs militaires de la MINUSMA, à la date du 18 mars ; des actes de banditisme qui menacent les civils, à Tombouctou, Gao et Mopti. Sont entre autres constats pointus qui se dégagent dans le dernier rapport du secrétaire général des Nation-Unies sur la situation de notre pays, en date du 18 mars 2016.

Si les parties signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali ont pris certaines dispositions relatives à la consolidation de la paix, notamment l’identification et le début de construction de trois sites de cantonnement; la situation en matière de sécurité ne s’est pas améliorée, malgré une accalmie relative sur le terrain entre les parties dont les responsables ont entretenu des rapports plus ou moins appréciables.

Faits marquant de sécurité
Selon le rapport de l’ONU, les Forces de défense et de sécurité maliennes, l’armée française et la MINUSMA ont continué d’être les cibles principales d’attentats perpétrés par des groupes extrémistes et terroristes.
«Malgré les accords intercommunautaires évoqués dans mon rapport précédent, de vieilles tensions ont persisté, en particulier à Ménaka. La MINUSMA peine toujours à mobiliser suffisamment de moyens pour accomplir les tâches qui lui ont été confiées, les conditions de sécurité l’obligeant à escorter des convois et à protéger des sites de cantonnement», relève le secrétaire général dans son rapport.
Sur la période, l’ONU indique que des attaques asymétriques de groupes extrémistes ont été perpétrées.
« Les groupes extrémistes et terroristes sont restés déterminés à saper le processus de paix et ont de plus en plus visé ses partisans, y compris les parties signataires, les civils, les fonctionnaires et les acteurs internationaux présents dans le centre et dans le nord du Mali. Les menaces et les campagnes d’intimidation menées par le Front de libération du Macina et Ansar Eddine à Mopti et par Al- Qaida au Maghreb islamique à Tombouctou se sont intensifiées, ces groupes ayant notamment eu de plus en plus recours à des attaques ciblées », regrette le responsable onusien dans son rapport.
Ainsi, le 17 décembre, des assaillants armés ont abattu trois civils, dont un journaliste, un étudiant et un prestataire local de la MINUSMA, devant les locaux d’une radio de Tombouctou.
Le 24 janvier, un soldat de la Garde nationale malienne a déjoué un attentat que deux hommes armés s’apprêtaient à commettre contre la résidence du nouveau procureur de Gao. Enfin, trois informateurs présumés des forces armées maliennes auraient été décapités dans la région de Mopti au cours de la période considérée.
Il faut également souligner que des groupes extrémistes violents et terroristes ont opéré tant au nord et au centre du Mali, que de part et d’autre de ses frontières. Le Front de libération du Macina a continué de menacer Mopti ; Al-Qaida au Maghreb islamique a conservé son bastion de Tombouctou ; et Ansar Eddine a continué de sévir à Kidal.
Le plus inquiétant, selon les constats d’experts onusiens, la coopération s’intensifie entre les groupes extrémistes et terroristes au Mali et dans tout le Sahel. Il a été, dans ce contexte, constaté que les trois assaillants armés qui, le 15 janvier dernier, ont attaqué un hôtel de Ouagadougou, avaient un mode opératoire similaire à celui de l’attentat du 20 novembre contre un hôtel de Bamako. Ces auteurs ont été également identifiés comme des Maliens.

20 attentats terroristes répertoriés
Durant la période considérée, la MINUSMA a relevé 20 attentats terroristes et actes d’extrémisme violent dont elle était la cible, contre 25 au cours de la période précédente. Ces actes hostiles ont causé la mort de sept soldats de la paix, d’un membre du personnel civil et de deux prestataires locaux, alors que deux soldats de la paix, un membre du personnel civil et un prestataire local avaient été tués au cours de la période précédente.
Ces attentats, de plus en plus sophistiqués, ont été perpétrés au moyen de roquettes ou de mortiers, d’engins explosifs improvisés ou de véhicules piégés conduits par des kamikazes, indique le rapport.
L’un des plus meurtriers a eu lieu le 12 février, lorsque des assaillants non-identifiés ont lancé une attaque complexe contre le camp de la MINUSMA de Kidal. En effet, pendant que les terroristes tiraient au mortier sur la partie nord du camp, un kamikaze en a forcé la porte sud à bord d’un véhicule piégé, faisant 7 morts et 53 blessés dans les rangs des soldats de la paix. Cet attentat aurait été revendiqué à la fois par Al-Mourabitoun et par Ansar Eddine.
La période considérée a également été marquée par 2 attentats commis contre les forces armées françaises et 19 contre les forces armées maliennes, lesquelles ont déploré 17 morts.
Les Forces de défense et de sécurité maliennes, les forces armées françaises et la MINUSMA ont, chacune, dans la mesure de leurs capacités et dans l’exercice de leur mandat, continué de contribuer à instaurer un climat de sécurité dans le nord du Mali. Suivant sa propre chaîne de commandement, la MINUSMA a mené des patrouilles coordonnées avec les forces armées maliennes et a continué de coordonner son action avec celle de l’armée française.

