Se voulant être la sentinelle des intérêts des populations du Nord-Mali, l’association «Gaolabo» estime que la mise en place des autorités n’est nullement une priorité pour le retour de la paix dans notre pays.
A la faveur d’une conférence de presse qu’elle a animée samedi dernier, l’Association Gao Lama Borey (en abrégé Gaolabo) a livré sa lecture du processus de mise œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Un document dont la négociation, la signature et la mise en œuvre sont loin d’être inclusives, selon Gaolabo. En témoigne le boucan auquel donne lieu la tentative de mise en place des autorités intérimaires. Or, s’il est vrai que lesdites autorités résultent de l’Accord, «il est ahurissant de constater que les autorités maliennes, sous le feu insistant de leurs ‘’partenaires au processus de paix et de réconciliation nationale’’ veuillent mettre en priorité et systématiser les ‘’autorités intérimaires’’ avec tant de précipitation et d’intimidation frisant le chantage au détriment du peuple malien…», a regretté Ibrahim Ikassa Maïga, une personne ressource. Pour lui, en modifiant le Code des collectivités pour y insérer les autorités intérimaires en lieu et place des délégations spéciales, les autorités maliennes ont voulu simplement satisfaire les désidératas des groupes armés. Face à ce qu’il appelle les atermoiements dans la mise en œuvre de l’Accord, l’association Gaolabo, par la voie d’Ibrahim Ikassa, se pose un certain nombre de questions: «pourquoi mettre en stand-by la mise en œuvre de l’accord dit d’Alger au profit d’aspects purement secondaires, notamment la mise en place des autorités intérimaires ? Pourquoi signe-t-on subrepticement une ‘’Entente’’ pour installer des autorités intérimaires seulement dans les régions dites du Nord, objet de velléités territorialistes encore vivaces, sans aucune logique relativement à l’insécurité, au fonctionnement ou non d’organes élus et de services administratifs ? Pourquoi les lois de la République, dans le cadre d’un ordonnancement juridique clair, sont mises en berne pour donner une suprématie à un acte dit Entente ne contenant qu’une somme d’engagements pris par le gouvernement malien ?». A la lumière de ces interrogations, l’Association dit rejeter l’installation des autorités intérimaires et réserve la mise en œuvre de l’Accord à une association inclusive des communautés à la base à l’occasion d’une conférence d’entente nationale. «Nous estimons que l’Etat a échoué à faire revenir la paix, la classe politique et la société civile ont échoué à jouer leur partition, les ressortissants de Gao ont échoué à s’entendre», a dénoncé Ibrahim Ikassa Maïga, convaincu que ce qui se joue désormais ressemble bien à la partition du Mali.
L’autre personne ressource, Abdel Kader Maïga, a souligné la responsabilité de la communauté internationale dans la crise malienne, tout en soulignant la nécessité que l’Etat se redéploye dans le Nord à travers les services sociaux de base.
Cette conférence de presse à laquelle a participé Touré Adijatou Haïdara au nom de la diaspora malienne de France visait à présenter l’Association Gaolabo. Celle-ci, dirigée par Imirana Salihou, a été créée en juillet 2016. Elle est fondée sur l’idée du développement des régions du Nord-Mali, la défense des intérêts des ressortissants de cette partie du pays, l’union, la solidarité et l’entraide entre ses membres.
Bakary SOGODOGO
Source : Le Malien