Les étudiants de la promotion 2011-2017 de l’Institut des hautes études en management (Ihem) sont désormais sur le marché du travail. En effet, après 5 ans de dur labeur, ils ont reçu leur parchemin, le samedi 16 septembre 2017, au cours d’une cérémonie à l’hôtel Radisson. C’était en présence des ministres de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ; du Travail et de la Fonction publique ; du Commerce ; de la Sécurité et d’autres personnalités et des parents des étudiants terminalistes. Cette cérémonie a été marquée par des interventions, la remise des diplômes aux récipiendaires et des prix à des personnalités qui se sont distinguées dans la formation et la création d’emplois.
Des diplômés sur le marché du travail
Au cours de la cérémonie, plus d’une cinquantaine d’étudiants en MBA pour cadres et en licence ont reçu leur diplôme des mains des personnalités présentes à la cérémonie. Auparavant, le coordinateur général de l’Ihem, Maha Sanogo, a tenu à féliciter les étudiants, surtout ceux qui étaient en MBA pour cadres, pour leur persévérance. D’une durée normale de 2 ans, les étudiants en MBA ont passé 5 ans avant de terminer leurs études. Et cela, à cause de difficultés dont le coup d’Etat de Sanogo en 2012 et des attaques des terroristes au Nord du pays qui ont perturbé significativement les cours. Toutes ces difficultés ont fait suspendre les cours car les partenaires canadiens qui craignaient pour leur sécurité n’ont pas voulu venir au Mali durant ces périodes. Ce qui fera perdre à l’établissement plus de 300 dollars. Malgré ces obstacles, les étudiants ont tenu contre vents et marées.
Le samedi 16 septembre 2017 était un jour spécial pour ces étudiants en MBA qui ont reçu des professeurs compétents une formation adaptée aux besoins du monde du travail. Et un fait rarissime : quatre femmes sont premières de la promotion 2016 de la licence et une autre est première du MBA. La major de la licence en gestion des collectivités territoriales, Yassa Traoré, était la plus heureuse. Elle aura même droit à une photo de famille avec les ministres présents. Le prix d’excellence a été enlevé par Fatoumata Traoré.
Abdallah Coulibaly de saluer cette promotion féminine qui, à ses dires, est un message fort à l’endroit des Maliens. « C’est un message fort pourquoi ? Parce que tous les pays qui se sont développés dans le monde ont valorisé la femme. Quand la femme n’est pas valorisée dans un pays, ce pays n’avancera pas. Ce n’est pas de la démagogie. Il est temps de mettre nos femmes en valeur. En plus des femmes, nous devons respecter les autorités de nos pays. Malheureusement, au Mali, les autorités ne sont pas respectées. Dans un pays bien gouverné, le fils reste le fils, le père reste le père, le sujet reste le sujet, le souverain reste un souverain. Mais au Mali, tout le monde est souverain, tout le monde est autorité. Cela est une méconnaissance de soi. Une des difficultés du Mali, c’est que tout le monde est connaisseur de tout. Et ce pays ne peut pas avancer. Chacun doit occuper sa place », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’il ne cherchera jamais à être une autorité ou un politicien au Mali. « Ce qui me permet d’être à l’aise. Il est important que chacun occupe sa place. Aujourd’hui, il y a autant de projets que de Maliens. Où est ce qu’on va ? On n’ira nulle part. Donc, il est important de respecter les autorités, tout comme les autorités doivent respecter la population. Si un chef de famille se respecte, il sera respecté par les membres de sa famille », s’est-il adressé aux ministres présents avant de les remercier pour leur présence à la cérémonie.
Mohamed Touré, le porte-parole des récipiendaires, de dire que ce jour de remise des diplômes est un jour de grande fierté, un jour symbolique qui sera gravé dans les mémoires des étudiants. « Ce jour est un aboutissement des efforts et de travail d’équipe. C’est notre courage et notre abnégation qui ont eu raison des difficultés qui ont jalonné notre parcours à l’Ihem. Avec les programmes de formation, nous sommes suffisamment outillés pour prendre des décisions dans un monde d’incertitude et dans l’Administration. Les cours de MBA pour cadres permettent d’acquérir le savoir et le savoir-faire et des valeurs qui reflètent la nation malienne », a-t-il déclaré avant d’ajouter que le MBA pour cadres est un programme consistant, d’une importance capitale et incontestable. « Chers collègues, nous pouvons être fiers de nos diplômes et de la formation reçus qui donnent désormais des atouts importants pour notre vie professionnelle. Nous remercions l’Ihem pour nous avoir donné cette opportunité de formation, nous remercions l’Université de Québec à Montréal », a-t-il dit, avant de remercier les professeurs pour leur rigueur et leur accompagnement.
Les vérités d’Abdallah Coulibaly : « Un pays dans lequel on achète les diplômes n’a pas de raison d’exister »
Présidé d’une main de fer par Abdallah Coulibaly dont le sérieux et la rigueur sont reconnus, l’Institut des hautes études en management est une école d’excellence de renommée internationale. Fier de ses étudiants, Abdallah Coulibaly a salué les professeurs qui ont été rigoureux avec les étudiants. Et la cérémonie a été une occasion pour Abdallah Coulibaly, le promoteur de l’Ihem, de saluer ses professeurs canadiens pour leur rigueur et asséner ses vérités.