Des opérations antiterroristes transfrontières conjointes Mali-Burkina
Dans les régions de Mopti et de Ségou, l’armée malienne a conduit trois opérations antiterroristes qui ont permis l’arrestation d’au moins 13 terroristes présumés, dont la majorité venait de la communauté peulh.
Du 13 décembre 2015 au 16 janvier 2016, les forces armées burkinabés et maliennes ont mené des opérations antiterroristes transfrontières conjointes.
Le 29 février, la France et le Mali ont lancé une opération antiterroriste d’une durée d’un mois dans la région de Tombouctou.
En réaction à la hausse de la criminalité observée depuis fin décembre dans cette région, l’armée malienne a mis en place des points de contrôle à Tombouctou et a engagé des discussions avec la CMA et la Plateforme en vue de mener des patrouilles conjointes en dehors de la ville.
Par ailleurs, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), membre de la CMA, a, de plus en plus souvent, été pris pour cible par des groupes extrémistes et terroristes durant la période considérée. Le 24 décembre, il a déploré la mort de 11 de ses combattants à Talhandak, une localité sous son contrôle située dans la région de Kidal, près de la frontière algérienne, lors d’une attaque d’Ansar Eddine. 4 autres combattants, dont Balla Ag Cherif, le frère du Secrétaire général du Mouvement, Bilal Ag Cherif, ont été tués lors d’une embuscade tendue à un convoi des terroristes en riposte à leur attaque.
Le MLNA a accusé le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, (HCUA) dont les combattants se battaient par le passé aux côtés d’Ansar Eddine, de ne pas soutenir la lutte contre les terroristes.
De son côté, la MINUSMA a continué d’aider les Forces de défense et de sécurité maliennes à renforcer leurs capacités ; sa police continuant, quant à elle, d’apporter une assistance technique à une unité spéciale de la Police nationale et de la gendarmerie chargée d’enquêter sur l’attentat du 20 novembre.
Aux côtés du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, elle a également aidé les autorités maliennes à rendre opérationnelle une unité judiciaire spécialisée dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
Le 31 décembre 2015, les autorités maliennes ont pris 3 décrets nommant dans l’ensemble du Mali des magistrats essentiels, dont 2 Substituts du procureur, dépêchés auprès de cette unité.
Le Service de la lutte anti-mines de l’ONU a quant à lui formé plus de 40 officiers des Forces de défense et de sécurité maliennes à la neutralisation, à l’enlèvement et à la destruction des engins explosifs, ainsi qu’à l’atténuation des risques liés aux engins explosifs improvisés et à la gestion des munitions.

Surveillance
du cessez-le-feu
Au 18 mars 2016, les 40 observateurs militaires de la Mission avaient été déployés, dont 32 dans le nord où ils ont effectué 212 patrouilles et sont entrés en contact avec les dirigeants militaires des groupes armés signataires afin de surveiller les accords locaux de cessez-le-feu conclus entre la CMA et la Plateforme. Ils ont également mené, en collaboration avec les équipes mixtes d’observation et de vérification, quatre enquêtes sur de possibles violations du cessez-le-feu, à l’issue desquelles ils n’ont constaté aucune violation.
Les 18 et 19 février dernier, la Commission technique de sécurité s’est réunie pour examiner un rapport des équipes mixtes d’observation et de vérification sur les violations présumées du cessez-le-feu, commises le 15 janvier 2016 par les forces armées maliennes à Zinzin, dans la région de Tombouctou, et a conclu que ces allégations ne pouvaient être confirmées.
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix, le rapport note des progrès accomplis dans l’application de certaines mesures de défense et de sécurité de l’accord de paix au cours de la période considérée. En effet, le 29 décembre 2015, grâce au financement du Fonds pour la consolidation de la paix, la construction de deux zones de cantonnement a commencé à Likrakar (région de Tombouctou) et (région de Gao) ce qui a permis de donner des emplois à la jeunesse locale. La construction du site d’Ineggar (région de Gao) a démarré le 26 janvier 2016 après l’élimination d’explosifs potentiels par le Service de la lutte anti-mines.

