Zéro palu est un horizon encore lointain dans nos pays où cette pathologie représente un fréquent motif de consultation dans les structures de santé. Elle a une importante charge de morbidité et de mortalité. Les femmes enceintes et les enfants paient un lourd tribut
À l’instar de la communauté internationale, notre pays célébrera la Journée africaine de lutte contre le paludisme, le 25 avril. Cette date est consacrée aussi à la Journée mondiale de lutte contre le même fléau sous le thème : «Zéro palu, tirer un trait sur le paludisme».
En prélude des activités, le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) a organisé, mercredi dernier dans un hôtel de la place, une conférence de presse sur la situation de la lutte épidémiologique de la maladie dans notre pays.
C’était en présence du représentant du ministère de la Santé et du Développement social, Markatié Dao, du chargé de paludisme au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Dr Boubacar Sidibé et du directeur général du PNLP, Dr Idrissa Cissé.
On notait aussi la participation de Dr Issaka Sagara, chercheur au Malaria Research and training center (MRTC), le Centre de recherche et de formation sur le paludisme du prestigieux parasitologue, feu Pr Ogobara Doumbo.
Dans son exposé liminaire, le patron du PNLP a expliqué que pendant ces deux dernières années, le paludisme a un peu freiné dans son évolution vers l’élimination, d’où le thème de cette année qui vise à attirer l’attention sur la nécessité d’accroître encore les efforts de lutte contre cette maladie tropicale. Et d’expliquer que la croisade contre le phénomène intègre les priorités gouvernementales.
Dr Idrissa Cissé a aussi attesté l’engagement des autorités dans la lutte contre le paludisme. Ce qui justifie, selon lui, l’adhésion de notre pays à plusieurs initiatives internationales telles que la couverture universelle aux interventions de lutte contre le paludisme suite à l’appel du secrétaire général des Nations unies en 2008 et l’Initiative Roll back Malaria.
Le directeur du PNLP a également peint le tableau épidémiologique du paludisme dans notre pays. L’Enquête démographique et de santé (EDS-M VI) de 2018 indique que la prévalence du paludisme au Mali est de 19% au niveau national et varie dans les Régions.
La prévalence est de 1% à Bamako tandis que Sikasso enregistre la plus grande prévalence, soit 30%. Et le conférencier de relever que selon le Système local d’information sanitaire (SLIS 2020), le paludisme est la première cause de morbidité (34%) et de mortalité (22%) dans notre pays. Au cours de la même année, notre pays a enregistré 2.666.266 cas confirmés de paludisme, 843.961 cas graves et 1.708 décès dont une létalité hospitalière de 2%.
Dr Cissé a également souligné que les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes sont les couches les plus affectées à l’échelle nationale par cette endémie majeure. Il a aussi rappelé que la stratégie de lutte contre le paludisme dans notre pays est axée sur la prévention, la prise en charge des cas, la gestion des épidémies, l’accès aux intrants de lutte contre le paludisme et les stratégies de soutien.
Les actions accomplies dans ce sens portent notamment sur la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide (Mild), la pulvérisation intra domiciliaire, la gratuité de la sulfadoxine pyriméthamine (SP) pour la prévention du paludisme chez les femmes enceintes et le pré-positionnement des médicaments et des autres intrants au niveau des districts sanitaires. S’y ajoute la gratuité universelle du Mild pour toute la population chaque trois ans.
Dr Idrissa Cissé a aussi reconnu que de nombreux défis restent à relever. Il s’agit, entre autres, de la mobilisation des ressources financières internes, de la disponibilité permanente des intrants à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Quant aux perspectives, il a estimé que le PNLP développera des stratégies innovantes de mobilisation des ressources financières internes en faveur de la lutte contre le paludisme et renforcera l’organisation de l’offre et de l’utilisation des services.
Le chargé de paludisme à l’OMS, autre conférencier, a précisé que l’organisation onusienne a déploré 384.000 décès évitables liés au fléau dans la Région africaine de l’OMS l’année dernière. Or en 2019, cette Région africaine concentrait 94% des 229 millions de cas et des 409.000 décès imputables à la maladie dans le monde. Dr Boubacar Sidibé a relevé que l’augmentation de la résistance des vecteurs aux insecticides dans la Région et la résistance des parasites du paludisme à certains médicaments sont de nouveaux défis qui se profilent à l’horizon.
Il s’est réjoui des résultats qui émergent du déploiement à titre expérimental du vaccin antipaludique RTS,S. Pour lui, ce vaccin est un outil prometteur supplémentaire dans la prévention du fléau. Et de souligner que des mesures urgentes doivent être prises pour se rapprocher des objectifs mondiaux de réduction de 90% du nombre de cas et de décès dus au paludisme d’ici l’horizon 2030.
Mohamed D. DIAWARA
Source : L’ESSOR