Comme Abdel Fattah Al Sissi et Muhammadu Buhari avant lui, Uhuru Kenyatta va sortir de la berline noire qui le déposera au pied du perron de la Maison-Blanche où l’attendra Donald Trump. Le 27 août, sur invitation du 45e président des Etats-Unis, le président kényan sera le troisième chef d’Etat africain à être reçu à Washington.
«Business as usual»
«Le Kenya est un partenaire essentiel des États-Unis et le président Trump se réjouit de discuter des moyens d’élargir le partenariat stratégique fondé sur notre démocratie partagée, nos valeurs et intérêts mutuels», indique un communiqué rendu public ce 6 août 2018 par la Maison-Blanche. «Le président Trump et le président Kenyatta exploreront les moyens de renforcer les échanges et les investissements entre les deux pays, tout en renforçant la coopération en matière de sécurité», ajoute le texte. Au-delà du langage diplomatique, c’est d’abord le business qui motive cette invitation.
Depuis la dizaine d’accords commerciaux, d’une valeur de 100 millions de dollars, signés fin juin 2018 entre le Kenya et les Etats-Unis, les entreprises américaines creusent leur filon à Nairobi. Unity Homes dans le logement, Medtronic dans l’équipement médical ont décroché des projets tandis que l’Agence du commerce et du développement des États-Unis (USTDA), l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et le fonds World Business Capital financent dans l’électricité, le thé et les services financiers.
En quête d’investissements pour son ambitieux «Big Four», son plan pour l’accès universel à la santé, à l’emploi et à la sécurité alimentaire, Uhuru Kenyatta ne devrait pas repartir le suitcasevide. Avec l’embrouillamini avec le Rwanda sur le secteur du textile, Uhuru Kenyatta pourrait être le nouvel allié de substitution des Etats-Unis en Afrique de l’Est. Sans doute qu’au cours de cette visite, d’autres accords sont attendus dans le secteur manufacturier, le vivier de la création d’emplois promis par l’Administration Kenyatta.
La sécurité, la nouvelle carte des Etats-Unis
De 7e partenaire commercial du Kenya, les Etats-Unis qui tentent de bâtir une sphère d’influence en Afrique de l’Est veulent avant tout rattraper leur retard sur la Chine qui détient plus de 70% de la dette bilatérale du Kenya. Une lutte d’influence entre puissances commerciales pour laquelle la Chine semble avoir pris une avance considérable pour planter son drapeau dans la sous-région.
Pour contre-attaquer face à la puissance montante, Washington fait jouer une nouvelle fois la carte des relations sécuritaires. Ce sera un des axes du tête-à-tête Kenyatta-Trump. En amont de cette visite, le Kenya a commémoré le 20e anniversaire des attentats contre l’ambassade américaine en 1998. Engagé contre le groupe terroriste Al Shebab en Somalie, le Kenya a subi les attaques du centre commercial de Westgate en 2013 (67 morts) et de l’Université de Garissa (148 morts).
Malgré le renforcement sécuritaire, la menace Shebab n’a pas disparu. Aujourd’hui, plus que jamais, le Kenya a besoin d’un allié fort, notamment dans les renseignements, pour faire face. Avec le renforcement de leur présence militaire dans la région, c’est sans doute le point d’entente entre Uhuru Kenyatta et Donald Trump.
La Tribune Afrique