Efforts louables du gouvernement
La Commission technique de sécurité a effectué une évaluation technique de 18 des 24 zones de cantonnement proposées par la CMA et la Plateforme, et en a approuvé 17. À sa réunion des 18 et 19 février dernier, elle a donné son feu-vert pour le lancement des travaux dans les cinq dernières zones (quatre proposées par la CMA et une par la Plateforme).
Le Gouvernement a également fait rapport son programme visant à fournir des rations à 14 400 combattants et du carburant au cours de la phase préalable au cantonnement, qui a permis d’apporter une contribution en nature aux combattants de la CMA et de la Plateforme en février.
La CMA et la Plateforme ont été priées de communiquer les listes de leurs combattants ainsi qu’un inventaire de leurs armements, condition préalable au lancement de la procédure de cantonnement.
Le 31 décembre 2015, le Président IBK a signé les décrets portant création des commissions nationales sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration et sur l’intégration.
La Mission a aidé le Gouvernement à accélérer la nomination des membres des deux commissions et à mener à terme la révision de la législation régissant le Conseil national pour la réforme du secteur de la sécurité, ce qui est essentiel pour faire avancer la procédure de cantonnement.
La MINUSMA, en collaboration avec la Banque mondiale, a continué d’aider les autorités maliennes à rédiger le descriptif de programme national de désarmement, démobilisation et réintégration.
Le Gouvernement a poursuivi ses efforts en vue de renforcer le contrôle démocratique du secteur de la sécurité et a organisé à cet égard, avec l’appui de la MINUSMA, indique-t-on. Un atelier, les 8 et 9 mars, a permis d’examiner le rôle de contrôle de l’Assemblée nationale et l’élaboration d’un plan stratégique triennal pour 2016-2019 et d’un plan d’action pour 2016 à l’appui de l’Assemblée nationale.
La Mission a aussi aidé les autorités maliennes à mettre en œuvre la loi de programmation militaire, à élaborer des politiques de défense et de sécurité et à réviser la stratégie nationale de gestion des frontières.

Protection des civils
Selon le rapport, les actes de banditisme armé constituent la plus grande menace pour les civils. 45% des incidents s’étant produits à Tombouctou et 25% à Gao et Mopti, relève le rapport.
Selon le secrétaire général, les menaces et les actes d’intimidation qui sont le fait de groupes terroristes et extrémistes et visent des civils, y compris les fonctionnaires et les informateurs de l’armée malienne, se sont multipliés dans les régions du centre et du nord.
Le personnel de la police de la MINUSMA a néanmoins effectué 2 479 patrouilles avec la Police malienne dans les zones urbaines.
En outre, la Force de la MINUSMA a adopté une attitude fondée sur la fermeté et la visibilité: elle a augmenté la fréquence des patrouilles de longue distance près d’Ansongo, Gao, Kidal et Ménaka, et utilise ses moyens aériens et ses drones pour surveiller les zones reculées et décourager les actes de violence.
Dans la région de Tombouctou, la MINUSMA a effectué en moyenne quatre vols de reconnaissance par semaine au-dessus de Ber, de Goundam et de Gourma-Rharous, afin de surveiller les mouvements des groupes armés et de rassurer la population.
Le 10 mars, la Mission a mis en place une opération aérienne et terrestre de 10 jours dans les régions de Mopti et de Tombouctou pour protéger les civils et prévenir le braconnage des éléphants par les groupes extrémistes et terroristes.
Le rapport fait également état de conflits intercommunautaires persistants dans les régions de Ménaka et de Tombouctou. Ainsi, les affrontements entre les communautés Ibogaletane et Daoussak, ainsi qu’entre les Daoussak et les Foulani, signalés depuis le 16 février dernier, dans la région de Ménaka, ont fait plus d’une vingtaine de morts et entraîné le déplacement d’environ 2 280 personnes.
Le 20 février, des membres de la communauté Daoussak ont attaqué un camp Ibogaletane, près d’Inékar, à 45 km à l’ouest de Ménaka.
Ce dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la situation de notre pays interpelle l’ensemble des acteurs impliqués dans le processus de paix au Mali, particulièrement la communauté internationale qui ne cesse de presser les autorités nationales quant à la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix.
Aujourd’hui, les responsabilités doivent être partagées pour avancer, puisque le rapport prouve à suffisance que le gouvernement, loin de faire le blocage, est l’acteur qui s’est le plus investi, malgré ses maigres moyens, à travers des décisions et actes courageux qui méritent d’être aussi reconnus.

Par Sidi Dao

 

Source: info-matin

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