Le Bureau des droits de l’Homme de Tombouctou a conjointement organisé avec le Réseau régional des associations des victimes des évènements du Nord, un atelier sur les mécanismes de la justice transitionnelle les 20 et 21 janvier. Cette session a essentiellement porté sur le rôle des associations des victimes et la prise en charge des violences basées sur le genre.
Les participants, membres des associations de victimes des cercles de Gourma-Rharous, Niafunké, Goundam, Diré et Tombouctou ont pris part à cette rencontre qui s’est tenue à l’Institut de hautes études et recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou.
« La justice transitionnelle est un processus qui vous implique, et vous devez vous y impliquer pour contribuer à la réconciliation nationale et la reconstruction d’une paix durable dans notre pays », a déclaré en ouverture le représentant du maire de Tombouctou.
La justice transitionnelle désigne un ensemble de mécanismes judiciaires et non judiciaires, mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation. Son principe est de promouvoir la justice, la réparation des victimes et la commémoration des violations passées. Elle est basée sur quatre piliers : les poursuites pénales, la recherche de la vérité, les réparations et les réformes institutionnelles.
Durant ces deux journées d’échanges, les débats ont porté sur la protection des victimes et des témoins, ainsi que les difficultés d’accès à la justice pour les victimes. Il a également été constaté la non représentation des associations des victimes dans la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) ainsi que le manque de consultations des victimes dans la prise des décisions lors du processus de réconciliation mené à Alger.
Le coordinateur du Réseau régional des associations de victimes, Abdoulaye Touré, a expliqué qu’« après les graves violations des droits humains commises au Mali et la mise en place de la CVJR, cette initiative va permettre aux associations des victimes de se saisir de leurs responsabilités et de leur engagement pour que le processus de paix soit une réussite ».
Le Réseau régional des associations de victimes des évènements du Nord est une association de la société civile, née de la crise de 2012. Depuis lors, des violations des droits de l’Homme, les plus graves, ont été commises sur les populations dans la région de Tombouctou, notamment les femmes et les enfants. Les victimes se sont constituées de façon spontanée en association et en réseau pour une synergie d’action. La convention de mise en place de ce réseau a été signée par le gouverneur à Tombouctou, le 10 décembre 2014, date symbolique de la Journée Internationale de la Déclaration des droits de l’Homme.
A l’issue de l’atelier, les participants ont émis des recommandations parmi lesquelles la représentation des associations de victimes dans la CVJR, le renforcement des capacités du réseau régional des victimes, un meilleur accès des justiciables à la justice, de même qu’une plus grande célérité dans le traitement des dossiers, particulièrement ceux en rapport avec les violences sexuelles liées aux conflits, ainsi que la réintégration et la réinsertion socio-économique des victimes.
(Source : MINUSMA)