Pour ne pas sombrer dans la déstabilisation, le Burkina Faso doit prôner la réconciliation nationale
Afin d’éviter que le Faso ne sombre dans la crise sécuritaire et l’instabilité politique, le Président Kaboré et son équipe gouvernementale doivent prioritairement s’atteler à la réconciliation inclusive de tous les fils du pays. Cela est d’autant nécessaire que dans la crise sécuritaire et l’instabilité politique un pays ne peut se construire. Surtout qu’à partir des attentats terroristes en plein cœur de Ouagadougou visant l’Hôtel Splendid et le restaurent Cappuccino, il n’y a plus de raison de douter que l’épicentre des actions terroristes a atteint le Burkina Faso. Une certitude, lorsque l’on sait bien que depuis six mois ce pays, longtemps considéré comme un havre de paix, commençait à recevoir de nombreux coups de semonce. Lesquels se sont traduits par des attaques à répétition des postes de sécurité ou des petites agglomérations, le long de ses frontières avec le Mali et le Niger.
Des actes criminels qui auraient pourtant dû être des signaux d’alerte pour les autorités Burkinabè de l’imminence d’une plus forte action terroriste dans leur pays. Mais comme si une malédiction devait forcément frapper ce pays, les nouveaux dirigeants de la Transition ont manqué de doigté et de vigilance en s’attaquant inutilement à l’unité la mieux formée, organisée et équipée des forces armées et de sécurité, le Régiment Spécial Présidentiel (RSP). Lequel avait été malheureusement contraint, pour assurer sa survie, de devenir le maître d’œuvre d’un coup d’Etat qui ne résista pas à la pression de la rue et de la Communauté Internationale. Puisque ses commanditaires, après leur reddition, ont été mis aux arrêts et le régiment dissous.
Une faute gravissime qui est de toute évidence la principale cause de la crise sécuritaire que le pays est désormais en train de vivre. Car, n’en déplaisent aux tombeurs de l’ancien dictateur Blaise Compaoré, nombreux sont les experts militaires qui admettent que c’est le RSP qui possédait au sein de la grande muette burkinabè, la meilleure expertise militaire en matière de renseignement et d’intervention pour faire face aux actions terroristes. Le manque de promptitude des forces de sécurité Burkinabè après les évènements douloureux du 15 janvier a prouvé à suffisance que la Police et la Gendarmerie n’étaient pas prêtes pour répliquer à des attaques d’une grande envergure comme celles de la nuit du 15 janvier.
Ainsi depuis la chute du président Compaoré en fin 2014 et l’avènement de la Transition, le Burkina Faso est progressivement entré dans une zone de turbulence sécuritaire et politique. Une situation également favorisée par l’exclusion des partisans du pouvoir déchu de toutes les instances décisionnelles du pays. Le pouvoir transitionnel les ayant forcément réduits au silence le plus total et traités systématiquement comme des parias dans leur propre pays. Ce qui a même valu pour certains d’être exclus de la course aux postes électifs de député et de président à défaut, d’être arrêtés.
Les nouvelles autorités burkinabè, au lieu de laisser davantage pourrir la situation sécuritaire et politique de leur pays, doivent urgemment adopter sans complexe une véritable politique de réconciliation nationale inclusive. Ce qui pourrait ramener la confiance chez les exclus afin que chaque Burkinabè, quelle que soit sa tendance politique, puisse s’atteler au développement économique et social du pays.
D’ailleurs les résultats sortis des urnes des élections législatives et présidentielle, classant en tête les deux partis pilotés par d’anciens caciques du régime défunt et faisant du reste du parti de Blaise (le CDP) la troisième force politique du pays, ont bien mis en évidence que le peuple révolutionnaire est largement minoritaire au Faso. Le Président Kaboré doit donc tirer toutes les leçons de cette volonté populaire sortie des urnes pour asseoir sa légitimité. Ce qui lui donne désormais carte blanche pour ne plus être l’esclave de quelque tendance politique que ce soit pour n’agir que dans l’intérêt supérieur de la nation Burkinabè. Qu’il en soit ainsi vivement inspiré !
Gaoussou M. Traoré
Source : Le Challenger