«Nos professeurs viennent du Canada pour enseigner. Ils s’en fichent de la salutation de quelqu’un. Si l’étudiant est bon, il est bon. A l’hem, c’est le mérite. Ayons la culture de mérité. C’est l’occasion de saluer les professeurs. Parce que si on veut avancer dans la vie, il nous faut être rigoureux avec nous-mêmes. Tous les pays dans lesquels on agit avec légèreté sont toujours en bas. La légèreté ne mène nulle part. On ne peut pas arriver avec la légèreté. Je connais les exigences des professeurs canadiens de l’Ihem. Je savais que les étudiants allaient traverser ces exigences. Cette cérémonie me donne l’occasion de parler aux parents des étudiants. Il faut que les parents me comprennent. Un pays dans lequel on achète les diplômes n’a pas de raison d’exister. Acheter un diplôme est criminel. Laisser les enfants dans la facilité en achetant les diplômes pour eux, en achetant des professeurs pour donner des notes aux enfants est criminel. A l’Ihem, nous avons mis des caméras pour éviter les fraudes et les laxismes et instaurer la rigueur. De Paris, je peux suivre tous les mouvements dans les classes et dans la cour de l’Institut. Car, il faut que les choses changent au Mali. Méritons les diplômes, les diplômes doivent être mérités », a-t-il martelé.
Il va corroborer ses dires par la projection d’un film sur la corruption d’un professeur dans une faculté de médecine, lequel sera victime de son laxisme. En effet, ayant permis à un étudiant en médecine mal formé d’obtenir son diplôme de chirurgien par des achats de notes, ce dernier tuera sa femme au cours d’une opération. « Cet exemple est un message pour chacun de nous. Et il se passe ici au Mali dans des choses simples comme la conduite des véhicules. Ici au Mali, on délivre des permis de conduire à des gens qui n’ont pas appris à conduire. C’est pour tuer. Celui qui donne le permis est un criminel. On contribue comme ça au dépérissement de la société. Et nous sommes tous responsables. Nous devons changer d’attitude. Et c’est possible. Si nous voulons aller loin, il faut que nous soyons exigeants avec nous-mêmes car nous n’aurons rien dans la facilité. Il est important que nous éduquions nos enfants dans le sens de la bonne conduite, de la persévérance, de la patience, du dynamisme, de la détermination, du leadership. Il faut responsabiliser les enfants, les mettre à l’aise pour qu’ils puissent échanger avec les parents. Il est temps maintenant que les Maliens se donnent la main. Car la division n’aboutit à rien », a-t-il conseillé, avant d’ajouter que tout est dans le leadership. « Tout ce qu’on fait dépend des leaders. La clé de tout ce que nous faisons dépend du leadership des dirigeants qui doivent être des torches, des phares pour éclairer les chemins à emprunter par la société. Il ne suffit pas de bien étudier. Il est essentiel d’avoir du leadership », a-t-il enseigné, avant de souhaiter la sérénité au Mali.
Ihem : une école de rigueur
Au cours de la cérémonie, Abdallah Coulibaly n’a cessé de parler de la rigueur dans son établissement. Il a même fait des confidences sur un cadre supérieur malien qui a échoué, parce qu’il espérait sur l’indulgence à l’Ihem. « Il disait que je ne saluais pas. Je m’en fichais de le saluer. Je n’avais pas besoin de le saluer. A l’Ihem, si tu es bon, tu es bon. Le problème à l’Ihem, c’est de mériter. Je ne tiens pas compte des parentés. Il s’agit de mériter. Ayons la culture du mérite dans tout ce qu’on fait », a-t-il préconisé.
Mme Diarra Raky Talla distinguée
La cérémonie a été mise à profit pour distinguer la ministre du Travail et de la Fonction publique, Chargée des relations avec les institutions, Mme Diarra Raky Talla, pour ses efforts dans la formation des ressources humaines d’Etat au programme MBA. Très émue par cet honneur, la ministre a laissé entendre que ce prix est une très grande surprise car, a-t-elle dit, « je gère un département ingrat. Mais le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a fait de son challenge l’amélioration des conditions de travail des ressources humaines en termes de qualité pour la modernisation de l’Administration. Car, aucune réforme ne réussira sans une ressource humaine de qualité. Le prix est une surprise parce que l’Etat a pris ses responsabilités en fonction des écoles dont l’Ihem qui est une école d’excellence qui forme les ressources humaines de qualité. Nous comptons sur l’Ihem pour que le secteur public évolue avec son temps », a-t-elle déclaré.
Albachar du Fafpa aussi
Le directeur général du Fonds d’appui à la formation professionnelle et à l’apprentissage (Fafpa), Mohamed Albachar Touré, a été la deuxième personnalité à recevoir une distinction. Aux dires d’Abdallah Coulibaly, Albachar Touré a beaucoup contribué à la formation des ressources humaines. « Donc, à ce titre, il faut un plaidoyer pour le Fafpa. Et le prix est pour encourager son directeur, Mohamed Albachar Touré, qui fait beaucoup pour la formation des travailleurs. Ce prix lui est décerné pour l’encourager et pour que ce qu’il fait dans l’ombre soit connu du public », a précisé Abdallah. Très ému, Mohamed Albachar n’a pas pu trouver de mots pour remercier l’Ihem et son responsable. Il dira que le Fafpa continuera à jouer son rôle de formation.
Siaka DOUMBIA
Aujourd’hui-Mali